2. La faible efficacité des médicaments agissant sur l'absorption des nutriments

L'orlistat agit dans l'estomac et dans l'intestin grêle en inhibant les enzymes gastro-intestinales (lipases gastrointestinales). Il limite ainsi l'absorption des triglycérides alimentaires. Les graisses sont ensuite éliminées par voie fécale.

L'orlistat existe sous deux présentations :

- sur prescription médicale pour un dosage de 120 mg. Ce produit est commercialisé depuis septembre 1998 en France ;

- sans prescription médicale pour un dosage deux fois plus faible (60 mg). La durée maximale de traitement est limitée à 6 mois.

Selon les données de l'Afssaps, les résultats combinés de 5 études menées sur 2 ans avec orlistat 120 mg et un régime hypocalorique chez des patients ayant un IMC compris entre 28 et 43 kg/m2 ont montré qu'après 1 an de traitement, 20 % des patients traités par orlistat 120 mg ont perdu au moins 10 % de leur poids, contre 8 % des patients sous placebo. La différence moyenne de perte de poids entre le groupe traité et le groupe placebo était de 3,2 kg.

Ces données illustrent les limites inhérentes aux médicaments à la disposition des médecins pour soigner leurs patients obèses : non seulement leur nombre est très réduit, mais leur efficacité est limitée puisque dans le cas de l'orlistat 120 mg, seuls 20 % des patients traités arrivent au bout d'un an à perdre au moins 10 % de leur poids.

En outre, si médicalement parlant, une perte de poids de 10 % a des conséquences bénéfiques pour l'amélioration des paramètres métaboliques des patients obèses, elle est notoirement insuffisante pour modifier leur apparence physique. Or, c'est souvent la motivation principale de la consultation, notamment pour les femmes.

3. La relative frilosité de l'industrie pharmaceutique

Depuis la fin des années 90, l'arsenal thérapeutique s'est restreint en raison d'effets indésirables graves et donc d'une balance bénéfice/risque défavorable de certains de ces médicaments.

Compte tenu des sommes énormes engagées dans le développement des médicaments, ces échecs commerciaux successifs ont eu un impact négatif sur la recherche pharmaceutique en matière d'obésité.

En effet, selon les responsables d'Astra Zeneca rencontrés par votre rapporteur en Suède, pour mettre un médicament sur le marché, il faut compter entre 3 à 5 ans pour la découverte de la molécule et 5 à 7 années de développement. Le coût total d'investissement est estimé entre 1,2 et 1,5 milliard de dollars.

D'après les statistiques de l'Afssaps, en 1998, 11 autorisations d'essais cliniques ont été formulées dans le domaine de l'obésité, soit 0,8 % des essais cliniques de médicament en France.

En 2009, seulement 3 autorisations d'essais cliniques ont été formulées dans ce domaine, et elles portent uniquement sur des volontaires sains : aucun essai clinique de fin de développement et aucune molécule nouvelle ne sont donc à prévoir à court terme.

L'échec retentissant du rimonabant a montré l'importance de tester les médicaments afin de connaître les patients qui répondent bien au traitement. A cet égard, de nombreux cliniciens ont fait part à votre rapporteur de leur désarroi, dans un domaine thérapeutique déjà très démuni, lorsque ce médicament a été retiré du marché, estimant qu'un suivi régulier des patients permettait d'anticiper ses éventuels effets secondaires.

Néanmoins, ce type de recherche sur un meilleur ciblage thérapeutique a vocation à réduire le marché potentiel du médicament testé et, par conséquent, à réduire sa rentabilité.

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