C. UN POTENTIEL D'ACTIVITÉ DANS LE DOMAINE DES SERVICES

1. Le potentiel culturel et touristique

M. François Rivollet, président du comité régional du tourisme (CRT) de Saint-Pierre-et-Miquelon, a indiqué que l'archipel accueillait chaque année près de 13 000 touristes. Plus de 80 % des touristes se rendent à Saint-Pierre-et-Miquelon par voie maritime.

Le financement du CRT est entièrement assuré par le conseil territorial.

Le tourisme offre d'indéniables possibilités de reconversion économique à l'archipel.

Certes, en 2009, Saint-Pierre-et-Miquelon a accueilli 11 767 touristes non résidents, soit une baisse de 22,1 % par rapport à 2008, (3 331 visiteurs de moins). Cette dégradation est liée aux difficultés de la desserte maritime en passagers, le principal navire étant tombé en panne au début de la saison estivale. Elle est également imputable à l'annulation de certaines escales de paquebots de croisière en raison de mauvaises conditions météorologiques.

Les visiteurs de l'archipel sont le plus souvent étrangers (85 % dont 64 % de Canadiens et 23 % d'Américains).

L'archipel accueille également des étudiants dans le cadre d'échanges linguistiques. Ainsi, le Francoforum, institut français d'études linguistiques, répond à une demande d'apprentissage de la langue française de la part des Canadiens anglophones. En 2009, ce centre a accueilli 1 332 stagiaires (soit 7 323 jours de formation) contre 1 633 en 2008 et 1 442 en 2007. La durée moyenne des séjours était de 6 jours en 2009.

La reconversion de Saint-Pierre-et-Miquelon, après le moratoire sur la pêche, passe en grande partie par le développement touristique, qui bénéficie de l'atout de la proximité des provinces maritimes canadiennes et du développement de la croisière dans le golfe du Saint-Laurent.

L'offre d'hébergement et la notoriété de la destination doivent cependant être améliorées pour exploiter au mieux les possibilités offertes par ce secteur. En août 2009, le GIE Atout France a effectué une mission dans l'archipel à la demande du ministère chargé de l'outre-mer et une attention particulière a été portée sur la formation professionnelle et le développement de la croisière.

Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel attachant, dont les richesses naturelles et culturelles ont un véritable pouvoir de séduction. Vos rapporteurs en ont eu confirmation à plusieurs reprises lors de leur second séjour sur place.

En effet, comment ne pas être ému et charmé en traversant dans une épaisse brume matinale la baie de Saint-Pierre pour rejoindre l'Île aux Marins, dont les chemins et les maisons se dégagent peu à peu et apportent un témoignage saisissant de l'histoire de l'archipel.

Pour ce qui est de l'étonnante histoire de l'archipel, une visite du musée Héritage, créé en 2003 par un collectionneur passionné, M. Roland Chatel, permet de se transporter à l'époque de la prohibition, qui fut un temps de grande prospérité pour Saint-Pierre-et-Miquelon, et de mesurer à quel point la « grande pêche » a marqué la culture locale.

Ce musée exceptionnel ne doit pourtant son existence qu'à l'énergie et au talent de son fondateur, qui n'a guère reçu de soutien de la part de la collectivité.

Deux pages marquantes de l'histoire de Saint-Pierre-et-Miquelon

La prohibition (1920-1933)

Saint-Pierre-et-Miquelon a connu un âge d'or économique entre 1920 et 1933, période pendant laquelle les Etats-Unis, après le vote du 18ème amendement à la Constitution (ratifié le 29 janvier 1919) et du Volstead Act (le 28 octobre 1919), ont interdit la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation et la vente de boissons alcoolisées.

L'archipel, grâce à sa situation géographique privilégiée entre Terre-Neuve et les Etats-Unis, est alors devenu un point de ravitaillement pour les contrebandiers. Des magasins furent construits pour entreposer des milliers de caisses de vins, de champagne, de cognac, de rhum, de whisky. Les Saint-Pierrais développèrent également des activités d'avitaillement en vivres et en combustibles pour la flotte des contrebandiers.

Le ralliement à la France Libre (24 décembre 1941)

Après la signature de l'armistice franco-allemand le 22 juin 1940, la population de Saint-Pierre-et-Miquelon manifeste rapidement son hostilité au gouvernement de Vichy. Les anciens combattants de l'archipel souhaitent son ralliement à la France Libre.

L'amiral Muselier se rend à Saint-Jean-de-Terre-Neuve en novembre 1941 afin d'obtenir l'accord des Canadiens et des Américains pour procéder au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ces derniers ont cependant promis au gouvernement du maréchal Pétain de maintenir le statu quo dans les territoires français occidentaux. Ils souhaitent seulement une intervention canadienne afin de prendre le contrôle de la radio de Saint-Pierre et d'éviter ainsi qu'elle ne soit utilisée par les sous-marins allemands manoeuvrant dans l'Atlantique.

Le 17 décembre, les Canadiens et les Américains refusent donc de donner aux Forces navales françaises libres l'autorisation d'agir. Le général de Gaulle proteste et demande à l'amiral Muselier de procéder au ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon sans en avertir les alliés. Les Français libres débarquent à Saint-Pierre le 24 décembre et s'emparent des lieux stratégiques en moins d'une demi-heure.

Le 25 décembre, l'amiral Muselier nomme son aide de camp, l'enseigne de vaisseau Alain Savary, administrateur provisoire du territoire. Pour donner un fondement légitime à la décision du général de Gaulle, un vote est organisé le même jour. Les habitants de l'archipel se prononcent par 783 voix pour la France Libre, (14 contre et 215 bulletins nuls).

Vos rapporteurs ont eu l'honneur de saluer la contribution de Saint-Pierre-et-Miquelon à la Résistance, lors des cérémonies commémorant l'appel du 18 juin, à l'Île aux Marins et à Saint-Pierre, auprès des élus et autorités de l'archipel et d'anciens résistants.

Enfin, les paysages et la faune de Miquelon-Langlade peuvent constituer aussi bien un sujet d'étude pour les passionnés qu'un cadre de repos pour qui souhaiterait connaître tous les aspects de l'archipel. On peut y observer de nombreuses espèces d'oiseaux et des mammifères marins - phoques et baleines.

Vos rapporteurs ont en outre relevé le dynamisme de certaines associations qui s'emploient à animer la vie culturelle de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ainsi, l'association @rt'chipel organise depuis 2002 un festival de musique, les Déferlantes atlantiques, qui a acquis une renommée régionale et attire des visiteurs du Canada. Son président, M. Pierre Salomon, a déploré l'absence de direction régionale de l'action culturelle à Saint-Pierre-et-Miquelon, l'ensemble des initiatives dans ce domaine ne bénéficiant donc pas d'un soutien continu.

M. Stéphane Coste, maire de Miquelon-Langlade, a souligné que les atouts de Saint-Pierre et de Miquelon-Langlade étaient complémentaires. En effet, si Saint-Pierre peut développer un tourisme culturel, s'appuyant sur son histoire, Miquelon-Langlade peut offrir des activités fondées sur l'observation de la nature ou le sport.

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