B. À L'ÉCHELLE DU TERRITOIRE

Lors d'un déplacement en Loire-Atlantique, Patrick Mareschal 8 ( * ) et Emmanuelle Gelebart-Souilah, respectivement président et directrice du Conseil de développement de Loire-Atlantique (CDLA), ont présenté les éléments pris en compte en termes d'action sociale et de lutte contre la pauvreté dans le cadre de l'exercice de prospective « Loire-Atlantique 2030 » 9 ( * ) .

1. Présentation du Conseil de développement

Le CDLA se veut « un lieu d'expression de l'intelligence collective sur l'avenir du département » . Mis en place en 2005, il constitue une instance de réflexion prospective, un espace de concertation et de co-création, qui favorise les rencontres, les échanges et la mutualisation des connaissances sur des sujets qui conditionnent à moyen ou long terme l'avenir de la Loire-Atlantique.

Il formule, auprès des élus du conseil général, des avis et des propositions pour chaque thème abordé.

2. L'exercice « Loire-Atlantique 2030 »

« Loire-Atlantique 2030 » est un exercice de prospective qui a été mené sur trois années, de 2010 à 2013.

Il a eu pour ambition, au travers de la constitution de plusieurs groupes de prospective représentatifs des différents acteurs socio-économiques du département, d'organiser une vision commune à l'horizon de vingt ans et d'apporter une contribution à la construction de l'avenir du territoire.

Sont détaillés ci-dessous les principaux éléments ressortis des échanges dans les groupes concernant la pauvreté et l'action sociale.

3. Le constat
a) La pauvreté n'est pas seulement dans les poches, elle est aussi dans les têtes

L'exercice de prospective laisse apparaître très nettement que la pauvreté n'est pas qu'une affaire économique, même si celle-ci est éminemment importante, l'aspect social, voire sociologique, dépassant les préoccupations financières. Les données ne disent souvent pas grand-chose des souffrances au regard de la multiplicité des signes de pauvreté, parmi lesquels on peut mentionner : la mauvaise santé ; la faiblesse ou l'absence de revenu ; une éducation insuffisante ; un logement précaire ; un travail difficile ; le désengagement politique ; la sous-alimentation ; un environnement dégradé ; l'insécurité physique.

b) Le peu de fiabilité des indicateurs

Dans la mesure où les indicateurs actuels sont bien éloignés de la réalité et ne suffisent pas à englober les « différents visages de la pauvreté » et son caractère multidimensionnel, il serait souhaitable de les revoir.

4. Qui seront les « pauvres de demain » ?

Comme le souligne la note du CDLA, « ils ressembleront sans doute à ceux d'aujourd'hui » .

La part des seniors en situation de pauvreté sera sans doute plus importante dans la mesure où ils seront sensiblement plus nombreux en 2030 et qu'ils subiront parallèlement une réduction des allocations de retraite.

Il est également apparu que le nombre de jeunes pauvres pourrait diminuer, sous la double réserve que les gouvernements successifs continuent de faire de la jeunesse une priorité et que le système éducatif adopte une vision plus large de son offre de formation. Ainsi la jeune génération trouvera-t-elle peut-être sa place dans l'économie de demain.

5. Les leviers d'action identifiés
a) Gérer la pauvreté en amont

Dans ce cadre est mise en avant l'importance de la prévention appliquée à la lutte contre la pauvreté. Les cinq grands objectifs recensés sont les suivants :

• promouvoir l'éducation, par une offre de formation plus riche et diversifiée, par une revalorisation des métiers manuels porteurs, par une meilleure connaissance du monde du travail, par le développement de l'enseignement numérique ;

• concilier vie familiale et vie professionnelle de manière plus efficace, pour permettre notamment aux mères de famille qui le souhaitent de garder leur emploi plutôt que d'être contraintes d'accepter un travail précaire à temps partiel ;

• repenser le fonctionnement de Pôle emploi, afin que les usagers puissent accéder à d'autres plateformes d'annonces d'emplois ;

• créer un accompagnant pédagogique, chargé de suivre les élèves en difficulté et de développer la culture du droit à l'erreur auprès de ceux qui sont enfermés dans des orientations qui ne leur correspondent pas ;

• améliorer la qualité de l'emploi et faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, en limitant notamment les horaires atypiques pour permettre aux familles en difficulté de consacrer plus de temps à l'éducation des enfants.

b) Gérer la pauvreté en aval

Un consensus s'est dégagé pour affirmer que, « même avec la meilleure volonté du monde, la pauvreté ne pourra jamais sans doute être complètement éradiquée ». Mais plusieurs pistes d'amélioration ont été dégagées. Il s'agit :

• de développer l'accès aux technologies de l'information et de la communication, car Internet est devenu aussi important que le téléphone ;

• de présenter l'innovation sociale comme un vecteur de lutte contre la pauvreté ;

• de promouvoir de nouvelles pratiques dans le secteur du logement, axées sur davantage de solidarité entre les générations et de mixité sociale ;

• de promouvoir collectivement une culture de la prévention dans le domaine de la santé ;

• de faciliter l'accès aux droits en fluidifiant l'information et en simplifiant les procédures.


* 8 Président honoraire du conseil général de Loire-Atlantique.

* 9 Audition du 17 janvier 2014.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page