II. UN COÛT À L'HEURE DE VOL POURTANT ÉLEVÉ ET EN CROISSANCE

D'une manière générale, le coût à l'heure de vol, qui traduit le coût du maintien en condition opérationnelle pour chaque appareil ou type d'appareil, dépend de l'âge de la flotte considérée .

L'évolution de ce coût suit une courbe en « U » ou en « baignoire » : élevé en début de vie, du fait du manque de maturité de l'équipement, il décroît par la suite, avant de remonter du fait du vieillissement de l'appareil.

Évolution des coûts d'entretien programmé des matériels (EPM)*

* Les montants exacts ont fait l'objet d'une classification « diffusion restreinte » par le ministère des armées.

Source : état-major de l'armée de l'air, réponse au questionnaire de votre rapporteur spécial

Outre les dépenses d'entretien programmé des matériels, qui correspondent aux prestations d'entretien facturées par les industriels ou par les régies ainsi qu'aux achats de pièces de rechanges, le coût « réel » d'une heure de vol comprend d'autres dépenses et notamment celles de masse salariale.

À titre d'exemple, en 2017, au niveau de soutien opérationnel (NSO), la maintenance du Tigre nécessitait 20 heures par homme à l'heure de vol. Celle du NH 90 nécessitait quant à elle en moyenne 25 heures par homme à l'heure de vol .

Lors de son audition devant la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale 9 ( * ) , l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de marine, a ainsi rappelé que « le coût d'une heure de vol d'une Alouette III était d'environ 5 000 euros en 2010, contre bientôt près de 13 000 euros ».

Devant nos collègues de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées 10 ( * ) , il a en outre indiqué qu'« en quatre ans, nous sommes passés de 14 000 à 22 000 euros pour les Lynx ».

Le coût du MCO des hélicoptères a ainsi crû de 56,4 % entre 2009 et 2017, passant de 412 millions d'euros à 645 millions d'euros, soit un taux de croissance annuel moyen de près de 5,8 % .

Évolution du coût du MCO « hélicoptère »

(en CP)

Source : commission des finances du Sénat, d'après les réponses au questionnaire de votre rapporteur spécial

III. UNE INDISPONIBILITÉ PRÉJUDICIABLE À L'ACTIVITÉ OPÉRATIONNELLE ET À L'ENTRAÎNEMENT

A. LA COMPOSANTE « HÉLICOPTÈRES » JOUE UN RÔLE CLÉ DANS LE DÉROULEMENT DES OPÉRATIONS

Présentée par certaines personnes entendues par votre rapporteur spécial comme le « couteau suisse » des armées, la composante « hélicoptères » joue un rôle stratégique majeur .

Elle s'est en particulier avérée indispensable pour les forces spéciales, dans le cadre de l'opération Sabre, et plus généralement en bande sahélo-saharienne (BSS), dans le cadre de l'opération Barkhane.

En effet, l'utilisation des hélicoptères permet une grande mobilité et est indispensable pour l'exploitation, dans des délais très brefs, du renseignement.

Comme le montre le tableau ci-après, les missions réalisées par la composante « hélicoptères » apparaissent très diversifiées .

Missions réalisées par la composante « hélicoptères » par flotte

Armée

Flotte

Type de missions

Missions

Armée de terre

Caïman, Puma, Cougar

Manoeuvre

- Hélitransport, évacuation sanitaire, équipés d'armes de sabord, appui feu de troupes au sol, parachutage de personnel et de matériel, soutien logistique interarmes
- Sollicitations dans le cadre d'interventions de service public (Héphaïstos, inondation, etc.)

Puma et Cougar

- Poste de commandement volant ou non

Puma

- Transport héliporté des équipes du GIGN 11 ( * ) et du RAID 12 ( * ) au sein du GIH 13 ( * )

Caracal

Appui des forces spéciales (manoeuvre et feux)

Gazelle

Reconnaissance et attaque

- Appui des troupes au sol par la délivrance de feux adaptés (missiles HOT)
- Participation à la collecte du renseignement (viseur thermique VIVIANE)
- Missions spécifiques forces spéciales (tir depuis hélicoptères et appui-feux) ainsi que formation en école

Tigre

- Appui feu des unités au sol, en campagne et zone urbaine
- Protection contre la menace aérienne des formations aéromobiles et des troupes au sol
- Escorte et appui feu des aéronefs de l'armée de l'Air et de l'armée de Terre, respectivement dans le cadre des missions de recherche et sauvetage au combat (RESCO) et d'extraction
- Reconnaissance armée, au besoin par pénétration, au-delà des lignes ennemies
- Action anti char (HAD uniquement)
- Destruction d'objectifs terrestres et aériens
- Désignation et marquage de cibles au profit de vecteurs aériens du champ de bataille

Fennec

Formation

- Formation des équipages

Marine nationale

Tous hélicoptères

Connaissance et anticipation

Caïman, Lynx

Dissuasion

- Sûreté de la composante sous-marine et à la capacité de mise en oeuvre à partir du porte-avions

Panther, Dauphin, Caïman, Lynx

Protection

- Concourent à la permanence d'action et d'alerte dans le cadre de la posture permanente de sûreté maritime, en métropole et outre-mer

Panther, Caïman, Alouette III

Prévention

- Participent de manière permanente aux actions de prévention

Panther, Dauphin, Caïman

Intervention

- Concourent à la capacité de réaction autonome aux crises pour constituer une force interarmées de réaction immédiate

Armée de l'air

Tous hélicoptères

Protection

- Posture permanente de sûreté aérienne (Fennec)
- Concours à la sécurité intérieure et défense civile (Puma)
- Contre-terrorisme maritime et aérien (Puma et Caracal)
- Secours et assistance, terrestre et maritime, jour et nuit (Puma et Fennec)
- Projection intérieure des forces de protection (Puma)
- Soutien aux forces de souveraineté (Guyane, Nouvelle-Calédonie : Puma)
- Transport des hautes autorités de l'État (Super Puma)

Fennec et Puma

Prévention

- Soutien aux forces de présence (Gabon : Fennec, Djibouti : Puma)
- Lutte contre les trafics illicites, l'immigration clandestine et la pollution maritime (Puma)

Caracal et Fennec

Intervention

- Gestion de crise, intervention majeure ou échelon national d'urgence
- Reconnaissance, renseignement et surveillance, tireurs embarqués

Caracal

- Recherche et sauvetage au combat
- Opérations spéciales
- Action dans la profondeur
- Appui-feu, canon

Source : commission des finances du Sénat, d'après les réponses au questionnaire de votre rapporteur spécial

En particulier, la composante « hélicoptères » est employée par l'armée de terre dans le cadre de ce qu'elle appelle la « manoeuvre au contact », qui consiste à combiner l'engagement des trois composantes de la fonction « contact » - combat débarqué (l'infanterie), combat embarqué (l'arme blindée cavalerie) et combat aéromobile (aviation légère de l'armée de terre) - afin d'atteindre l'effet recherché en bénéficiant de l'action des armes d'appui.

C'est dans cette logique que s'inscrit le concept d' « aérocombat », défini par l'armée de terre comme « l'intégration des tactiques, des missions, des modes d'action aéromobiles à la manoeuvre aéroterrestre en combinaison avec les autres composantes de la fonction contact ».

Les flottes d'hélicoptères de la marine nationale sont quant à elles principalement embarquées à bord des bâtiments porte-hélicoptères. Elles participent aux cinq fonctions stratégiques que sont la connaissance et l'anticipation, la dissuasion, la protection, la prévention et l'intervention.

Enfin, la composante « hélicoptères » permet de « prolonger les principes de la puissance aérienne dans les basses couches, les basses vitesses et dans les zones peu accessibles et démunies d'infrastructures aériennes, en réalisant une grande variété de missions qui concernent les cinq fonctions stratégiques » 14 ( * ) précitées.


* 9 Audition du 11 octobre 2017.

* 10 Audition du 25 octobre 2017.

* 11 Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale.

* 12 Recherche assistance intervention dissuasion.

* 13 Groupe interarmées hélicoptères.

* 14 Ministère des armées, réponse au questionnaire de votre rapporteur spécial.

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