2. Intervenir dès le plus jeune âge

Depuis sa création, notre délégation insiste sur l'importance de la vigilance à exercer sur les petits enfants pour déjouer les stéréotypes sexistes. Cela vaut pour les filles comme pour les garçons. C'est en effet dès l'enfance que se construisent les représentations et que s'amorcent les rapports de sexes. Selon nous, au collège, il est déjà trop tard. : les représentations sont déjà ancrées.

C'est donc dès la maternelle, dans la cour de récréation, que l'enfant apprend le respect de soi et le respect de l'autre.

À cet égard, la chargée de mission « suivi de la mise en oeuvre des ABCD de l'égalité » 63 ( * ) au ministère des droits des femmes, a pointé du doigt la question des espaces de jeux dans les écoles.

Selon elle, pour les filles comme pour les garçons, « la motricité, la mobilité dans l'espace physique est une des compétences de base et fondamentale du développement de l'enfant ».

Or, s'appuyant sur un document de l'Éducation qui précise toutes les normes de mètres carrés en fonction du nombre de classes, d'élèves, etc., elle a découvert qu'il était parfois impossible de courir dans la cour de récréation tellement elle est petite.

« Dès l'âge de 3 ans la mobilité des filles diminue pour s'estomper progressivement jusqu'à disparaître et s'exprimer tant pour elles que pour l'ensemble de la population par «les filles n'aiment pas le sport» » , a-t-elle regretté.

Cette information paraît essentielle à la délégation. Au-delà de la notion de plaisir évidente pour les enfants à jouer en bougeant, en allant à l'aventure, en assumant ses réussites et ses échecs, l'enfant construit aussi de l'estime de soi et de la confiance en soi. Comme le rappelait Nicole Abar 64 ( * ) , « ceci est une ressource fondamentale pour oser aller de l'avant, prendre des risques et assumer des responsabilités tout au long de sa vie » .

La question des espaces à l'école est donc loin d'être anodine. Elle conditionne la possibilité de la pratique « sportive » dès le plus jeune âge. Au-delà de l'atout en termes de santé publique, elle permet l'épanouissement individuel du jeune enfant, facteur-clef de la réussite collective d'une communauté scolaire.

Or, notre délégation le déplore, le nombre d'heures consacrées aux activités physiques et sportives au 1 er degré est insuffisant, les espaces à disposition dans les écoles, cours de récréation ou espaces de jeux sont, les plus souvent, trop exigus et encombrés par de multiples obstacles.

Aussi, comme le suggérait Nicole Abar, un travail avec l'ensemble des communes devrait être mené. Ce sont en effet les élus locaux qui peuvent apporter des solutions tant pour les espaces que pour l'apport de ressources compétentes dans le domaine sportif à la faveur de la réforme des rythmes scolaires, en partenariat avec les acteurs associatifs, sportifs et culturels.

La généralisation des ABCD de l'égalité à la rentrée 2014 doit être, selon la délégation, l'occasion de mener cette réflexion que nous estimons urgente.


* 63 Lors de son audition par la délégation le 15 mai 2014, dans le cadre de la table ronde « Former les enseignants à la problématique de l'égalité entre les femmes et les hommes », déjà citée.

* 64 Lors de son audition du 15 mai 2014 précitée.

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