3. La grande vulnérabilité sanitaire des personnes prostituées victimes des réseaux de proxénétisme et de traite

Le niveau des risques sanitaires et la fréquence des pathologies rencontrées chez les personnes prostituées varient selon les publics et les conditions d'activité, ce qui rend impossible toute généralisation.

Néanmoins, les auditions menées par vos rapporteurs font clairement apparaître que les personnes prostituées victimes des réseaux de proxénétisme et de traite sont particulièrement vulnérables sur le plan sanitaire .

Très souvent, ces femmes ont déjà subi des sévices physiques 36 ( * ) et/ou sexuels dans leur pays d'origine ainsi que pendant le voyage qui les mène jusqu'en Europe. Le rapport « Bousquet-Geoffroy » fait état de véritables « parcours de dressage » s'agissant de certains réseaux (Europe de l'Est, Afrique subsaharienne), durant lesquels les femmes subissent de terribles violences. Outre les séquelles physiologiques qui en résultent, les troubles psychiques sont fréquents (peur des autres, prostration sociale, sentiment de honte, troubles du sommeil et de la conduite alimentaire, syndromes post-traumatiques...).

Les études montrent également que la prévalence du VIH est plus marquée chez les femmes migrantes issues de pays où l'épidémie sévit de manière active (Nigéria, Ghana, Chine...), certaines ayant pu contracter l'infection avant leur entrée dans la prostitution. Ces femmes sont en outre plus exposées au risque de contamination en raison de leur faible niveau (voire l'absence) de connaissances préalables sur le VIH et les IST, de la persistance de certaines croyances 37 ( * ) et de l'utilisation de techniques intra-vaginales dangereuses 38 ( * ) .

Une fois en France, ces femmes sont confrontées à de nouveaux facteurs de vulnérabilité (non maîtrise de la langue, contraintes physiques et morales exercées par les membres du réseau, conditions de vie très dures), qui influent sur leur état de santé. On sait, par exemple, que l'obligation de rapporter une certaine somme d'argent quotidienne aux proxénètes diminue leur capacité de négociation avec les clients et les contraint, dans certains cas, à accepter des prestations à risques comme des rapports sexuels non protégés.

L'étude ProSanté témoigne de cette grande précarité sanitaire . Ainsi, malgré leur jeune âge, la moitié des femmes nigérianes interrogées déclare un état de santé plutôt moyen, mauvais ou très mauvais ; 50 % ont eu recours à une IVG ; 64 % se sentent déprimées « parfois ou souvent ».


* 36 Les associations mentionnent les excisions subies par certaines femmes africaines. Or des études montrent que l'excision est associée à une plus grande fréquence d'infections urinaires, de problèmes gynécologiques ou obstétricaux, de gênes dans la vie quotidienne (mal-être, difficultés dans la vie sexuelle).

* 37 Les baisers, le partage des couverts, les piqûres de moustique ou encore l'usage du préservatif seraient responsables de la propagation du virus du Sida.

* 38 Douches vaginales, usage de produits détergents ou de tissus.

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