PREMIÈRE PARTIE
RÉPONDRE AUX DÉFIS SÉCURITAIRES

I. UNE IMPORTANTE DÉLINQUANCE SOLLICITANT FORTEMENT LES FORCES DE SÉCURITÉ ET LES MOYENS JUDICIAIRES

A. UNE DÉLINQUANCE QUI S'AGGRAVE

Lors de la crise de mars-avril 2017, les doléances des manifestants portaient certes sur l'accès aux services publics et la faible croissance économique du territoire, mais l'une des revendications majeures, notamment portée par le collectif « 500 frères contre la délinquance », concernait l'insécurité à laquelle les Guyanais sont quotidiennement confrontés.

Les chiffres de la délinquance en Guyane décrivent une situation extrêmement grave . Il s'agit du territoire ultramarin où le taux de vols violents est le plus élevé, bien au-dessus de la Guadeloupe et de Mayotte. Les crimes et délits de coups et blessures volontaires sont nettement plus nombreux en Guyane, qui compte huit victimes pour 1 000 habitants en 2018, que dans l'Hexagone 1 ( * ) et dans la quasi-totalité des territoires ultramarins. Ce chiffre est globalement stable, tandis que le nombre de violences sexuelles 2 ( * ) augmente depuis trois ans. Enfin, le taux d' homicides est également très élevé. En 2018 le ratio pour 10 000 habitants (1,3) était très supérieur à la moyenne de l'outre-mer (0,5) et de l'Hexagone (0,1). Après deux années de baisse relative (23 par an en 2017 et 2018), les homicides sont repartis à la hausse en 2019 (32 homicides). Cette hausse semble être corrélée avec l'augmentation des violences intrafamiliales 3 ( * ) .

Certes, la délinquance en Guyane s'avère inférieure à celle des pays voisins. Le ratio d'homicides pour 10 000 habitants est ainsi de 1,8 au Guyana, de 1,9 au Mexique, et de 2,9 au Brésil. Toutefois, comme l'indiquait à la délégation de la commission des lois les membres du conseil municipal de Maripasoula, la propagation des actes de délinquance dans l'ensemble de la société guyanaise est réelle et fortement ressentie par la population . Dans cette commune de l'intérieur, alors que des vols étaient généralement observés à des moments de l'année bien spécifiques 4 ( * ) , ils sont désormais monnaie courante.

Ce « tsunami permanent » de la délinquance, selon l'expression du procureur de la République, Samuel Finielz, rencontré par la délégation de la commission des lois, est d'autant plus inquiétant que l'âge de commission des faits diminue alors que, dans le même temps, la gravité des faits augmente.

À cette délinquance que l'on peut qualifier « de droit commun » s'ajoutent des défis spécifiques auxquels la Guyane est confrontée , les deux étant souvent liés. Il s'agit tout d'abord de l'immigration illégale, du trafic de drogue et de l'orpaillage illégal, trois thématiques qui étaient au centre du déplacement organisé par la commission des lois, mais également de la pêche illégale.

La lutte contre la pêche illégale en Guyane

La pêche est un secteur clef du développement guyanais. Il n'existe toutefois pas de filière de pêche structurée en Guyane et le nombre de navires pêchant illégalement est important. Parmi eux, les navires d'origine brésilienne sont majoritaires. Les ressources halieutiques seraient ainsi davantage exploitées illégalement que légalement.

La lutte contre la pêche illégale a pour objectif de protéger nos propres pécheurs, de garantir la souveraineté de la France sur les eaux placées sous sa juridiction, de permettre à cette dernière de respecter ses engagements en matière de préservation des ressources halieutiques, et de combattre les activités maritimes illicites.

Pour ce faire, les forces armées de Guyane sont mobilisées aux côtés de la gendarmerie et montent régulièrement des opérations combinant moyens maritimes et aériens pour contrôler et dérouter les navires illégaux. Les forces de sécurité engagent automatiquement des poursuites contre le patron du navire, mais également contre toutes les personnes qui font usage de la violence.

Arraisonnement d'un bateau de pêche illégal

Source : forces armées de Guyane


* 1 Quatre victimes pour 1 000 habitants.

* 2 Déjà deux fois plus important que dans l'Hexagone.

* 3 + 2,7 % en un an.

* 4 En fin d'année et au début des vacances.

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