II. UN MODÈLE QUI N'EST PAS SOUTENABLE, POUR LA CHINE ELLE-MÊME

A. D'IMPORTANTES INÉGALITÉS SOCIALES ET TERRITORIALES

Si la richesse nationale de la Chine a crû de manière exceptionnelle en volume, la traduction dans les statistiques « par habitant » ne s'est pas encore réalisée. Ainsi, le PIB par habitant, qui reste très éloigné des standards des pays développés, a lentement progressé pour atteindre environ 7 572 dollars en 2014 contre presque 54 678 aux Etats-Unis ou presque 45 384 en France. Selon la Banque mondiale, le PIB par habitant de la Chine ne représentera encore que 16 % de celui des Etats-Unis en 2019.

Evolution du produit intérieur brut (en dollars par habitant)

D'après les chiffres de la Banque mondiale

Les statistiques sont difficiles à établir mais de nombreuses études, réalisées notamment par des universités chinoises, mettent en avant une grande inégalité dans la répartition des richesses. Un pour cent des ménages les plus riches en Chine contrôleraient plus d'un tiers des richesses du pays, tandis que 25 % des ménages les plus pauvres en détiendraient seulement 1 %. Le coefficient de Gini, statistique fréquemment utilisée pour mesurer l'inégalité des revenus dans un pays, varie selon les sources mais divers experts estimaient, il y a quelques années, qu'il avait atteint un niveau inquiétant. Un journal chinois, le Global Times, estimait en 2013 que la société chinoise était devenue la plus inégalitaire du monde. 200 millions de Chinois vivent encore avec moins de 2 dollars par jour, 60 millions avec moins d'un dollar par jour.

Les disparités de revenus et de développement sont également importantes entre les zones urbaines et les zones rurales et entre la région côtière et les provinces de l'intérieur du pays.

Le « hukou », qui a fortement contribué au succès du développement de la Chine, participe de ces inégalités. Système d'enregistrement et de contrôle de la population instauré à l'époque maoïste, il crée une division durable entre les personnes et entre les villes et les campagnes. Les travailleurs migrants ont assuré aux entreprises urbaines une main-d'oeuvre à bas coût, car ils disposent de moins de droits, en particulier en matière de logement ou de protection sociale.

B. DES CONSÉQUENCES ENVIRONNEMENTALES DRAMATIQUES

L' industrialisation de la Chine et son urbanisation rapide, à une époque encore peu propice aux questions écologiques et dans un contexte de fort retard de développement, ont entraîné une dégradation généralisée de l'environnement. Ces phénomènes s'ajoutent à une habitude ancienne de déforestation et à une utilisation intensive des terres arables , en trop petit nombre pour pouvoir espérer nourrir l'ensemble de la population chinoise.

La Chine, qui extrait environ la moitié de la production mondiale, est, par exemple, fortement dépendante du charbon comme source d'énergie. Les émissions de CO 2 , des différents gaz à effet de serre et des particules fines ont beaucoup progressé en Chine, en particulier en raison du formidable accroissement de la circulation automobile.

Le pays connait des niveaux particulièrement élevés de pollution , que ce soit dans l'air , l'eau ou les sols . À Pékin, les habitants ont oublié que le ciel était naturellement bleu..., sauf quand un sommet international ou une commémoration particulièrement importante, comme celle de la fin de la Seconde guerre mondiale, entraine, à la demande des autorités, la fermeture des usines et des restrictions de circulation automobile. L'agriculture utilise massivement des pesticides et d'autres produits chimiques.

Les indices de qualité de l'air ou de l'eau font l'objet d'échanges entre les autorités, qui tentent de minimiser les alertes tout en affichant une certaine conscience des niveaux atteints, et des associations ou ONG qui se sont développées malgré les difficultés.

À la suite de plusieurs catastrophes dont les autorités n'ont pas pu contrôler - au moins dans un premier temps - la médiatisation (eaux polluées par des produits chimiques déversés dans des rivières, porcs morts par centaines dans la rivière Huangpu,...), l'opinion publique se mobilise aujourd'hui sur les questions environnementales.

Il en est de même en ce qui concerne la sécurité sanitaire après plusieurs scandales retentissants (contamination aux métaux lourds, mélamine dans du lait en poudre pour nourrissons, produits carnés frauduleux,...).

Il est certain, même si là aussi il est difficile d'obtenir des statistiques fiables, que les effets sur la santé de la dégradation de l'environnement sont et seront importants, en particulier en termes de morts prématurées ou d'augmentation prévisible du nombre de cancers.

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