2. En France depuis le début des années 90
a) 16,9 % d'adultes obèses et 34,2 % en surpoids

Jusqu'au début des années 90, la France a paru relativement épargnée par l'épidémie d'obésité comparativement à des pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, dans lesquels la prévalence de l'obésité a commencé à augmenter rapidement entre la fin des années 70 et le début des années 80.

Néanmoins, l'enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l'obésité réalisée régulièrement depuis 1997 grâce au soutien de l'entreprise pharmaceutique Roche (enquête OBEPI) montre que la prévalence de l'obésité chez les adultes augmente de 5,9 % par an en France.

En 2006, l'enquête nationale nutrition santé réalisée à partir de 3115 adultes et 1675 enfants sur 2006/2007 a révélé que la prévalence de l'obésité s'élevait à 16,1 % pour les hommes et 17,6 % pour les femmes. Par ailleurs, 41 % des hommes et 23,8 % des femmes sont en surpoids.

Si la prévalence de l'obésité est légèrement plus forte chez les femmes que chez les hommes, cette différence est encore plus marquée en ce qui concerne l'obésité massive.

Ainsi, entre 1997 et 2010, l'obésité massive des femmes au-delà de 40 ans est passée de 0,5 % à 1,6 % (contre 0,2 à 0,6 % pour les hommes).

Au total, 57,2 % des hommes et 41,4 % de femmes sont soit obèses soit en surpoids.

Cette évolution est inquiétante non seulement parce que de plus en plus d'adultes deviennent obèses, mais également parce qu'ils le sont de plus en plus jeunes et que l'obésité touche également les enfants.

b) Le développement à long terme de l'obésité chez les enfants

En France, la prévalence du surpoids des enfants de 5 à 12 ans a été multipliée par 4 entre 1960 et 2000.

Chez les enfants, 3,5 % sont obèses et 14,3 % sont en surpoids.

Il existe deux périodes critiques pendant lesquelles la vitesse de croissance pondérale est associée à un risque de surpoids à l'adolescence :

- à 3 mois ;

- à 3 ans.

Or, il convient de rappeler qu'à 9 ans, 91 % de l'excès de poids est gagné avant l'âge de 5 ans pour les filles.

Néanmoins une enquête nationale, pilotée par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé, publiée en septembre 2010, montre une baisse encourageante du surpoids chez les enfants de 5 à 6 ans : 12,1 % d'enfants de cette tranche d'âge en surpoids en 2005-2006 (dont 3,1 % obèses) contre 14,4 % en 1999-2000 (dont 3,4 % obèses). L'étude, menée sur l'année scolaire 2005-2006, portait sur un échantillon d'environ 23 000 élèves inscrits en grande section de maternelle dans des écoles publiques ou privées, en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer.

Cette baisse réelle intervient dans un contexte de stabilité de l'obésité infantile depuis le début des années 2000 observée dans plusieurs pays aussi variés que les Etats-Unis, la Suède, la Suisse, la Grèce, le Chili, le Royaume-Uni, l'Australie ou encore l'Italie.

c) Une population qui devient obèse de plus en plus tôt

Selon l'enquête Roche/ObEpi publiée en 2009, 72,4 % des hommes âgés entre 55 et 74 ans sont en surpoids ou obèses contre 32,8 % des hommes âgés entre 18 et 29 ans.

Néanmoins, l'évolution vers l'obésité se fait de plus en plus précocement.

Ainsi, il fallait attendre l'âge de 42 ans pour que 10 % des générations nées entre 1946 et 1951 soient obèses.

En revanche, 10 % des générations nées entre 1973 et 1979 sont déjà obèses à 32 ans.

En outre, entre 2006 et 2009, la progression de l'obésité a été la plus forte chez les 25-34 ans (+ 19,5 %) contre + 10,7 % toutes classes d'âge confondus.

d) Le développement de l'obésité abdominale

L'évolution de l'obésité abdominale entre 1997 et 2010 est également inquiétante, particulièrement chez les femmes.

Le nombre d'hommes dont le tour de taille est supérieur à 102 cm est passé de 24,8 % à 26,2 %.

Le nombre de femmes dont le tour de taille est supérieur à 88 cm est passé de 24,6 % à 40 %.

De nouveau, la progression du tour de taille est particulièrement forte chez les jeunes adultes. Entre 2006 et 2009, la part des 18-24 ans ayant un tour de taille trop important (c'est-à-dire supérieur à 102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes) a progressé de 43,9 % et celle des 25-34 ans de 17,8 %.

En valeur absolue cependant, leur catégorie reste moins sujette à un tour de taille trop important puisque 11,8 % des 18-24 ans et 17,8 % des 25-34 ans sont concernés contre 33,5 % pour l'ensemble de la population.

e) Une population obèse de plus en plus longtemps

L'IMC (comme le tour de taille) augmente avec l'âge avec un pic entre 55 et 64 ans. Ensuite, la prévalence de l'obésité tend à diminuer.

Néanmoins, compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie, les personnes âgées obèses sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, chez les plus de 80 ans, 14,3 % des femmes et 11,8 % des hommes sont obèses selon l'étude ObEpi.

f) L'obésité, miroir des inégalités sociales

Comme il a déjà été indiqué précédemment, la prévalence de l'obésité est fortement influencée par le gradient social.

Ainsi, il existe une relation inverse entre les revenus du foyer et la prévalence de l'obésité. De même, le niveau d'instruction et la prévalence de l'obésité sont inversement corrélés.

Ces inégalités sociales se retrouvent également dans la prévalence de l'obésité infantile.

Le risque, pour un enfant d'ouvrier, d'être en surpoids (13,9 %) ou obèse (4,3 %) reste plus important que celui d'un enfant de cadre (respectivement 8,6 %, et 1,2 %). L'étude de la DREES souligne notamment que les élèves scolarisés en zone d'éducation prioritaire (ZEP) ont souvent un indice de masse corporelle supérieur à la normale.

Par ailleurs, la diminution de la prévalence de l'obésité infantile constatée par cette étude est nettement plus lente chez ces élèves : le recul du surpoids au cours de la période est ainsi de - 9 % contre - 24 % hors ZEP, tandis que le recul de l'obésité est respectivement de - 8 % et - 17 %.

Les inégalités sociales - liées à la catégorie socio-professionnelle des parents, au niveau de leurs revenus, au lieu d'habitation et de scolarisation... pèsent donc dans la balance en matière de santé nutritionnelle.

Page mise à jour le

Partager cette page