II. ESSAI DE TYPOLOGIE DE L'EXTERNALISATION EN OPEX

A. L'EXTERNALISATION « ADDITIONNELLE »

L'externalisation « additionnelle » a pour objet de répondre aux évolutions des besoins et des standards de soutien.

Elle se justifie notamment par la complexité croissante des technologies mises en oeuvre. La modernisation des armées passe par la maîtrise de technologies déjà développées dans le secteur privé, qu'il serait trop couteux pour le ministère de la défense de répliquer de manière autonome. La directive ministérielle n° 007496 du 26 mai 2003 affirme ainsi que « l'externalisation peut présenter un intérêt quand le coût et les difficultés d'acquisition ou de maintien de compétences dans certains domaines très spécifiques (formation, entretien spécialisé d'installation ou de matériels) sont disproportionnés par rapport aux résultats attendus ». Si, dans certains domaines très pointus, la rationalité économique impose aux armées d'avoir recours à des sociétés de services spécialisées plutôt que de former et d'entretenir les moyens et le personnel adéquats, ceci pose le problème de l'autonomie de nos forces et des capacités d'intervention sur des théâtres extérieurs.

Il s'agit également de trouver des services nouveaux ou de meilleure qualité. Le service Escale des Armées , fourni conjointement par l'Économat des Armées et la société EADS-Astrium, offre ainsi aux personnels engagés en OPEX des prestations de téléphonie mobile et d'accès Internet qui n'existaient pas jusqu'alors, afin de leur permettre de communiquer avec leurs proches dans les meilleures conditions possibles tout en respectant les exigences opérationnelles et légales. Quant à l'expérimentation CAPES France, qui a consisté à confier à l'Économat des armées l'intégralité du soutien de bases française en Afghanistan, au Kosovo et au Tchad, elle avait entre autres pour objet l'amélioration de la qualité des prestations aux soldats.

Dans cette perspective, l'objectif d'externalisation, au-delà de la réduction des coûts, est la recherche de gains d'efficience, c'est-à-dire la conjugaison des aspects économiques et qualitatifs, en cohérence avec le mode de fonctionnement des armées.

B. L'EXTERNALISATION DE SUBSTITUTION

Ce type d'externalisation consiste à remplacer les personnels militaires et les moyens patrimoniaux existants par un prestataire extérieur.

Elle peut être motivée par la recherche d'économies au sens large ou la nécessité de respecter le plafond d'effectifs autorisés pour l'opération, tout en préservant au maximum le nombre de combattants.

Le but peut être double. L'externalisation du transport intra-théâtre sur la boucle arrière au Mali permet, en recourant à des transporteurs civils, à la fois d'éviter d'user le matériel militaire, dont le coût et les frais de maintenance sont particulièrement élevés, et de supprimer des effectifs dans le soutien au profit des forces opérationnelles.

À titre d'exemple, l'acheminement du fret par voie aérienne civile entre Bamako et Gao dans le cadre de l'opération Serval a permis de préserver le potentiel réduit des avions de transport tactique et de réserver ces derniers pour les missions opérationnelles, tout en réalisant de très substantielles économies. L'acheminement de 120 tonnes de fret entre Bamako et Gao coûterait ainsi environ 1 020 000 euros en utilisant les moyens militaires contre 265 000 euros dans le cadre du marché passé avec la société Daher, qui affrète des Antonov 12.

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