D. INTERDICTION DE LA COMMERCIALISATION ET DE L'UTILISATION DU DISPOSITIF ANTI-JEUNES « MOSQUITO »

Le « Mosquito » est le nom commercial attribué au dispositif sonore anti-jeunes commercialisé en Allemagne, en Belgique, en France, en Irlande, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suisse. Cet appareil émet un signal sonore principalement audible par les jeunes de moins de 20 ans et difficilement perceptible par les personnes âgées de plus de 25 ans. L'effet recherché est d'éloigner les adolescents des abords des centres commerciaux et autres lieux de réunion, les utilisateurs du Mosquito craignant des actes de délinquance.

La commercialisation de ce dispositif pose, aux yeux de la commission de la culture, de la science et de l'éducation, un double problème. Une réflexion doit en effet être menée sur les effets de cet outil de dissuasion en matière de santé publique. Parallèlement, l'utilisation de ce dispositif peut constituer une atteinte au droit au respect de la vie privée, mais également une réelle entorse au principe intangible de non-discrimination.

La recommandation adoptée par l'Assemblée invite les Etats membres à interdire la commercialisation de ce type de dispositif ou d'obliger les propriétaires de ce type d'appareil acoustique à signaler clairement sa présence.

E. COMBATTRE LES STÉRÉOTYPES SEXISTES DANS LES MÉDIAS

La commission sur l'égalité des chances pour les femmes et les hommes considère que l'image de la femme dans les médias reste cantonnée à celle de mère ou d'objet sexuel, vision réductrice au regard de l'évolution de la condition féminine depuis des années. Ce faisant, les médias perpétuent une perception archaïque et légitiment implicitement sexisme ordinaire et pratique discriminatoire.

Les médias ont pourtant une responsabilité particulière en vue de promouvoir une image moderne de la condition féminine, comme l'a souligné dès 1984 la recommandation du Comité des ministres relative à l'égalité entre les femmes et les hommes dans les médias, adressée aux Etats.

La résolution adoptée par l'Assemblée insiste sur la mise en place au sein des autorités de régulation des médias de dispositifs destinés à garantir le respect de la dignité humaine et promouvoir, au-delà de la diversité, l'égalité entre les hommes et les femmes.

Mme Christine Marin (Nord - UMP) a, à cet égard, souligné la nécessité pour les Parlements nationaux de légiférer face aux excès constatés :

« L'excellent rapport de Mme Stump met en évidence une question fondamentale qui ne reçoit pas, à mon avis, le traitement qu'elle devrait recevoir, compte tenu de son importance. En outre, le fait que ce débat ait lieu le vendredi matin en dit long, à mon sens, sur la considération que nous y accordons.

Tous les discours sur l'égalité hommes-femmes, sur la place des femmes dans la société et sur l'éducation des filles me semblent être des paroles vaines, qui se dispersent au vent, tant que les médias continuent de donner une représentation sexiste des femmes.

Le discours des médias, aujourd'hui, sur les femmes, est double : d'un côté, l'égalité, la femme au travail ; de l'autre, une vision uniquement fondée sur le physique et l'apparence ; d'un côté, la mise en évidence des capacités des femmes ; de l'autre, une image uniquement sexuée.

La représentation des femmes dans les médias se retrouve tant dans les séries télévisées, qui promeuvent des stéréotypes sur les femmes, que dans les publicités des journaux, qui présentent des femmes à moitié dénudées, dans des poses suggestives. Plus grave eu égard à l'impact des médias sur l'opinion publique, continuer à diffuser, à heure de grande écoute, des représentations sexistes des femmes revient à annuler toute forme d'éducation à l'égalité des sexes.

Outre le fait que la domination masculine continue à se perpétuer à travers le langage, la violence des images et des représentations des femmes, réduites soit à leurs tâches domestiques soit à leur fonction reproductive, ne peut que difficilement inciter celles-ci à une plus grande participation à la vie publique.

Et, lorsque les femmes accèdent à des fonctions importantes, la seule attitude des médias n'est-elle pas de se pencher soit sur leurs tenues vestimentaires, soit sur leurs mensurations ? La première ministre finlandaise récemment élue en a fait les frais, comme vient de le rappeler M. Kaikkonen. Ainsi, l'ancienne candidate française à la présidence de la République a été interrogée à plusieurs reprises sur ses compétences pendant la campagne, alors que rien dans son parcours académique ne pouvait a priori la disqualifier.

Lorsque la femme est représentée comme un objet sexuel, une poupée Barbie, comment s'étonner qu'elle ne soit pas l'objet de violences ? Considère-t-on sérieusement une poupée autrement que comme un sextoy ? Une poupée, ce n'est pas un être humain, mais une image de papier glacé que l'on peut froisser à volonté, pour reprendre le thème d'une affiche qui nous est familière en ces murs.

Rien n'est plus difficile que de lutter contre les préjugés : ils sont enracinés dans les représentations mentales. N'oublions pas que l'égalité des femmes est récente. C'est parce que le sujet est grave et d'importance que je partage les conclusions du rapport quant à la nécessité de légiférer sur cette question. La liberté d'expression, expressément protégée par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme, ne doit pas pour autant permettre de justifier les représentations désobligeantes pour les femmes.

Comme le rappelle le rapport, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), en France, s'est déjà prononcé pour censurer des représentations injurieuses à l'égard des femmes. Ce n'est cependant pas suffisant. Ce qui importe, c'est réellement d'interdire toute représentation des femmes qui pourrait être perçue comme une forme de discrimination. À l'instar de la législation ayant pour objet de lutter contre les discriminations, un délit pour diffusion d'images sexistes et contraires à la dignité des femmes dans les médias pourrait voir le jour.

La bataille de l'image a commencé : elle devrait se continuer par des voies légales qui permettent réellement de lutter contre les stéréotypes. »

La définition de codes de bonne conduite, l'instauration de quotas et le développement de structures de suivi sont également des pistes de réflexion.

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