INTRODUCTION

1. « Football féminin » ou football ?

Peut-on parler de « football féminin » ? Cette question n'est pas anodine.

Le terme de « football féminin » est utilisé par la Fédération française de football (FFF), qui comporte une direction du football féminin et de la féminisation , dont la titulaire a été reçue à deux reprises dans le cadre de la préparation de ce rapport 14 ( * ) .

La délégation a toutefois fréquemment entendu, en préparant ce rapport, des remarques contestant la pertinence de la notion de football féminin, car « il n'y a qu'un football », comme l'ont fait observer des participantes à la table ronde du 16 mai 2019 sur le rayonnement du Mondial.

Notre collègue Jean-Jacques Lozach, vice-président du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs », est intervenu dans ce sens, lors de l'audition de la ministre des Sports, le 13 décembre 2018 : « la reconnaissance passe par le vocabulaire. Vous avez remarqué que nous parlons de football ?féminin?, alors que l'expression de football ?masculin? n'est pas utilisée lorsque nous évoquons la Coupe du monde, par exemple... Cette observation nous montre l'étendue des progrès qui restent à réaliser... ».

Dans le même esprit, Brigitte Henriques, vice-présidente déléguée de la FFF et vice-présidente du Comité d'organisation de la Coupe du monde féminine de la FIFA, a fait valoir, le 7 mai 2019, qu'« il n'y a pas un football féminin et un football masculin, mais un football tout court ! ».

Ces remarques rejoignent ces propos prononcés par Lilian Thuram en 2014, lors de l'inauguration du stade Charléty : « Le football, féminin ou masculin, c'est exactement la même chose. Lorsqu'on regarde un match, c'est avant tout les émotions qui nous traversent qui sont importantes » 15 ( * ) .

La délégation est consciente que la notion de « football féminin » risque de cantonner la pratique féminine du football dans une sorte de sous-catégorie et de pérenniser un déficit de prestige dont cette discipline a trop longtemps pâti.

Ce rapport se référera cependant, par commodité , au terme de « football féminin », comme l'ont d'ailleurs fait les expertes auditionnées en vue de la préparation de celui-ci.

Ce choix ne signifie pas que le football puisse être considéré comme une discipline sportive « naturellement » masculine. Les femmes y ont désormais toute leur place et la Coupe du monde de 2019 en constituera l'éclatante démonstration : la délégation en est convaincue.

2. Footballeurs et footballeuses : deux « écosystèmes séparés »

La réalité observée en amont de ce rapport suggère que footballeurs et footballeuses évoluent actuellement dans des univers très différents , en termes de statut, de reconnaissance médiatique ou d'environnement financier.

À certains égards, le football féminin et le football masculin relèvent de « deux écosystèmes séparés », selon l'expression de l'une des personnalités entendues par la délégation 16 ( * ) .

Cette séparation fait d'abord écho au fait que les joueuses sont exclues du statut professionnel . Même quand elles consacrent leur vie au football et qu'elles évoluent au plus haut niveau, les footballeuses sont associées au milieu amateur, à la différence de leurs homologues masculins. Dans cette logique, on distingue « le monde amateur d'un côté avec les footballeuses et le monde professionnel de l'autre avec les footballeurs » 17 ( * ) .

Cette spécificité juridique et statutaire a fortement interpellé la délégation . En effet, les joueuses dites professionnelles sont liées à la FFF par des « contrats fédéraux », qui constituent des contrats de travail homologués par la fédération et peuvent être souscrits dès le niveau du Championnat de France amateur. Ces sportives ne relèvent donc pas de la Ligue de football professionnel, contrairement aux footballeurs.

En termes de statut juridique, il n'existe donc pas de footballeuses de haut niveau qui soient des professionnelles par leur statut, même si dans certains clubs comme l' Olympique Lyonnais (OL), les footballeuses s'entraînent à temps complet et perçoivent grâce à ces contrats des revenus suffisants pour vivre.

Contactée le 2 avril 2019 par Christine Prunaud, co-rapporteure, Mélissa Plazza, ancienne joueuse internationale, titulaire d'un doctorat en psychologie sociale, très engagée contre les discriminations faites aux femmes, a estimé en ce sens que le statut professionnel des joueuses n'existait pas en tant que tel, les contrats signés par les joueuses étant des contrats fédéraux ou semi-professionnels, souvent cumulés avec un emploi.

Cette séparation entre l'univers des footballeurs et celui des footballeuses renvoie aussi à des considérations financières et médiatiques très différentes .

Sur le plan des revenus , tout d'abord : les ordres de grandeur sont sans commune mesure entre des stars masculines très fortunées et les difficultés des joueuses qui, pour la plupart, sont contraintes de travailler parallèlement à leur entraînement et dont des témoins entendus par la délégation ont souligné les conditions de vie particulièrement modestes, voire précaires pour certaines.

Sur le plan de la notoriété et de la médiatisation ensuite, car l'affluence dans les stades est sans comparaison entre les matchs du championnat féminin et ceux du championnat masculin, de même que le nombre de téléspectateurs.

Il en résulte, sur le plan des moyens , des différences considérables, liées pour l'essentiel aux droits télévisuels , nettement plus importants pour le football masculin que pour le football féminin.

Ce rapport reviendra plus en détails sur ces différents constats.

UNE BRÈVE HISTOIRE DU FOOTBALL FÉMININ

Les pionnières

La pratique du football féminin débute au Royaume-Uni à la fin du XIX e siècle (le 9 mai 1881 était disputé le premier match opposant deux équipes féminines, une anglaise et une écossaise). Elle y est favorisée par la Première Guerre mondiale, période pendant laquelle se manifeste en Angleterre un engouement certain pour le football féminin. Dans un registre caritatif, un match joué le 25 décembre 1917 par des équipes féminines rassemble 10 000 spectateurs et permet de lever des fonds en faveur des soldats britanniques.

En France, le football féminin apparaît en 1912 au sein de Femina Sport , club permettant aux femmes la pratique de diverses disciplines sportives, qui organise le 30 septembre 1917 le premier match officiel opposant deux équipes de l'association. Faute d'équipes féminines en nombre suffisant, d'autres matchs, mixtes, sont ensuite organisés contre des équipes scolaires masculines ou des équipes de grands clubs sportifs de la capitale. Toutefois, aucune équipe mixte n'est constituée.

Alice Milliat, engagée en faveur de Jeux olympiques féminins, fonde la Fédération des Sociétés Féminines et Sportives de France (FSFSF). Cette dernière crée, selon le modèle masculin, un championnat de football, initialement restreint aux équipes parisiennes et qui deviendra réellement national dans les années 1920. Des règles du jeu spécifiques par rapport au football masculin limitent toutefois, entre autres particularités, les temps de jeu et les dimensions du terrain.

Le 29 avril 1920, une sélection des meilleures joueuses françaises l'emporte à Manchester face aux Dick Kerr Ladies devant 25 000 spectateurs. Quelques mois plus tard, la revanche organisée au Stade Pershing de Paris se conclut par un match nul devant un public de 12 000 personnes, affluence témoignant de l'intérêt pour cette nouvelle activité sportive qui suscite des vocations et permet la création de clubs féminins en France, à l'instar du Royaume-Uni.

Vers l'interdiction du football féminin

Si la pratique du football féminin se développe en France et en Grande-Bretagne, où les matchs rencontrent du succès, elle y reste controversée en France et fait l'objet de nombreuses critiques au nom des convenances et de la décence. « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui, d'accord. Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fête, où sera convié le public, qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! » 18 ( * ) . Ces propos du cycliste et journaliste Henri Desgrange, tenus en 1925, illustrent ce climat hostile au football féminin. D'autres réticences tiennent au risque de stérilité que certains associent à la pratique du football.

Dans ce contexte, le football féminin décline au fil des saisons. En 1926, le décès en plein match d'une joueuse accrédite la thèse de la nocivité du football pour les femmes. Puis la décision de la FSFSF, en 1932, de ne plus soutenir le football féminin condamne de facto celui-ci et l'on assiste à une quasi-disparition de l'activité.

Par un arrêté publié le 27 mars 1941, le gouvernement de Vichy, au nom de la protection de la maternité, interdit aux femmes la pratique d'un certain nombre de sports : le football, les sports de combat, le rugby et le cyclisme de compétition.

Le renouveau

Après presque trois décennies d'éclipse, le renouveau du football féminin débute en 1968, lorsque les joueuses du FCF Reims disputent un « lever de rideau » du match Reims - Valenciennes.

Alors que le football féminin n'est pas encore reconnu par les instances dirigeantes ni par les structures internationales (FIFA et UEFA), les Françaises participent en 1969 en Italie à un championnat d'Europe de football féminin, remporté par l'Italie. Une Coupe du monde féminine se déroule également en Italie en 1970. Ces deux compétitions ne sont toutefois pas officielles 19 ( * ) . Le 29 mars 1970, le conseil fédéral de la FFF reconnaît enfin le football féminin : le premier match international féminin se tient le 17 avril 1971 ; un championnat de France est organisé en 1974.

En 1982, l'UEFA crée la première compétition européenne féminine 20 ( * ) dont la finale se déroule en 1984 et qui deviendra le Championnat d'Europe féminin de l'UEFA 21 ( * ) en 1989 ; la Coupe du monde féminine de la FIFA est créée en 1991 22 ( * )23 ( * ) .

Malgré quelques succès lors de compétitions internationales, le football féminin fait néanmoins l'objet d'une attention discrète en France. Son réel essor ne débute qu'avec la création du premier pôle « espoir féminin » en 1998 à l'Institut national du football de Clairefontaine, où les joueuses sont formées à la pratique du sport de haut niveau. Les résultats sont rapidement positifs, avec des qualifications régulières aux championnats d'Europe depuis 1997, ainsi qu'à quatre coupes du monde en 2003, 2011, 2015 et 2019. Six autres pôles « espoirs féminins » ont aussi été créés dans les régions.

La Coupe du monde qui s'est déroulée en Allemagne en 2011, pays d'élection du football féminin où ce sport est traditionnellement très apprécié et attire un public nombreux, a constitué un véritable tournant en permettant de mettre en valeur le jeu et la technique des joueuses grâce à une couverture médiatique satisfaisante.

On peut donc espérer que la Coupe du monde de 2019 permettra au football féminin, au terme d'un peu plus d'un siècle d'existence, de progresser encore, tant en nombre de licenciées qu'en audience.

I. UN CONTEXTE FAVORABLE AU DÉVELOPPEMENT DU SPORT FÉMININ DANS LEQUEL LE FOOTBALL DOIT S'INSCRIRE

A. LA PLACE DES FEMMES DANS LE SPORT : UNE STRATÉGIE NATIONALE ENCOURAGÉE PAR LA LOI

1. Une démarche globale pour promouvoir l'égalité femmes-hommes dans le sport

Au cours de son audition par la délégation, le 13 décembre 2018, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a rappelé les principales inégalités entre hommes et femmes à surmonter dans le domaine du sport , relevant entre autres manifestations de cette situation la lente progression de la retransmission télévisée du sport féminin , qui représente seulement 16 à 20 % du volume horaire (14 % en 2014 et 7 % en 2012). Elle a également noté la sous-représentation des femmes :

- parmi les sportifs de haut niveau (environ 38 %) ;

- et dans les instances dirigeantes des fédérations , où elles constituent pourtant 38 % des licenciés : on ne compte en effet que 16 présidentes pour 117 fédérations .

À cet égard, notre collègue Jean-Jacques Lozach, vice-président du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs », a observé le 13 décembre 2018 que les fédérations « doivent impulser ce mouvement de féminisation du sport dans son ensemble », notant que « seule une femme préside à ce jour une fédération sportive olympique » (il s'agit d'Isabelle Lamour, à la tête de la Fédération française d'escrime). Jean-Raymond Hugonet, membre du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs », a pour sa part estimé, le 13 décembre 2018, que « le football [constituait] un exemple à suivre » en matière de féminisation, mentionnant l'« opportunité à saisir » que constitue la présence de femmes à des postes éminents de la gouvernance du football . Témoignent en effet de cette conjoncture favorable Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue professionnelle de football et, à la FFF, Brigitte Henriques, vice-présidente déléguée de la FFF et vice-présidente du Comité d'organisation de la Coupe du monde féminine de la FIFA, Laura Georges, secrétaire générale et Florence Hardouin, directrice générale, par ailleurs classée par le magazine Forbes troisième femme la plus importante du monde dans le domaine du sport, comme l'a rappelé Jean-Raymond Hugonet. À cette liste, Annick Billon, présidente de la délégation et co-rapporteure, a ajouté le nom de Fatma Samoura, secrétaire générale de la FIFA, et s'est félicitée de la « féminisation progressive de certains postes clé dans le domaine footballistique ».

S'agissant de la féminisation des instances dirigeantes des fédérations sportives, la ministre des Sports a insisté sur l'« avancée majeure » liée à la loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui a introduit le principe de parité dans les instances de gouvernance des fédérations sportives agréées , au lieu du principe de féminisation au prorata du nombre de licenciées qui prévalait auparavant.

En ce qui concerne la dynamique de féminisation des fédérations sportives encouragée par le ministère, Roxana Maracineanu a commenté la mise en place de plans de féminisation par les fédérations, liées par des conventions d'objectifs conclues avec le ministère, 89 fédérations étant dotées d'un plan de ce type en 2017. Ce rapport précisera ci-après le plan de féminisation de la FFF, qui s'inscrit dans cette stratégie globale.

Quant à la féminisation de l'encadrement technique des fédérations (cadres dirigeants de Directions techniques nationales ou DTN), la ministre a insisté sur l'attention dont fait l'objet la constitution d'un « vivier de hauts potentiels féminins » par la généralisation de formations .

Roxana Maracineanu a également évoqué les initiatives destinées à « accompagner la prise de responsabilité par les femmes » et à « enraciner la mixité », citant les réseaux de sportives qui se sont constitués et l'aide apportée par des structures telles que l'association Femix'Sports et les modules de formation dispensés par celle-ci (« Réussir au féminin », « Demain, réussir en mixité »).

S'agissant de la pratique sportive, la ministre a noté que le taux de féminisation des licences délivrées par les fédérations faisait partie des indicateurs de performance retenus dans le cadre du budget de son ministère.

En dépit de ces initiatives, que salue la délégation, force est de constater, avec la ministre des Sports, que si « la place des femmes évolue » dans notre société et plus particulièrement dans le sport, en revanche « la dernière marche reste difficile à franchir ». En effet, on ne compte encore à ce jour qu'une dizaine de femmes parmi les cadres dirigeants des DTN des fédérations, tandis qu'un tiers des femmes cadres « occupent en réalité un poste d'adjointe ». Un effort reste à donc à promouvoir, selon Roxana Maracineanu, pour créer les conditions de l'égalité pour l'accès aux postes de haut niveau.

Parmi les chantiers à dynamiser pour renforcer la féminisation du sport en général, la ministre a évoqué le statut des sportives professionnelles et la nécessaire féminisation du métier d'entraîneur , aspects que l'on retrouve dans le football et sur lequel ce rapport reviendra ultérieurement.

La délégation salue la féminisation récente de fonctions décisives de la gouvernance du football et espère que cette situation exercera une influence positive sur d'autres sports réputés non féminins a priori .

Elle forme le voeu que cette dynamique favorable sorte renforcée du Mondial 2019.

2. Un outil qui s'inscrit dans cette dynamique : la Conférence permanente du sport féminin

Créée par la loi n° 2017-261 du 1 er mars 2017 24 ( * ) , la Conférence permanente du sport féminin a vocation à suivre l'évolution des pratiques sportives des femmes , à faciliter la professionnalisation du sport féminin et à favoriser sa médiatisation.

Cette structure, dans laquelle siègent des représentants du monde sportif et des médias ainsi que des élus locaux, a été installée en septembre 2017 et a tenu sa deuxième réunion plénière en janvier 2019 . Il faut espérer qu'elle contribue de manière décisive à la féminisation du sport.

Selon la ministre des Sports, quatre thématiques structurent les politiques publiques dans lesquelles intervient la conférence :

- développement des pratiques sportives ;

- accès aux responsabilités ;

- médiatisation ;

- économie du sport féminin.

Entre autres pistes de travail, Roxana Maracineanu s'est déclarée sensible à l'idée de « développer la pratique sportive de loisir en l'adaptant aux besoins des femmes ». Elle a également commenté l'intérêt d'un partenariat avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour renforcer la diffusion du sport féminin , car « l'exposition médiatique du sport, et notamment du féminin, a un effet positif sur la pratique » .

Ce rapport montre que le football féminin illustre ce constat.


* 14 Il s'agit de Frédérique Jossinet (voir les comptes rendus des 21 mars et 16 mai 2019).

* 15 Cité par le media en ligne Foot d'Elles , le 6 novembre 2018, à propos de l'inauguration de l'exposition itinérante « Mêmes rêves de foot ».

* 16 Il s'agit de Marianne Gazeau, présidente de Foot d'Elles , entendue le 11 avril 2019.

* 17 Voir le compte rendu de l'audition de Marianne Gazeau, présidente de Foot d'Elles , le 11 avril 2019.

* 18 Cité par Ghislain Corréa, « Aux origines du football féminin », Sofootblog , 8 mars 2016.

* 19 Institut de relations internationales et stratégiques - Observatoire géostratégique du Sport - « Le football féminin : l'autre histoire du football » - Emerick Dumas - avril 2019, p.7.

* 20 https://fr.uefa.com/womenseuro/history

* 21 https://fr.uefa.com/insideuefa/about-uefa/history

* 22 Voir l'intervention d'Élisabeth Bougeard-Tournon, responsable du service Communication et promotion du football amateur de la FFF, à propos du musée « Il était une fois les Bleues », reproduite dans le compte rendu de la table ronde du 16 mai 2019.

* 23 Institut de relations internationales et stratégiques - Observatoire géostratégique du Sport - « Le football féminin : l'autre histoire du football » - Emerick Dumas - avril 2019, p.8-9.

* 24 Loi n° 2017-261 du 1 er mars 2017 visant à préserver l'éthique du sport, à renforcer la régulation et la transparence du sport professionnel et à améliorer la compétitivité du sport.

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