ANNEXE I - PRÉSENTATION DES INSTANCES DE COOPÉRATION POLITIQUE

Une présentation extraite d'une étude de juin 2014 sur la stratégie de développement de l'Union européenne dans le pacifique note que certaines dimensions particulièrement intéressantes de ces instances de coopération politique concernent « l'inclusion ou l'exclusion des principales puissances régionales que sont l'Australie et la Nouvelle-Zélande, le rôle des nations insulaires du Pacifique dans les organisations de niveau mondial, ainsi que les distinctions infrarégionales reflétant les divisions géographiques et culturelles traditionnelles entre la Mélanésie, la Polynésie, et la Micronésie. » Cette présentation est reproduite ci-après.

a) Les organisations régionales au fonctionnement consensuel

(1) Le Forum des îles du Pacifique (FIP)

Le FIP est le partenaire régional de l'Union européenne. À l'heure actuelle, 13 des 15 États du groupe PACP se réunissent une fois par an avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande dans le cadre du Forum des îles du Pacifique (FIP) ; les Fidji ne sont pas membres pour le moment, et le Timor-Oriental dispose d'un statut d'observateur spécial. Le FIP est le partenaire principal de l'action de développement de l'Union européenne et la principale plate-forme de dialogue politique avec le Pacifique à l'échelle régionale.

Le Forum des îles du Pacifique a été créé en 1971 sous le nom de Forum du Pacifique Sud et a été rebaptisé en 2000 pour tenir compte des nouvelles nations du Pacifique situées au Nord de l'équateur. Sa forme et sa constitution actuelles datent de l'accord de 2005, qui a fait du FIP une organisation intergouvernementale aux yeux du droit international et a étendu le rôle des partenaires de dialogue. Les trois territoires des États-Unis que sont les Samoa américaines, Guam, et le Commonwealth des Îles Mariannes du Nord ont récemment obtenu le statut d'observateur. Les pays et territoires d'outre-mer du Pacifique, ainsi que les Nations Unies et plusieurs autres agences internationales sont des membres associés, et l'Union européenne et 13 autres grands pays sont des partenaires de dialogue. Le secrétaire général du Secrétariat du Forum des îles du Pacifique (SFIP) est l'ordonnateur régional (RAO) pour le programme indicatif régional (PIR) de l'Union européenne destiné aux pays ACP du Pacifique. Le SFIP préside également le Conseil des organisations régionales du Pacifique (CROP).

En outre, le FIP est responsable du Plan du Pacifique 2006-2015, qui constitue un guide important des engagements et des projets mis en oeuvre en matière de développement par les différents pays et organisations dans la région du Pacifique, notamment par l'Union européenne. L'Union européenne a le statut de partenaire de dialogue au sein du Forum des îles du Pacifique, qui organise un dialogue officiel post-Forum avec 14 partenaires externes, y compris l'Union européenne (ainsi que la France, l'Italie et le Royaume-Uni). Pour le meilleur et pour le pire, selon le point de vue, l'aide au développement de l'Union européenne à destination du Pacifique est inextricablement liée au FIP et à son réseau organisationnel régional.

(2) Les Petits États insulaires en développement du Pacifique (PEIDP)

Il s'agit de 11 pays insulaires indépendants du Pacifique qui appartiennent au groupe plus large des PEID en compagnie des petites nations insulaires des Caraïbes et de la région AIMS (Atlantique, océan Indien et mer de Chine méridionale).

Créée en 1992, l'organisation des PEID est représentée à l'ONU et ses membres collaborent afin de faire progresser les intérêts communs propres à ces pays, ainsi que les objectifs du Millénaire pour le développement. L'année 2014 a été désignée par l'ONU comme année internationale des PEID. La sous-section du Pacifique a vu le jour en 2007.

(3) L'Alliance des petits États insulaires (AOSIS)

C'est une coalition composée de 39 petits États insulaires (dont 5 du Pacifique, y compris le Timor-Oriental) qui présentent des difficultés de développement et des préoccupations similaires concernant l'environnement. L'AOSIS négocie d'une seule voix pour l'ensemble des PEID à l'ONU et est actuellement présidée par l'ambassadeur de Nauru auprès des Nations unies, qui est également à la tête de l'organisation des PEID du Pacifique.

(4) Le Groupe des dirigeants polynésiens (PLG)

Ce nouveau groupe de coopération intergouvernementale associe huit pays ou territoires indépendants ou autonomes : Samoa, Tonga, Tuvalu, Îles Cook, Niue, Samoa américaines, Polynésie française et Tokelau. Le PLG a été créé en 2011 au terme d'un projet de longue haleine visant à contrebalancer la place toujours plus importante prise par le GMFL.

(5) Le Sommet des dirigeants de Micronésie (MCES)

Cette organisation est composée des dirigeants du Commonwealth des Îles Mariannes du Nord, du territoire de Guam, de la République des Palaos, de la République des Îles Marshall, des États fédérés de Micronésie, ainsi que de leurs quatre Gouverneurs d'État (Chuuk, Yap, Pohnpei et Kosrae). Depuis 2003, le MCES se réunit deux fois par an et publie un certain nombre de communiqués communs.

b) Les organisations de coopération construites en réaction à l'organisation de la zone

(6) Le Groupe mélanésien Fer de lance (GMFL)

Il s'agit d'un rassemblement des grands pays mélanésiens du Sud-ouest du Pacifique qui s'occupe de services administratifs, de développement économique et social, d'affaires politiques, ainsi que de commerce et d'investissement. Ses membres sont la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Îles Salomon, le Vanuatu, les Fidji, et l'organisation autochtone FLNKS de Nouvelle-Calédonie.

Eu égard à la population mélanésienne très nombreuse de sa province de Papouasie (la moitié occidentale de l'île de Nouvelle-Guinée), l'Indonésie a le statut d'observateur, même si certains mouvements régionaux préféreraient que le statut d'observateur soit réservé au FreePapua Movement.

Le groupe est proche du Mouvement des non-alignés, les Îles Salomon étant le seul État du Fer de lance à ne pas être membre de cette organisation. Créé à l'origine par les États mélanésiens pour « regrouper leur forces afin de peser lourd dans la balance régionale et internationale en faveur de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie », selon ses statuts, l'organisation a évolué depuis les années 1990 vers un accord de coopération économique, renforcé par une volonté de solidarité inter-mélanésienne.

(7) Le Forum pour le développement des îles du Pacifique (FDIP)

Il s'agit de l'organisation régionale la plus récente, créée après la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20) de 2012, qui a pris l'initiative dans le domaine de l' « économie verte » en tant qu'outil du développement durable. La première réunion du FDIP a eu lieu aux Fidji en août 2013.

La naissance du FDIP n'est pas sans lien avec l'éviction des Fidji du FIP depuis 2009 : les Fidji accueillent le secrétariat du FDIP, et il convient de noter que le FDIP exclut l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En revanche, il est ouvert à tous les pays insulaires du Pacifique, quel que soit leur statut politique, qu'il s'agisse d'États indépendants ou de territoires dépendants (y compris les PTOM). En ce sens, le FDIP peut être considéré comme plus ouvert que le FIP, qui n'admet que les États indépendants. Fondé par des leaders des secteurs public et privé et des membres de la société civile des îles du Pacifique qui souhaitent faire face aux difficultés régionales de développement des PEIDP grâce à un cadre Pacifique des « économies vertes/bleues », le FDIP est clairement un prolongement de la critique désormais répandue du « développement à l'initiative des donateurs ».

La concurrence entre ces différentes organisations sans être exacerbées en ce moment peut être réelle. Ainsi, l'étude de l'Union européenne ne cite pas la Commission du Pacifique Sud devenue Communauté du Pacifique.

(8) La Communauté du Pacifique (CPS)

La CPS est une organisation internationale, elle a été fondée en 1947 peu après la Seconde Guerre mondiale par l'Australie, les États-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. À l'époque, ces six pays administraient des territoires du Pacifique et anticipaient les avantages qu'ils pourraient retirer en leur apportant une aide « coordonnée ». Appelée à l'origine « Commission du Pacifique Sud », elle a été rebaptisée en 1997, « Secrétariat général de la Communauté du Pacifique », sa zone d'intervention s'étendant désormais du nord au sud du Pacifique. La CPS contribue au développement des compétences techniques, professionnelles, scientifiques et des capacités de recherche, de planification et de gestion de 22 États et territoires insulaires du Pacifique. Avec les quatre membres fondateurs restés membres de l'organisation que sont l'Australie, la France, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, la Communauté du Pacifique est aujourd'hui composée de 26 États membres.

Si l'action de la CPS est aujourd'hui unanimement reconnue, dans les domaines du développement durable, du soutien à l'autonomie des populations, etc., il convient de se rappeler que le FIP a été fondé comme une sorte de miroir teinté d'hostilité à la CPS, alors que les essais nucléaires fédéraient les pays insulaires contre leurs auteurs.

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