4. Des pesanteurs sociologiques propres au monde du sport lui-même

Plusieurs facteurs, propres au monde du sport lui-même, sont de nature à entraver le développement de la pratique sportive féminine. Ceux-ci tiennent aux encadrants, qu'ils soient bénévoles ou professionnels, et aux équipements sportifs.

a) Les encadrants

La progression de la pratique féminine sportive est freinée par deux phénomènes sociologiques tenant aux encadrants, qu'ils soient bénévoles ou professionnels.

Le développement et l'organisation des activités sportives reposent très largement en France sur l'action d'un très grand nombre de bénévoles dont l'engagement et le dévouement doivent être à juste titre salués.

Par la force des choses, les responsabilités au sein des associations sportives, qui exigent du temps et une grande disponibilité, sont très souvent exercées par des personnes retraitées. Quelle que soit leur bonne volonté et l'esprit d'ouverture qu'alimente un contact régulier avec un public jeune, ces personnes ne peuvent entièrement s'abstraire des conceptions de leur génération et ne sont pas, naturellement, portées à remettre en question des stéréotypes sexués qui écartent les jeunes filles de la pratique de certains sports.

Les auditions conduites par la délégation ont, en outre, souligné de façon assez consensuelle l'influence que le sexe des personnels qui encadrent les activités sportives peut avoir sur le recrutement des pratiquants. Cette influence s'exerce de plusieurs façons.

Tout d'abord, parce que des encadrants majoritairement masculins auront tendance à privilégier des disciplines considérées, a priori , comme masculines et qui attireront « spontanément » un public plus masculin que féminin.

C'est ainsi que Mme Françoise Sauvageot a rappelé que, lorsque les directions départementales de la jeunesse et des sports ont reçu, dans les années soixante-dix, la mission d'encourager la création de clubs sportifs, les conseillers de secteur « hommes » se sont orientés vers le football, qui disposait déjà d'une fédération emblématique et permettait d'offrir une activité physique de proximité aux jeunes garçons, alors que leurs homologues femmes étaient naturellement plus enclines à préférer la gymnastique d'entretien.

Comme le rappelait également M. Laurent Petrynka, directeur national de l'Union nationale du sport scolaire (UNSS), le professeur de sport qui encadre les activités du mercredi choisit celles-ci en fonction de ses affinités, et un professeur masculin ne sera guère porté à enseigner la danse, le step, le fun ou une autre activité de mise en forme.

De ce fait, la mixité des personnels qui encadrent les activités physiques et sportives constitue un enjeu essentiel pour l'avenir de la pratique féminine.

Une plus grande mixité de l'encadrement serait, en outre, de nature à garantir une offre d'activités plus « fémino-compatibles », et donc moins exclusivement axée sur les seules disciplines attirant principalement les garçons.

Celle-ci faciliterait, en outre, une évolution des esprits, de façon à ce que la pratique sportive soit moins exclusivement guidée par l'esprit de compétition et le culte de la performance, et qu'elle s'ouvre davantage au souci de la forme, du bien-être et de l'entretien, caractéristiques aujourd'hui des attentes du public féminin, mais dont rien n'exclut qu'il ne puissent correspondre aussi aux besoins du public masculin.

En outre, face aux adolescentes, des éducatrices aborderont plus facilement certains problèmes liés au corps et à la santé.

Ces considérations conduisent la délégation à réaffirmer son attachement au principe de mixité , dont elle estime qu'il ne doit pas être remis en cause dans les conditions de pratique et qu'il doit être recherché plus systématiquement dans l'encadrement des activités physiques et sportives .

b) Les équipements sportifs

Les auditions conduites par la délégation ont montré que le parc des équipements sportifs, souvent ancien, n'était pas toujours bien adapté à la pratique sportive féminine.

Tout d'abord, ces équipements sont souvent destinés, de par leur conception et leur réalisation, à des sports traditionnels, c'est-à-dire à des sports qui intéressent un public plutôt masculin.

Facteur aggravant, ces équipements sont souvent saturés et les meilleurs créneaux horaires sont très largement occupés par les équipes masculines. C'est ainsi qu'à Dreux, comme il a été rapporté à la délégation, de jeunes footballeuses n'ont pu obtenir un créneau pour s'entraîner qu'entre 20 h 30 et 22 h 00.

Les filles tendent à être exclues plus encore des « city stades », des espaces publics ouverts à des pratiques sportives auto-organisées dont les bandes de jeunes garçons tendent à s'arroger un usage exclusif. Les nouvelles pratiques de rue que sont le skate, le roller, ou encore le basket de rue, sont d'ailleurs principalement masculines. Les municipalités et les associations sportives doivent prendre conscience que seule une organisation des activités permet d'éviter que les filles ne se trouvent exclues de ces espaces sportifs de proximité .

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