H. INTERVENTION DE M. GJORGJE IVANOV, PRÉSIDENT DE L' « EX-RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE »

Invité à intervenir alors que son pays accède à la présidence du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, M. Gjorgje Ivanov a tenu a souligner l'adéquation de son pays aux valeurs défendues par l'Organisation. Définissant la démocratie macédonienne comme un modèle d'intégration sans assimilation, il a estimé qu'en son pays coexistaient pacifiquement communautés ethniques et religieuses. Ce modèle ne saurait toutefois perdurer s'il ne s'intégrait à un espace ouvert comme l'est le continent européen et plus particulièrement l'Union européenne. M. Ivanov a, d'ailleurs, rappelé l'engagement de son pays en faveur d'une intégration rapide au sein de l'Union.

La crise actuelle augmente un peu plus un réel besoin d'Europe, synonyme de solidarité et de coopération. La réponse à la crise ne peut en effet passer par un repli sur soi de la part des Etats. L' « ex-République yougoslave de Macédoine » entend profiter de sa présidence pour renforcer la coopération entre les Etats membres. Le renforcement de la protection des droits de l'Homme fait, à cet égard, figure de priorité. Dans le droit fil de la conférence d'Interlaeken, elle entend consolider le rôle de la Cour et celui du groupe d'Etats contre la corruption (GRECO). Une acception sociale des droits de l'Homme sera également privilégiée.

Valorisant l'acquis macédonien en la matière, M. Ivanov estime que la seconde priorité de son mandat à la tête du Conseil doit être de garantir l'intégration des minorités nationales dans les sociétés européennes. La décentralisation constitue, à cet égard, une des conditions sine qua non pour remplir cet objectif. Les législations nationales doivent également favoriser la diversité linguistique et culturelle. De telles avancées normatives doivent tempérer les tentations sécessionnistes, le président macédonien rappelant, au cours de ses échanges avec l'hémicycle, que les 5 000 groupes ethniques recensés sur l'ensemble de la planète ne pouvaient donner naissance à autant d'Etats.

La mise en avant de la jeunesse fait également figure d'objectif pour la présidence macédonienne. M. Ivanov a insisté sur le prochain lancement du processus d'Ohrid qui vise à permettre des échanges de vues entre les jeunes du Sud-Est de l'Europe et, par-delà, à les faire participer au renouvellement du modèle démocratique européen.

Au cours des échanges avec l'hémicycle, M. Ivanov a pu donner sa vision des Balkans d'ici dix ans, insistant sur la nécessité de voir se consolider la pax europeana , unifiant les pays de la région autour des valeurs démocratiques. Il s'est à cet égard montré optimiste quant à la résolution de la querelle du nom avec le voisin grec, estimant que la communication entre les deux pays existait et devrait déboucher sur une solution acceptable pour les deux parties. La terminologie actuelle ne peut néanmoins, selon lui, être que temporaire. L'interdiction de l'usage du nom Macédoine lui paraît en effet contraire au droit des peuples à l'autodétermination et susceptible en conséquence d'être contestée par la Cour européenne des droits de l'Homme.

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