B. MIEUX INFORMER SUR LES EFFETS POSITIFS SUR LE TERRITOIRE DE LA COLLECTIVITÉ FRANÇAISE DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE

L'action de coopération décentralisée est souvent perçue par le citoyen comme une dépense au seul profit du territoire de la collectivité partenaire. En période de difficultés économiques, cette conception peut remettre en cause la légitimité de ces actions. Or, la coopération décentralisée a également des impacts positifs pour la collectivité territoriale française.

Elle est une première approche, à échelle humaine, des problèmes internationaux , et contribue ainsi à développer la notion de citoyen du monde.

Elle favorise différentes formes de citoyenneté locale . En effet, elle contribue ainsi à l'intégration des populations de migrants qui sont à l'origine de nombreuses actions de coopération. La coopération décentralisée est également utilisée par plusieurs collectivités territoriales comme moyen de mobiliser autour d'un projet des jeunes sans diplôme. Témoignant dans le cadre d'un colloque organisé par Lianes coopération en 2009, l'adjointe en charge de la coopération décentralisée et de la solidarité internationale à la Ville de Lille a souligné que « cette politique internationale, en favorisant l'implication des jeunes sur le territoire, agit comme un amplificateur de citoyenneté locale. Reconnus, les jeunes deviennent des citoyens plus actifs (...) Les jeunes portent un regard plus objectif et plus critique sur leur propre situation (...). Les séjours de mobilité des jeunes développent leur capacité à être autonomes, responsables d'eux-mêmes et à s'intégrer dans divers processus. Cela contribue au « mieux-vivre ensemble » 38 ( * ) .

En outre, elle dynamise le territoire. De plus en plus souvent, les acteurs locaux comme les entreprises, les associations, mais également les universités sont associés au projet mené par la collectivité française. Cette dernière est donc amenée à travailler de manière différente avec ces partenaires habituels et nouveaux et favorise l'animation locale du territoire.

Elle est également un élément de valorisation du territoire. Par les actions de coopération décentralisée, la collectivité territoriale française et l'ensemble des acteurs qui ont participé au projet démontrent qu'ils disposent de compétences, de savoir-faire. Il s'agit alors de souligner les potentialités économiques, culturelles, universitaires, techniques qui existent sur ce territoire.

De plus, en confrontant ses pratiques à celles d'autres collectivités , l'administration peut être amenée à se remettre en question et faire évoluer ses pratiques. Par exemple, les actions de coopération décentralisée sont l'occasion d'impliquer l'ensemble de la collectivité en décloisonnant les services. Le service de santé du conseil général de l'Isère s'est inspiré de l'expérience de son homologue régional au Sénégal en matière de dépistage du sida par piqûre, comme pour le diabète, et, en collaboration avec les services sénégalais, a développé un protocole pour effectuer des tests de dépistage du sida par piqûre dans le département.

Enfin, la coopération décentralisée permet le développement de coopérations économiques et universitaires. Ce type d'échange, très fréquent dans les coopérations décentralisées avec les pays industrialisés, tend à se développer fortement avec les pays émergents, notamment le Brésil, et peut également émerger des coopérations avec des pays moins développés. La mise en place de la coopération décentralisée entre la communauté de communes Coeur d'Ostrevent et la collectivité de Sadiola au Mali a permis à des étudiants en Master Europe, environnement, ville, aménagement et réseaux, de l'Université de Lille 1 de participer à la réalisation d'un diagnostic sur les points communs entre les deux collectivités et les domaines possibles de coopération.

La coopération du conseil régional de Bretagne
avec l'Union économique et monétaire ouest-africain

En 2008, le conseil régional de Bretagne a mis en place une coopération décentralisée, en partenariat avec l'Union économique et monétaire ouest-africaine, pour contribuer au développement d'une filière de coton biologique au Burkina Faso et au Mali. Ce projet à une double dimension :

- durable, car le coton traditionnel nécessite beaucoup de pesticides dommageables pour l'environnement ;

- économique, car le coton traditionnel connaissait alors une chute des cours et donc des pertes de revenus pour les producteurs.

Ce projet concerne vingt villages au Mali et dix au Burkina Faso et permet à 3 000 producteurs, dont un tiers de femmes, d'avoir un projet stable. La filière devrait être autonome fin 2013.

Mais ce projet a également des répercussions positives pour le territoire breton. En effet, plusieurs entreprises de textile bretonnes se sont aussi associées à ce projet, qui leur permet de sécuriser leur filière d'approvisionnement en coton biologique et sont assurées de la qualité du produit.

Ces impacts positifs sur le territoire de la collectivité française sont dans la majorité des cas ignorés par la population . Souligner ces derniers fait pourtant partie de l'information due aux citoyens sur l'utilisation des deniers publics et permet de légitimer le projet mené.

Proposition n° 7 : Mettre en place une campagne de communication et d'information sur les impacts positifs pour les territoires français de la coopération décentralisée, financée conjointement par la délégation pour l'action extérieure des collectivités territoriales et les associations d'élus.


* 37 Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Équateur, Kazakhstan, Iran, Malaisie, Maldives, Mexique, Panama, Pérou, Thaïlande, Venezuela, Uruguay, Inde et Indonésie.

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