1ÈRE PARTIE : ÉVALUER LA CATASTROPHE

La tempête Xynthia a résulté d'une conjonction d'évènements climatiques d'une rare violence (I). Son bilan est dramatique et inacceptable, en dépit d'une mobilisation remarquable des secours (II). Comme votre mission l'a exposé dans son rapport d'étape, ses conséquences ont été accentuées par de graves défaillances dans l'anticipation du risque de submersion marine (III).

I. UN PHÉNOMÈNE MÉTÉOROLOGIQUE EXCEPTIONNEL

La tempête Xynthia a traversé la France entre 0 h 00 et 17 h 00 le samedi 28 février 2010 , selon un axe en « banane » 3 ( * ) passant de la Charente-Maritime aux Ardennes, après avoir affecté les sommets de certaines vallées des Pyrénées dans l'après-midi du 27.

L'Espagne, la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne et, dans une moindre mesure, le Royaume Uni, la Scandinavie et les pays bordant la mer Baltique, ont également été touchés.

TRAJECTOIRE DU CENTRE DE LA DÉPRESSION ET CARTE DES RAFALES MAXIMALES MESURÉES

Source : Météo France

Son creusement a été considéré comme classique pour une dépression hivernale et moins rapide que celui des tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999 et Klaus de janvier 2009. Xynthia n'a, par conséquent, pas été qualifiée de « tempête explosive » .

En revanche, et comme l'ont expliqué à la mission d'information les responsables de Météo-France, son caractère exceptionnel est dû à la concomitance de trois phénomènes naturels dont le risque qu'ils surviennent en même temps était extrêmement faible. Et cette conjonction de facteurs défavorables s'est produite sur un littoral grandement fragilisé par des phénomènes naturels autant que par la main de l'homme.

A. LA CONJONCTION EXCEPTIONNELLE DE TROIS PHÉNOMÈNES NATURELS

Si chacun des trois phénomènes naturels ayant contribué à l'ampleur des dégâts de la tempête Xynthia n'a, individuellement, aucun caractère de rareté, la conjonction de l'ensemble d'entre eux s'avère exceptionnelle.

1. Une surcote produite par la tempête

Une surcote correspond à la différence entre la marée astronomique anticipée et les hauteurs d'eau observées . Dans le cas de la tempête Xynthia, la surcote produite par la tempête elle-même a résulté d'une élévation des eaux marines sous l'effet des basses pressions atmosphériques et des vents violents sud/sud-ouest créant des vagues au large et poussant ces masses d'eau vers la terre.

L'analyse des enregistrements des marégraphes du service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) confirme que la hauteur d'eau résultante a dépassé les niveaux statistiques de retour centennal sur le littoral de Vendée et de Charente Maritime, atteignant la cote de 4,506 mètres NGF .

Le caractère statistiquement exceptionnel d'une hauteur d'eau est en effet apprécié par sa « période de retour ». Un niveau extrême de « période de retour » centennale correspond à un niveau dont la probabilité d'occurrence est d'une fois par siècle. L'analyse montre que la hauteur d'eau a atteint des niveaux extrêmes de période de retour supérieure à dix ans sur la façade atlantique, au moins de Concarneau à La Rochelle, et des niveaux particulièrement exceptionnels sur les sites de La Rochelle, des Sables d'Olonne et du Crouesty, où la période de retour est plus que centennale.


* 3 La trajectoire et la chronologie de la tempête sont relativement rares en ce que celle-ci s'est formée en plein coeur de l'Atlantique, près du tropique du cancer, au large des côtes du Maroc, à une latitude anormalement basse, pour remonter vers le sud-ouest, puis le nord-ouest de l'Europe en quelques heures seulement.

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