B. PRODUIRE DES STATISTIQUES MENSUELLES DU CHÔMAGE AU FORMAT DU BIT : UN HORIZON À ATTEINDRE

Si le rythme mensuel de publication des statistiques a, dans les faits, peu de signification économique, il semble difficile de revenir à un rythme plus espacé. C'est pourquoi il apparaît indispensable de fiabiliser les chiffres communiqués chaque mois. La réalisation d'une mesure mensuelle du chômage au sens du BIT doit constituer un objectif qui, s'il demandera certains efforts, le cas échéant budgétaires, ne semble pas inatteignable .

1. Des statistiques mensuelles au format du BIT sont déjà produites par certains pays et organisations internationales

Selon l'OIT, une douzaine d'États membres établissent des statistiques du chômage au sens du BIT à un rythme mensuel. Il s'agit de l'Australie, du Canada, du Chili, de la Finlande, de la Chine (pour Hong-Kong et Macao seulement), du Japon, de la Corée du Sud, de la Malaisie, de la Suède, de Taïwan, des États-Unis et de l'Uruguay.

Au sein de l'Union européenne, seules la Suède et la Finlande établissent des statistiques issues d'enquêtes sur les forces de travail réalisées à un rythme mensuel. Les autres États membres publiant des chiffres mensuels, tels que l'Autriche, la République Tchèque, l'Allemagne, le Danemark, l'Estonie, la Grèce, la Finlande, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, la Lituanie, la Lettonie, les Pays-Bas, le Portugal et la Roumanie se fondent sur une méthode hybride (en extrapolant un nombre de chômeurs à partir des données administratives) ou publient à un rythme mensuel une mesure trimestrielle « glissante » 29 ( * ) (au Royaume-Uni par exemple).

Le recours aux méthodes hybrides, comme cela est le cas pour un certain nombre de pays et Eurostat, ne semble cependant pas pleinement satisfaisant , ainsi que l'a rappelé Yves Perardel : « le travail d'extrapolation mené par Eurostat à partir des données mensuelles issues des registres administratifs peut présenter des risques. Si l'on veut obtenir des données mensuelles valables, il faudrait surtout augmenter l'échantillon des enquêtes emploi afin de pouvoir publier des données mensuelles avec la même confiance qui entoure les données trimestrielles actuelles ».

2. Parvenir à la production de chiffres mensuels au format du BIT dans le cadre d'une enquête Emploi enrichie doit constituer l'horizon à atteindre

La méthodologie actuelle de l'enquête Emploi ne peut pas être employée en l'état pour l'établissement de chiffres mensuels du chômage conformes à la définition du BIT car elle supposerait une augmentation considérable de son coût . Selon Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee 30 ( * ) , une multiplication par trois de la taille de l'échantillon reviendrait à une augmentation du même ordre du coût de l'enquête, qui passerait ainsi de 20 millions d'euros à près de 60 millions d'euros.

Dès lors, il convient d'envisager la production de chiffres mensuels conformes à la définition établie par le BIT mais selon une méthodologie moins coûteuse bien que statistiquement fiable .

Votre rapporteur considère que les nouvelles technologies doivent permettre d'atteindre cet objectif . Il a cependant conscience de l'importance du travail à mener et des difficultés engendrées par une telle évolution.

Dans la réponse au questionnaire de votre rapporteur, l'Insee a indiqué investir « aussi dans le développement d'enquêtes via internet afin d'offrir aux enquêtés un mode de réponse supplémentaire, permettant de contenir au maximum la non-réponse à l'enquête. Cependant, les échanges d'expérience entre pays européens engagés dans la réponse par internet font état de risques de rupture de séries associés à ce mode de collecte ».

Le contenu de l'enquête Emploi pourrait également être enrichi afin de donner une image plus précise et exhaustive de la situation de l'emploi et du chômage en France . En particulier, il conviendrait de présenter un certain nombre d'indicateurs permettant une mesure de la précarité, dont le champ dépasse celui du sous-emploi. Comme l'a rappelé Pierre-Édouard Magnan, délégué fédéral du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) 31 ( * ) , « les chiffres de l'Insee ont pour avantage de ne concerner que le seul chômage. Il faudrait presque créer, à côté, un indice de travail précaire ».


* 29 Les statistiques des trois derniers mois sont publiées chaque mois.

* 30 Audition du 16 mai 2016.

* 31 Audition du 26 mai 2016.

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