ANNEXE 4 - Présentation synthétique des réponses apportées par les parlements nationaux sur le suivi des positions européennes

Question : Quel est le fondement constitutionnel ou législatif sur lequel le parlement de votre pays contrôle la politique européenne de votre gouvernement ? Selon quelles modalités et procédures ?

BELGIQUE

Chambre fédérale des représentants

- Traité de Lisbonne

- Constitution : art. 101, 74, 77, 78, 100 et 168

- Règlement : art. 68

Sénat

- Traité de Lisbonne

- Constitution : art. 56

- Règlement : art. 66

À travers la commission fédérale consultative qui regroupe des membres des deux chambres et des députés belges au Parlement européen (contrôle du principe de subsidiarité et de proportionnalité - dialogue politique avec la Commission - adoption de résolutions)

AUTRICHE

Conseil Fédéral

Conseil National

- Constitution : art. 23

Les deux chambres ont la possibilité de limiter le champ d'action des ministres lors de la négociation et du vote d'un projet européen ; les ministres peuvent s'écarter des recommandations reçues mais ils doivent aussitôt s'en expliquer ; si le projet européen entraîne une modification de la législation nationale, les ministres compétents ne peuvent s'écarter de leur mandat que si le Parlement ne s'y est pas opposé en temps voulu.

SLOVÉNIE

L'Assemblée nationale fixe tous les 18 mois le cadre de l'action européenne du gouvernement. Si le gouvernement considère que, dans l'intérêt du pays, il doit s'écarter des lignes directrices votées par l'Assemblée, il peut le faire mais il doit aussitôt en informer l'Assemblée.

HONGRIE

- Loi fondamentale : art. 19

L'Assemblée nationale se prononce sur les projets européens et le gouvernement est tenu de respecter la position prise par l'Assemblée.

- Loi n° 36 de 2012

Cette loi organise le contrôle de l'Assemblée dans le domaine législatif européen, ainsi que la collaboration entre législatif et exécutif pendant l'élaboration des textes législatifs européens.

La commission des affaires européennes impose les positions du parlement sur les projets européens.

FINLANDE

- Constitution : art. 96 et art. 97

- Règlement : art. 30

Le gouvernement doit communiquer tous les projets législatifs au parlement qui prend position sur ces textes.

Le parlement se prononce sur les projets européens sous forme de déclarations et les communique au gouvernement.

LITUANIE

- Loi constitutionnelle de 2004 pour l'appartenance de la Lituanie à l'Union européenne

Le gouvernement fournit au parlement tous les documents et toutes les informations nécessaires à une bonne connaissance de l'agenda européen ; les commissions des affaires étrangères et des affaires européennes les examinent et se prononcent sur les positions que le gouvernement doit adopter. Après les Conseils européens, le gouvernement vient devant le parlement rendre compte des négociations et des positions qu'il a prises.

LETTONIE

- Constitution : art. 25, 27 et 59

- Règlement du parlement : art. 185

Création d'une commission des affaires européennes

Le parlement examine et se prononce sur les projets européens et sur la position prise par le gouvernement avant que celui-ci la transmette aux institutions européennes.

ESTONIE

La commission des affaires européennes est une commission permanente qui a un rôle de coordination et le pouvoir de décider sur toutes les questions européennes : elle donne mandat au gouvernement pour agir sur les projets européens avant leur passage en Conseil des ministres et en Conseil européen.

Les positions prises par la commission constituent un mandat impératif pour le gouvernement. Si le gouvernement y déroge, il doit en fournir les raisons à la commission.

ROUMANIE

Chambre des députés

- Constitution : art. 109, 112 et 148

Le gouvernement a obligation de transmettre au parlement les projets législatifs européens.

ESPAGNE

Congrès des députés

Sénat

- Constitution : art. 93, 94 et 97

Règlement de la chambre : art. 154 à 160 et 144 à 147

Lois n° 8 du 19 mai 1994 sur la commission mixte paritaire pour les affaires européennes.

La Commission mixte paritaire pour les affaires européennes est composée de membres des deux chambres. Cette commission conforme son action sur le protocole n° 2 du TUE sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité.

SLOVAQUIE

Conseil national

Loi constitutionnelle n° 397/2004.

Règlement du Conseil national

Le gouvernement a l'obligation d'informer le Conseil national et ce dernier a le pouvoir d'approuver on non les positions du gouvernement.

Le Conseil national a le droit (c'est une faculté) de commenter les positions du gouvernement sur les projets législatifs européens. Si le Conseil national approuve une position du gouvernement, cette position devient contraignante pour le gouvernement. Si ce dernier s'en écarte, il doit sans délai venir expliquer ses choix devant le Conseil national et demander au parlement de modifier sa position.

PORTUGAL

Assemblée

- Constitution : art. 161, 163, 197, 164 et 165

- Loi n° 43/2006 du 25 août 2006

Contrôle du principe de subsidiarité

Contrôle de la politique européenne du gouvernement  - système proche de celui de la France

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

Assemblée

Sénat

- Constitution : art. 10b

- Règlement des chambres

Le gouvernement informe le parlement régulièrement sur les questions liées à ses obligations internationales.

Comme en France, le parlement tchèque vote des résolutions sur les projets européens et le gouvernement doit en tenir compte.

SUÈDE

- Constitution : chapitre 10 art. 9 - chapitre 7, art. 3

Obligation d'informer le parlement et de le consulter sur les projets européens

Existence d'une commission européenne

Le gouvernement n'est pas obligé de respecter les positions de la commission des affaires européennes, mais il doit agir en conformité avec les conseils et les avis qu'elle lui a donnés. Dans le cas contraire, le gouvernement doit avoir de bonnes raisons pour ne pas le faire et, dans le cas où il n'aurait pas suivi le mandat de la commission, sans pouvoir convaincre la chambre que c'était pour de bonnes raisons, il s'expose à la critique, voire à un vote de défiance.

GRÈCE

- Constitution : art. 70 qui enjoint la chambre de prévoir la manière dont le parlement est informé et les modalités de l'exercice de son pouvoir de contrôle

- Règlement du Conseil national

La commission des affaires européennes donne un avis consultatif selon les projets européens.

ALLEMAGNE

Bundestag

- Art. 23 de la Loi Fondamentale :

« Le Bundestag et les Länder par l'intermédiaire du Bundesrat concourent aux affaires de l'UE. Le gouvernement doit informer le Bundestag et le Bundesrat de manière aussi complète que possible... dans les négociations, le gouvernement fédéral prend en considération les positions du Bundestag ».

La loi relative à l'exercice de la responsabilité d'intégration du Parlement dans les affaires européennes du 29 septembre 2009 prend en compte la jurisprudence de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe de 2009 qui considérait que les droits du parlement de participation aux affaires européennes étaient insuffisants.

C'est pourquoi aujourd'hui le gouvernement fédéral ne peut pas approuver le passage d'un domaine de l'unanimité à la majorité qualifiée, ni approuver des propositions européennes considérées comme relevant des domaines essentiels à la souveraineté parlementaire (fiscal, social, pénal, civil, ...) sans que soit votée une loi préalable d'autorisation.

Sans aller jusqu'au mandat impératif pratiqué chez certains États membres, la loi prévoit cependant que, lorsque le Bundestag émet un avis, le gouvernement fédéral en fait la base de ses négociations.

Le gouvernement doit essayer de parvenir à un accord avec le Bundestag avant une décision finale au Conseil. À la demande d'un quart des parlementaires, le gouvernement doit se justifier publiquement s'il s'est éloigné de la position du Bundestag, lors des négociations.

Depuis la décision de 2011 de la Cour de Karlsruhe, l'avis du Bundestag lie le gouvernement fédéral sur toute question touchant à l'euro.

La Commission des affaires européennes du Bundestag a été instituée en 1994 et figure dans la Loi Fondamentale.

ALLEMAGNE

Bundesrat

- Art. 23 de la Loi Fondamentale

Le Bundesrat est associé à la surveillance de la politique européenne du gouvernement fédéral, qui le consulte dans les domaines concernant les Länder en vue de trouver un accord sur le projet européen concerné. En cas de désaccord, le Bundesrat confirme sa position par un vote à la majorité qualifiée des deux tiers. Cette position doit être respectée par le gouvernement fédéral dans la mesure du possible.

ROYAUME UNI

Communes

Lords

Le mécanisme de la réserve parlementaire implique que le gouvernement ne peut adopter une position définitive sur un projet européen sans examen préalable de celui-ci au Parlement, mais le gouvernement n'est pas lié par cet avis.

Les deux chambres fonctionnent différemment en matière de contrôle des affaires européennes.

La Chambre des Communes et la Chambre des Lords ont chacune une commission des affaires européennes ; mais celle des Lords est composée d'une commission principale et de six sous-commissions spécialisées et très actives.

La Chambre des Communes contrôle le gouvernement en analysant les documents et en maîtrisant la réserve d'examen parlementaire, tandis que la Chambre des Lords entretient un dialogue approfondi avec les institutions européennes.

PAYS BAS

Première chambre

Deuxième chambre

- Pas de disposition dans la Constitution, mais quelques dispositions dans les lois de ratification des traités

La réserve d'examen parlementaire prévoit que dans les deux mois suivant la publication d'un texte par la Commission européenne, le parlement peut demander au gouvernement de réserver cette proposition d'acte législatif.

Le contrôle fonctionne sur le modèle français et la commission des affaires européennes de la Deuxième chambre intervient seulement à titre de coordination puisque les commissions sectorielles sont directement chargées des affaires européennes.

Le gouvernement présente au Parlement son programme de travail annuel dans le domaine européen.

POLOGNE

Chambre des députés

Sénat

- Constitution : art. 95

- Loi du 8 octobre 2010

- Règlement de la chambre des députés : art. 32

Tous les six mois au minimum, le gouvernement fait un compte rendu de ses activités européennes devant les chambres.

Le gouvernement tient le parlement informé du suivi des négociations et de l'élaboration du corpus législatif européen. Avant toute prise de position aux Conseils européens sur des projets législatifs européens, le gouvernement fournit par écrit au parlement la teneur de la position qu'il a l'intention de prendre. Quand le parlement a pris une position sur un projet législatif européen, cette position doit servir de base pour le gouvernement. Si le gouvernement s'en éloigne, il doit immédiatement en informer le parlement.

Bilan chiffré des positions européennes prises par les Parlements

PAYS

PÉRIODE

PRISES DE POSITIONS

RÉSOLUTIONS ADOPTÉES

Belgique
Chambre des représentants

Juin 2014 à octobre 2016

14

Belgique
Sénat

2016

néant

Estonie

2016

non communiqué

Lettonie

Octobre 2014 à octobre 2016

258

Lituanie

Mars 2016 à septembre 2016

8

Finlande

Février 2016 à juillet 2016

80

Hongrie

2015-2016

3

Slovénie

Janvier 2016 à octobre 2016

28

Autriche

non communiqué

Grèce

non communiqué

Suède

2016

non communiqué

Portugal

Novembre 2015 à septembre 2016

53

République tchèque

2016

72 résolutions

Slovaquie

2015

5

Pologne

Novembre 2015 à octobre 2016

6

Espagne

2016

5

Roumanie

Janvier 2016 à septembre 2016

33

Royaume-Uni

Octobre 2014 à février 2016

17

Allemagne
Bundestag
Bundesrat


octobre 2014 à février 2016
2016


12

Question : Comment le gouvernement assure-t-il le suivi des positions prises par votre parlement sur la politique européenne ?

Belgique
Chambre des représentants

Belgique
Sénat

Estonie

Lettonie

Lituanie

Finlande

Hongrie

Slovénie

Autriche

Le gouvernement rend compte de la manière dont il a suivi ou pas les avis du parlement.

Grèce

Le gouvernement informe le parlement de la suite qu'il a donnée à ses avis.

Suède

Le gouvernement doit justifier sa position si elle s'écarte de celle du parlement.

Portugal

République tchèque

Le gouvernement prend en compte les résolutions et, la plupart du temps, s'y conforme.

Slovaquie

Le gouvernement doit se conformer aux positions que le parlement a prises ; dans le cas contraire, il vient devant le parlement exposer son point de vue et demander une modification de la position du parlement.

Espagne

Roumanie

Le gouvernement doit prendre en considération la position du parlement (quand il a pris cette position dans les temps impartis). Comme il est responsable devant le parlement, s'il s'écarte de cette position, il doit lui adresser une motivation écrite.

Pologne

Royaume Uni

Le parlement utilise tous les moyens à sa disposition pour contraindre le gouvernement à se justifier et à rendre compte de son action dans le domaine des affaires européennes

Allemagne

cf. supra

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