C. JEUX DE PARIS 2024 : UN HÉRITAGE À GARANTIR POUR LES OUTRE-MER

1. Profiter de la dynamique nationale pour donner un élan territorial : les outre-mer ne doivent pas être oubliés

L'organisation par Paris des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 doit pouvoir créer un réel effet d'entraînement. En effet, ce grand événement est présenté comme un défi pour la France qui s'est fixé un objectif en termes de médailles, mais surtout comme un levier possible pour dynamiser la pratique sportive dans l'ensemble du territoire, autour d'un élan commun.

Ce caractère fédérateur est partagé par les acteurs du sport : ainsi, selon la DJSCS de La Réunion 101 ( * ) , « la perspective des Jeux de 2024 doit stimuler et fédérer l'ensemble des acteurs du sport réunionnais. Leur mobilisation dépendra largement du sens donné aux politiques sportives ». Cependant, la direction se montre inquiète de la stratégie qui pourrait être retenue pour la préparation de ce grand rendez-vous, qui risque même de laisser les outre-mer sur le banc de touche : « sans mesure compensatrice, le recentrage des moyens, motivé par cette échéance, sur la très haute performance (essentiellement concentrée dans les structures d'entraînement en métropole et à l'INSEP) pourrait se traduire par une mise à l'écart des territoires ultramarins et de La Réunion en particulier , territoire paradoxalement formateur et pourvoyeur de sportifs à fort potentiel ».

À ce titre, alors qu'une mission a été confiée à M. Claude Onesta sur la haute performance, dans la perspective des Jeux de Paris 2024, les spécificités des outre-mer semblent peu prises en compte en tant que telles . Ainsi, alors que la future organisation aura vocation à financer prioritairement les athlètes médaillables pour Paris 2024, que « le financement prendra en compte les besoins inhérents à une préparation optimale de tous les athlètes » et que « les coûts de déplacements et de préparation des sportifs ultramarins identifiés comme médaillables seront pris en compte dans les moyens alloués aux fédérations 102 ( * ) », il ne semble se dessiner aucun plan visant à créer un sursaut dans les territoires et à augmenter ainsi le nombre de médaillables.

2. « Héritage 2024 » : quelle stratégie outre-mer ?

La candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024 a été construite autour d'un plan « héritage 2024 » pour la France dans les secteurs économiques, culturels, sportifs et sociaux. Le ministère des outre-mer souligne que ce plan intègre deux mesures pour les outre-mer, suivies par le ministère, en lien avec le ministère des sports :

- valoriser les territoires ultramarins en prenant en compte leur spécificité afin de « créer les conditions pour que cette contribution aux résultats internationaux de la France soit durable et se renforce » ;

- développer une offre de pratique sportive renforcée , adaptée et ciblée dans les outre-mer , à travers un soutien au sport comme facteur de santé, mais aussi une ambition de faire en sorte que tous les ultramarins sachent nager à la fin de la 6 e .

Ces deux objectifs, très généraux, appellent à être précisés et surtout concrétisés. Si le ministère des outre-mer considère que « ces jeux offrent l'occasion de valoriser les territoires ultramarins en mettant notamment en lumière les performances des athlètes mais aussi de développer une offre de pratique sportive renforcée, adaptée et ciblée dans les territoires outre-mer », cela nécessite des mesures fortes et rapides car l'anticipation des échéances se joue aujourd'hui.

Enfin, il convient de signaler que le ministère des sports et le ministère des affaires étrangères, en lien avec le ministère des outre-mer, vont établir des conventions avec les pays qui se trouvent dans les zones régionales des territoires ultramarins pour permettre une mutualisation des entraînements et des échanges avec les sportifs de ces zones ; l'objectif est également de réduire les coûts de déplacement pour les sportifs et éviter qu'ils aient à se déplacer vers l'hexagone.

En vue des Jeux de Paris 2024, le plan « Héritage et Société » du CNDS

Le CNDS dispose depuis l'attribution des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à la capitale d'une enveloppe « héritage et société », abondée en 2018 comme en 2017 de 20 millions d'euros.

Cette enveloppe « Héritage et Société » a notamment pour objet d'encourager le développement d'équipements de proximité au service du sport pour tous et en accès libre : 10 millions d'euros ont été prévus à cet effet en 2017, contre 5 millions en 2018.

Les collectivités ultramarines ont bénéficié de cette enveloppe en 2017 à hauteur de 1,34 millions d'euros. Pour 2018, les équipements prioritairement éligibles sont les plateaux sportifs multisports et les parcours de santé en accès libre avec une priorité aux équipements ayant fait l'objet d'une concertation au plan local et, le cas échéant, aux équipements connectés.

Source : Réponses par le ministère des sports au questionnaire des rapporteures.

3. Faire des outre-mer des « bases avancées de Paris » pour les équipes étrangères ?

Alors qu'aucune épreuve des Jeux de Paris 2024 ne se jouera outre-mer, les territoires ultramarins peuvent être associés au-delà de leurs sportifs. En effet, les territoires ultramarins, présents dans l'ensemble des bassins océaniques, pourraient offrir aux pays voisins de leurs zones des structures d'entraînement. De la même façon que la Guyane a été « base avancée » d'équipes et sportifs pour les Jeux de Rio en 2016 et la Coupe du monde de football de 2014, les outre-mer peuvent devenir des « bases avancées de Paris 2024 », véritables centres d'entraînement pour des joueurs ou équipes étrangères avant de concourir à Paris .

Un tel projet obligerait à un redressement rapide des installations dans les territoires pour proposer un environnement d'entraînement de qualité suffisante. Il pourrait en outre favoriser des coopérations régionales et renforcer les échanges sportifs avec les pays des différentes régions. Les structures existantes comme les fédérations peuvent être des appuis solides pour une telle ambition.

L'ambassadeur délégué au sport Philippe Vinogradoff expliquait ainsi lors de son audition devant la délégation 103 ( * ) que « durant la campagne de candidature de Paris 2024, le comité de candidature s'est rendu dans les Caraïbes et le Pacifique pour proposer que les infrastructures soient mises à la disposition des pays de la région pour préparer les JO . C'est une manière d'intégrer ces régions françaises dans les JO ». Ces bases ne peuvent se concevoir à proximité temporelle immédiate de l'échéance des Jeux, considérant l'éloignement géographique de Paris et autres sites de compétitions. Cependant, les territoires peuvent être des bases de préparation pertinentes très en amont , ce qui invite encore une fois à suffisamment anticiper.

Paris 2024 doit pouvoir produire un réel effet d'entraînement dans l'ensemble du pays : faire des outre-mer des « bases avancées des Jeux de Paris » mettrait en première ligne les territoires ultramarins comme étape et partie intégrante de la dynamique créée par ces jeux olympiques et paralympiques.

Recommandation n° 30 :  Faire des outre-mer des étapes vers les Jeux de Paris : promouvoir un panel de structures d'entraînement et d'hébergement à l'horizon 2021 pour accueillir, sur un mode « bases avancées », les équipes étrangères des différents bassins.


* 101 Réponses au questionnaire des rapporteures.

* 102 Réponses du ministère des sports au questionnaire des rapporteures.

* 103 Audition sur la diplomatie du sport et le rayonnement des territoires du jeudi 24 mai 2018.

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