2. L'enjeu de l'innovation : diversité des services et avancées technologiques

En termes d'innovation, deux grandes directions, au demeurant complémentaires, peuvent être envisagées. D'une part, les innovations technologiques touchant au service lui-même, qui permettent de rendre, à moindres coûts, des services existants. D'autre part, les innovations tendant à proposer des services radicalement nouveaux.

Pour ces derniers, on rappellera que la dynamique des services à la personne voulue par le plan Borloo repose largement sur la survenance de services nouveaux (cf. supra ), à un terme relativement rapide.

Les concepts d'économie quaternaire et de société du « care » peuvent ici orienter les représentations ( supra ).

La création de services nouveaux agit sur la demande , en la stimulant . Les innovations concernant les services préexistants agissent également sur la demande , mais plutôt en la solvabilisant .

Concernant ces derniers services, que l'on songe à l'assistance à domicile ou aux travaux ménagers, certaines trajectoires technologiques , qui se trouveraient nécessaires à la viabilisation économique d'une diffusion à grande échelle , peuvent être ainsi explorées.

A moyen terme , les innovations dont la diffusion est prévisible concernent essentiellement les services rendus aux personnes fragiles , particulièrement aux personnes dépendantes à domicile.

Les innovations attendues devraient ici permettre le maintien à domicile à moindre coût, dans les situations où, aujourd'hui, une présence physique, permanente ou très fréquente, est requise .

Il semble que les principales pistes d'apport technologique d'aide aux personnes fragiles soient les interfaces de communication , l' assistance à la mobilité , comme l'assistance mécanique pour se mettre debout ou les caddies motorisés) et le « monitoring » des activités quotidiennes .

LE « MONITORING » DES ACTIVITÉS QUOTIDIENNES :
UNE TECHNOLOGIE DÉJÀ AVANCÉE

Il s'agit de systèmes cognitifs pour la reconnaissance d'activité, dont l'objectif est de veiller sur la sécurité et la santé des personnes âgées, dans la cadre d'un maintien à domicile.

Les appartements sont ainsi truffés de capteurs permettant de connaître le lieu (caméra), la posture (capteurs sur les sièges...) et l'action (capteurs à l'ouverture des tiroirs ou placards...). Un « fusion multicapteurs » permet de savoir précisément ce que fait la personne chez elle, et d'en donner une représentation au moyen d'une image synthétique (un avatar figure la personne) préservant son intimité.

Dans un premier temps, ses habitudes de vie peuvent être ainsi identifiées, tandis qu'est précisé le niveau de dépendance de la personne, que les actuelles consultations médicales sont inaptes à évaluer avec une précision satisfaisante. Par la suite, toute anomalie de comportement (répétition de la même action, chute brutale
- accident - ou lente - malaise -) signalant un problème de santé, peut alors donner lieu à une alarme.

De telles installations seraient peu coûteuses, mais l'identification pertinente des changements de comportement demeure encore un défi technologique.

Deux facteurs paraissent primordiaux pour permettre la diffusion de ce type de technologie : d'une part, l'implication des personnes et des soignants avec les chercheurs et les industriels et, d'autre part, la possibilité pour les personnes de contrôler les systèmes, afin de les rendre aussi peu « intrusifs » que possible.

Naturellement, la présence humaine demeurera irremplaçable et, en aucun cas, des « robots » ne sauraient lui être substitués, particulièrement, semble-t-il, dans les pays latins 105 ( * ) . En revanche, cette présence pourra probablement être espacée.

LE DÉVELOPPEMENT DE LA ROBOTIQUE HUMANOÏDE AU JAPON

Le Japon s'intéresse depuis plusieurs années au développement de la robotique humanoïde et de service, mais, malgré une part non négligeable du financement de la recherche assurée par l'Etat (20 %), celle-ci reste encore au stade expérimental du fait notamment des solutions préalables à trouver en matière de sécurité.

Les autorités ne s'attendent pas à une généralisation de la robotique de service avant 2015. Certaines entreprises ont toutefois déjà débuté la commercialisation de leurs produits :

- Cyberdyne propose la location, pour un coût unitaire d'environ 2 000 euros, de 500 combinaisons robotiques HAL (HybridAssistive Limb) qui aident le personnel à porter les patients ;

- Japan Logic Machine Co. entend perfectionner Regina, son modèle actuel de robot-assistant, afin qu'il puisse soulever des patients jusqu'a 200 kg (contre 80 aujourd'hui). Sa commercialisation devrait débuter d'ici fin 2010. La société espère vendre 100 unités à un prix d'environ 55 000 euros l'unité.

Source : réponses des ambassades

Ce n'est qu' à plus long terme qu'il serait envisageable de confier à des robots l'exécution de tâches ménagères . En effet, compte tenu des immenses difficultés techniques que représentent la préhension et le travail dans un univers qui n'est pas standardisé, rien n'est à attendre avant le long terme sauf pour quelques catégories de tâches (on songera au développement récent d'une offre avant-gardiste d'aspirateurs autonomes « intelligents »).


* 105 Les Japonais on une approche plus positive des robots pour des raisons sociologiques - ils sont habitués à la solitude, au contraire, par exemple, des Italiens pour lesquels la famille et le groupe sont omniprésents, et qui ont une justement une très faible tolérance aux robots - et de culture technique, dans laquelle les Japonais baignent dès l'enfance.

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