CONCLUSION

Malgré l'importance des fonds publics engagés, la diversité des politiques menées et l'ampleur des efforts consentis, de plus en plus nombreuses sont les personnes qui se trouvent, en France, exclues « des modes de vie courant dans une société » , pour reprendre la définition du sociologue britannique Peter Townsend.

Loin de diminuer, la pauvreté est un phénomène qui se durcit, s'intensifie, se transforme et s'étend à de nouvelles populations. Si elle touche particulièrement les enfants, les jeunes, les femmes, les familles monoparentales dans les proches banlieues des grandes villes, la pauvreté frappe également les personnes âgées et les habitants des zones rurales.

La pauvreté s'est à ce point banalisée dans notre société qu'elle en est devenue la plupart du temps invisible.

Face à ce constat alarmant, accablant, aggravé par les conséquences d'une crise tout à la fois économique, financière et sociale, il ne faut cesser de le répéter : la pauvreté est un scandale mais il est possible d'agir.

C'est de cette conviction qu'est venue l'idée d'engager une réflexion prospective, empreinte de volontarisme, de pragmatisme et de bon sens , en vue de dégager un certain nombre de leviers d'action susceptibles d'enrayer le cycle de la pauvreté. Cette réflexion s'est organisée autour de trois objectifs généraux : prendre conscience, instaurer la confiance, oser la fraternité .

Prendre conscience, pour non seulement rappeler la juste réalité, mais également montrer que, au-delà des problèmes de mesure et d'indicateurs statistiques, seule l'affirmation d'une volonté politique claire et déterminée sera de nature à lutter efficacement contre la pauvreté.

Instaurer la confiance, pour en finir avec la stigmatisation qui ronge le vivre-ensemble et menace la cohésion sociale, tant il est vrai qu'il est sans doute plus facile de s'attaquer aux pauvres qu'à la pauvreté, pour reconnaître les personnes en détresse comme des citoyens à part entière et leur permettre de faire valoir leurs droits.

Oser la fraternité, pour attester que des solutions existent, mais qu'elles supposent, pour être efficacement appliquées, un triple effort de responsabilisation, de simplification et d'innovation.

Ce rapport a une dimension éminemment politique : il en appelle à des changements profonds sur un certain nombre de sujets fondamentaux. Il se veut un « lanceur d'alerte ».

Mais il a aussi l'ambition d'être le porte-voix de toutes celles et tous ceux qui, parce que frappés par la misère, en sont contraints à « regarder la vie passer mais ne pas être dedans » . Privés de ressources, ils sont aussi privés de parole. Et c'est aussi contre cela qu'il faut lutter.

Comme l'a martelé Gaston Berger, le père de la prospective française, « l'avenir est affaire de volonté » . 146 ( * ) En matière de lutte contre la pauvreté, il s'agit d'une volonté ferme de combattre à la fois l'indifférence et l'immobilisme ; d'une volonté humaniste et politique, au sens le plus noble du terme.


* 146 Gaston Berger (1896-1960) - Revue prospective n° 6 - Presses Universitaires de France - novembre 1960.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page