2. L'aspiration à un statut international de premier plan

Le Brésil a gagné ces dernières années une stature internationale plus affirmée.

Il joue un rôle actif au sein du G20, où son intérêt se porte sur la réforme du système monétaire international et sur la stabilité des changes, sur les questions de développement et de protection sociale.

Il possède un siège d'administrateur au FMI.

Il prend également une part majeure aux discussions internationales en matière d'environnement, comme lors de la conférence de Copenhague sur le climat, ou sur le thème de la sécurité alimentaire auquel il attache une importance particulière.

L'obtention d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies demeure un des objectifs fondamentaux du Brésil, qui s'est associé avec l'Inde, l'Allemagne et le Japon au sein du G4. La France et le Royaume-Uni ont soutenu cette démarche qui heurte cependant les intérêts d'autres pays, d'où un enlisement de la réforme de l'ONU.

Les pays du G4 ont proposé d'élargir le Conseil de sécurité de 15 à 25 membres, avec la création de 6 nouveaux sièges permanents sans droit de veto et 4 nouveaux sièges non permanents. Outre l'Inde, l'Allemagne, le Japon et le Brésil, deux sièges permanents seraient attribués à des pays africains.

Les pays rassemblés au sein du groupe « Unis pour le consensus », en particulier l'Italie, le Pakistan, l'Argentine et le Mexique, s'opposent à la création de nouveaux sièges permanents. Ils souhaitent eux aussi un Conseil de sécurité élargi à 25 membres, mais uniquement par la création de 10 nouveaux sièges non permanents.

Enfin, le groupe des pays africains souhaite deux nouveaux sièges permanents avec droit de veto et deux nouveaux sièges non permanents pour l'Afrique.

Face au blocage des discussions, la France et le Royaume-Uni ont proposé une réforme intérimaire portant, dans un premier temps, sur la création de nouveaux sièges pourvus d'un mandat plus long que les actuels sièges non permanents. Ce n'est que dans un second temps, à l'issue d'une phase intérimaire, que serait décidée l'éventuelle transformation de ces nouveaux sièges en sièges permanents.

Le Brésil appuie sa demande de siège permanent sur la non-représentativité du Conseil de sécurité dans sa composition actuelle, et sur la nécessité d'une assise plus large pour renforcer sa légitimité et son efficacité.

Lors de sa visite au Brésil, au mois de mars 2011, le président Obama n'a pas clairement soutenu cette revendication, alors qu'il l'avait fait pour l'Inde, le communiqué officiel indiquant simplement, dans une formulation ambigüe, son « appréciation pour la candidature brésilienne ». Pour des raisons inverses, la Chine, hostile à l'arrivée de l'Inde au Conseil de sécurité, ne s'est pas clairement prononcée sur la demande du Brésil.

En développant son activité diplomatique sur tous les continents, le Brésil souhaite évidemment démontrer la légitimité de sa revendication. Dans le même esprit, il contribue traditionnellement aux opérations de maintien de la paix de l'ONU . Il assure le commandement de la mission des Nations unies en Haïti. Depuis février, il a également pris le commandement de la composante maritime de la FINUL au Liban.

L'entretien de la délégation à la Présidence de la République a toutefois montré que tout en souhaitant assumer de plus larges responsabilités internationales, le Brésil reste très critique à l'égard de ce qu'il considère être un interventionnisme excessif des grandes puissances occidentales .

Son intervention, avec la Turquie, sur le dossier nucléaire iranien , au moment où Téhéran avait annoncé devoir produire de l'uranium enrichi à 20 % pour alimenter son réacteur de recherche destiné à des applications médicales, a alimenté les reproches réciproques.

Un accord tripartite a été conclu en mai 2010, selon lequel l'Iran remettrait à la Turquie son stock d'uranium enrichi à 3,5 % produit par les centrifugeuses de Natanz et recevrait en échange 120 kg d'uranium enrichi à 20 % pour le réacteur de recherche de Téhéran. Toutefois, cette proposition n'impliquait pas l'arrêt des activités d'enrichissement en Iran, proscrit par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. De ce fait, elle n'a pas été jugée recevable par les principaux membres du Conseil de sécurité qui adoptait quelques jours plus tard, le 9 juin 2010, la résolution 1929 prévoyant un nouveau train de sanction. Cette résolution, soutenue par les cinq membres permanents, a été adoptée par 12 voix contre deux - celles du Brésil et de la Turquie - et une abstention, celle du Liban.

Ce vote, qui a été ressenti comme un camouflet par le Brésil, a montré les limites des initiatives de sa diplomatie sur un sujet comportant pour l'Iran un lourd passif de condamnations par les instances internationales, qu'il s'agisse du Conseil des gouverneurs de l'AIEA ou du Conseil de sécurité des Nations unies.

De manière plus récente, l'abstention du Brésil sur la résolution 1973 du 17 mars 2011 relative à la Libye traduit sa réticence à déléguer des mandats pour l'usage de la force et un attachement au principe de non-ingérence. M. Guilherme Patriota a évoqué devant la délégation les mauvais souvenirs laissés par l'époque où les Etats-Unis pesaient excessivement sur la politique des pays en développement, particulièrement en Amérique du Sud, soulignant que si le Brésil entendait accéder au Conseil de sécurité, ce ne serait pas pour signer un « chèque en blanc » aux grandes puissances. Dans l'article précité, le conseiller diplomatique de Mme Rousseff, M. Marco Aurelo Garcia précise que « le Brésil s'en tient à sa tradition diplomatique qui est une tradition de non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays ».

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