ASPECTS SOCIO-ÉCONOMIQUES DE LA MOBILITÉ DURABLE

M. Michael Nentwich, Institut d'évaluation technologique autrichien. Je vais vous présenter des études menées par l'Académie des sciences autrichienne, dont l'une des commissions s'intitule « mobilité durable ». Cette commission compte cinq groupes de travail, dont l'un, que je préside, est en charge des aspects socio-économiques de la mobilité.

Le sujet dont nous débattons aujourd'hui, la mobilité durable, relève selon moi, à 80 %, d'éléments technologiques et, à 20 % au moins, d'aspects sociaux et juridiques.

Voici quelques semaines, nous avons publié à ce propos un rapport d'une quarantaine de pages, malheureusement disponible pour l'instant uniquement en langue allemande, dont je vais vous présenter les principaux résultats. Il faut savoir que ces travaux concernent en premier lieu l'Autriche mais valent certainement pour l'essentiel des pays européens.

Il existe en Autriche un certain élan vers la mobilité durable. Il apparaît qu'elle ne sera vraisemblablement pas binaire mais plutôt composée d'un mélange de différents moyens de transport. La circulation automobile n'est pas une mauvaise chose en soi : tout dépend des circonstances, des technologies, des usages.

Cette étude a également montré que la e-mobilité jouera un rôle important à tous les niveaux, tout comme les concepts alternatifs de mobilité tels que l'autopartage.

Les technologies de l'information et de la communication occuperont dans ce schéma une place très importante. BlaBlaCar en est une parfaite illustration. On pense également au développement du télétravail, des visioconférences, etc .

Le potentiel des transports en commun, tout comme celui du vélo ou de la marche, n'est en outre pas encore complètement exploité en Autriche. On estime que la mobilité dans les villes se répartira à l'avenir de la manière suivante : 20 % en bicyclette, 30 % pour la marche, 40 % en transports publics et 10 % seulement en voitures particulières.

Nous nous sommes par ailleurs attachés à identifier les principaux obstacles, parmi lesquels les différentes réglementations en matière d'occupation des sols, avec l'extension des zones urbaines qui augmente les besoins de transport. Ils se font ressentir avec une acuité accrue avec des distances qui augmentent. Il n'existe aucun mécanisme permettant d'internaliser les coûts externes du système de transport conventionnel. Il se crée ainsi un malaise entre les moyens de transport traditionnels et les nouvelles formes de mobilité.

Il apparaît, en outre, que la population n'est pas très au fait des différentes possibilités alternatives qui lui sont offertes.

Enfin, la régulation des flux de circulation a tendance à privilégier les voitures, au détriment des cyclistes, des piétons et des transports en commun.

Sont également mentionnées dans ce rapport des recommandations préliminaires formulées par la commission à l'issue de ses travaux ; d'autres suivront. Citons notamment une meilleure sensibilisation du public à l'existence des modes de déplacement alternatifs et, pour résoudre un problème d'information, la proposition de création d'une chambre de compensation pour la gestion des données en matière de mobilité. Nous avons également préconisé de faire en sorte que l'ensemble de la planification se fasse de manière plus inclusive, plus participative. Nous appelons, par ailleurs, de nos voeux le développement de travaux interdisciplinaires sur toutes ces questions. Les recommandations mettent également l'accent sur l'importance des réformes réglementaires et sur la question des coûts et de la fiscalité.

QUATRIÈME TABLE RONDE :
L'IMPLICATION DU CITOYEN DANS LA GESTION
DES TECHNOLOGIES INTELLIGENTES

Présidence de Mme Dominique Gillot, sénatrice, membre de l'OPECST, et de Mme Matilda Ernkrans, présidente de la Commission de l'environnement et de l'agriculture du Parlement suédois.

Mme Dominique Gillot. Cette quatrième table ronde est consacrée à une manière moins conventionnelle d'aborder la lutte contre les changements climatiques.

On évoque en effet généralement cette question par le biais des solutions technologiques, en termes, par exemple, d'économies d'énergie ou d'énergies renouvelables et des conditions, notamment financières, de leur mise en oeuvre.

Avec cette table ronde, nous souhaitons aborder la question des changements climatiques sous l'angle des comportements individuels, qui doivent donner toute leur efficacité aux solutions technologiques et aux innovations qui leur sont associées. Il s'agira ainsi d'identifier ces comportements et de les analyser de manière transversale, dans une logique d'interdisciplinarité, notamment au niveau des principes psychologiques qui les orientent. En effet, nous n'ignorons pas, domaine par domaine, que l'adhésion, la compréhension, l'appréhension des utilisateurs sont fondamentales pour atteindre les objectifs à moyen et long terme, de façon durable.

Ainsi, les professionnels du bâtiment connaissent bien l'effet dit « rebond », cette attitude consistant à profiter d'un environnement énergétique plus efficace pour prendre ses aises ou à mettre à profit une baisse de sa facture énergétique pour chauffer davantage, contrecarrant ainsi les effets attendus d'une réglementation qui se voulait contraignante.

Une politique publique dispose, pour infléchir les comportements, des moyens classiques que sont les obligations réglementaires et les aides fiscales ; mais on sait que l'information, l'éducation, la participation permettent d'obtenir une adhésion spontanée des individus, moins certaine, peut-être plus aléatoire, mais aussi moins coûteuse pour l'administration quoique difficilement quantifiable.

Le rôle conféré aux intervenants de cette table ronde sera soit d'évaluer les dispositifs d'implication déjà connus, soit d'en signaler d'autres, en fournissant, chaque fois que possible, des éléments d'analyse objectifs. Il s'agira notamment d'examiner l'implication des citoyens, par le truchement des technologies qualifiées d'intelligentes ou leur détournement.

Face au défi bien concret des changements climatiques, il ne s'agit plus, en effet, désormais d'échanger sur des intuitions ou des croyances mais de parvenir à savoir ce qui fonctionne, de l'encourager, de susciter de nouvelles démarches en s'appuyant sur la créativité de la société civile, des citoyens, qui sont le matériau vivant capable de démultiplier les efforts pour limiter les effets des changements climatiques.

Mme Matilda Ernkrans. Le moment est venu de parler de l'implication des citoyens dans les nouvelles technologies. Il a été dit, lors de la première table ronde, qu'il nous fallait adopter cette perspective citoyenne, considérer l'être humain, qui mérite au quotidien un cadre de vie praticable, au sein d'un monde touché par le changement climatique.

Lorsqu'il a été question précédemment des voitures et de l'évolution des systèmes de transport, j'ai pensé qu'il nous fallait adapter notre approche et notre regard. Nous savons, en effet, que l'automobile, qui utilise largement les énergies fossiles, est destinée aux humains, et notamment à ceux disposant des moyens financiers suffisants. Il faut espérer que les systèmes du futur concerneront tout autant les moins nantis et les femmes, sinon nous nous serons fourvoyés.

J'espère que les échanges qui vont suivre nous conduiront à voir plus clairement comment faire participer les citoyens à l'utilisation de ces nouvelles technologies.

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