B. LE LIVRE BLANC SUR LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ET EUROPÉENNE DE LA FRANCE

Le Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France considérait également indispensable « une capacité d'anticipation et de prospective renforcée, mieux articulée avec les autres sources de prévision publiques et notamment nos capacités de renseignement. ».

Pour consolider la capacité prospective, « élément déterminant dans l'élaboration de la politique étrangère des grandes puissances », le Livre blanc proposait une démarche en deux temps : consolider les capacités propres au ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE) et coordonner celui-ci avec les autres acteurs de la démarche prospective.

Tout d'abord, le Livre blanc jugeait indispensable de « mieux utiliser » le centre d'analyse et de prospective (CAP) du ministère des Affaires étrangères, de « l'inciter à développer des réflexions non-conformistes et se donner les moyens d'en tirer des conclusions, le cas échéant ».

Le Livre blanc jugeait que le CAP devait poursuivre son développement, sur la base des orientations suivantes :

Préconisations du Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France

- élargir le cercle des consultants extérieurs avec lesquels [le CAP] entretient une relation de travail continue. Le CAP travaille aujourd'hui avec 4 consultants permanents, personnalités reconnues, mais dont l'expertise ne couvre qu'une partie du champ des travaux du Centre. Cette évolution permettrait à la fois de mieux appréhender certaines problématiques aux conséquences importantes pour notre diplomatie (démographie, religion...) et de travailler avec des experts basés à l'étranger en tant que de besoin ;

- être davantage associé à la tutelle et au pilotage scientifique du réseau des instituts de recherche français à l'étranger. Au-delà de sa participation à leur conseil d'orientation stratégique, et de sa voix dans l'élection des directeurs, le CAP devrait pouvoir solliciter les IFRE et bénéficier davantage du réservoir des jeunes chercheurs qui s'y forment ;

- développer l'action en matière d'influence , en consolidant le Programme d'invitation des personnalités d'avenir (PIPA), mais aussi en assurant une participation française aux cercles de débats internationaux ou encore en rationalisant la gestion du dispositif de présence française (diplomates, militaires et universitaires) dans des instituts de recherche étrangers, que ce soit aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs ;

- étudier la mise en place d'un exercice régulier de prospective à long terme avec le cas échéant des réunions régionales et thématiques. Cette démarche pourrait s'appuyer sur l'association du CAP au Centre d'analyse stratégique ainsi qu'à la délégation aux Affaires stratégiques du ministère de la Défense.

Le Livre blanc jugeait par ailleurs indispensable de renforcer la coordination du CAP avec les autres acteurs de la prospective au sein des pouvoirs publics, s'agissant des programmes de travail comme de l'appel à l'expertise externe.

Depuis 2008, cette priorité n'a cessé d'être réaffirmée, par Bernard Kouchner d'abord, lors de l'annonce de la réforme du Quai d'Orsay en 2009, l'anticipation devenant un objectif prioritaire avec la création de la direction de la prévision, puis ensuite par Michèle Alliot-Marie, notamment dans les semaines qui ont suivi le déclenchement du « printemps arabe » : ainsi la ministre déclarait-elle en février 2011 3 ( * ) : « Nous avons besoin d'une vraie capacité d'analyse et d'expertise stratégique au ministère des Affaires étrangères, ce qui n'existait pas . »


* 3 Propos rapportés par la presse et tenus lors de la conférence internationale sur la sécurité à Munich en février 2011

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