B. LE DÉPLOIEMENT MASSIF DES FORCES DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE

Pour faire face à la délinquance, les forces de sécurité sont massivement déployées en Guyane et plusieurs dispositifs et expérimentations ont été mis en place.

Un effort significatif a tout d'abord été réalisé pour augmenter les effectifs permanents des policiers et des gendarmes depuis la crise sociale qui a secoué le territoire en 2017.

Évolution des effectifs de la gendarmerie et de la police nationales

2009

2015

2016

2017

2018

30/06/2019

Évolution sur 10 ans
(2009-2019)

Gendarmerie nationale

467

561

576

587

666

668

+ 43 %

Police nationale

649

679

734

778

789

791

+ 21,9 %

Source : commission des lois du Sénat,
à partir des informations transmises dans le cadre des questionnaires budgétaires

À ces effectifs fixes en Guyane s'ajoutent sept escadrons de gendarmerie mobile affectés au territoire 5 ( * ) , portant le nombre total de gendarmes présents à 1 200.

Les forces armées apportent leur concours à la sécurisation de la Guyane, sur réquisition du préfet. Les forces armées de Guyane , rassemblant 2 100 militaires , exercent des missions de soutien à l'action de l'État : elles garantissent la protection du territoire national dans le cadre de la zone de responsabilité permanente unique Caraïbe (ZRP), et participent à la sécurisation du centre spatial guyanais (opération Titan), à la lutte contre l'orpaillage illégal (opération Harpie), et à la lutte contre la pêche illégale.

L' organisation des forces vise également à atteindre la meilleure efficacité possible dans la lutte contre la délinquance.

Deux zones de sécurité prioritaire 6 ( * ) ont été mises en place : l'une, de longue date, à Cayenne et l'autre, plus récemment, à Saint-Laurent-du-Maroni . Elles permettent de développer des actions conjointes entre tous les services de l'État en Guyane . Les forces de sécurité de Saint-Laurent-du Maroni ont par exemple indiqué aux membres de la délégation de la commission des lois qu'elles avaient obtenu des services de l'éducation nationale qu'ils décalent les heures de départ en vacances des différents établissements scolaires, afin d'éviter les heurts entre collégiens et lycéens qui en résultaient habituellement. Des opérations ciblées rassemblant les différents services sont organisées régulièrement (contrôles d'identité, contrôles routiers, contrôles administratifs de commerces, etc .).

La création en janvier 2017 d'un détachement de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) 7 ( * ) en Guyane a permis aux autres services de concentrer leurs actions sur la lutte contre la délinquance, tandis que le détachement se focalise sur les réseaux organisant le trafic de stupéfiants sur le territoire guyanais.

Enfin, afin d'améliorer la coordination des forces de sécurité, un état-major de sécurité couvrant l'ensemble du territoire a été constitué, sous l'autorité du préfet. Ce même souci de coordination a conduit la police nationale à faire évoluer son organisation. Au 1 er janvier 2020 a été mise en place, sous l'égide du commissaire Friedman, une direction territoriale de la police nationale . Celle-ci devrait permettre un pilotage unifié de l'action de l'ensemble des services de police et un redéploiement des effectifs par une mutualisation des fonctions transverses. En parallèle, une réflexion sur la création d'un service de contrôle interne est en cours.

Au vu des enjeux auxquels elles sont confrontées, les forces de sécurité intérieure effectuent un travail qui mérite d'être salué . Selon les informations recueillies par la délégation de la commission des lois, la circulation des armes étant élevée en Guyane, les ouvertures de feu sont régulières et les forces de l'ordre connaissent plusieurs blessés par semaine. À cela s'ajoute la nécessité de s'adapter aux réalités guyanaises, alors même qu'une grande partie des forces ne sont là que pour une courte durée.

Les efforts menés, importants, ne sont toutefois pas suffisants pour répondre au besoin aigu de sécurité de la population , et ce malgré l'objectif affiché de démultiplier la présence des forces de l'ordre sur le terrain. Cela vient certes d'un déficit de communication sur les actions menées et les affaires élucidées, mais pas seulement. De l'aveu même de représentants des forces de sécurité intérieure rencontrées à Saint-Laurent-du-Maroni, leurs efforts ne leur permettent actuellement que de « tenir le couvercle ». Les membres de la délégation de la commission des lois les ont sentis inquiets de l'évolution future de la situation : avec la croissance de la population et l'urbanisation rapide, il est nécessaire de penser les constructions urbaines pour garantir la circulation des forces de sécurité dans l'ensemble de la ville.


* 5 Sur les 22 existants au niveau national.

* 6 Instituées par une circulaire du ministre de l'Intérieur du 30 juillet 2012, les zones de sécurité prioritaires (ZSP) permettent, par l'affectation d'effectifs supplémentaires et une collaboration organisée des différentes forces de sécurité, de faire face aux problématiques de délinquance et d'insécurité dans des zones bien identifiées. À ce jour, 81 ZSP ont été créées (dont quatre outre-mer).

* 7 Organisme français de lutte contre le trafic de stupéfiants à compétence nationale notamment dans les Outre-mer.

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