C. ENSEIGNEMENT N° 3 - LA RÉSILIENCE DOIT S'ENTENDRE AU NIVEAU NATIONAL VOIRE EUROPÉEN, NON À UNE ÉCHELLE TROP ÉTROITE

L'agriculture et l'agroalimentaire sont facteurs de résilience dans les territoires.

Comme le relève une étude de l'INSEE 106 ( * ) , les deux régions qui ont connu une baisse de leur activité économique moins prononcée que les autres, la Bretagne et les Pays de la Loire, le doivent à leur structure sectorielle marquée par une forte implantation des industries de la transformation alimentaire, et de l'agriculture, secteurs résilients en temps de crise.

Par conséquent, l 'agriculture et les industries agroalimentaires peuvent jouer, on le voit avec la crise sanitaire actuelle, un rôle modérateur évitant un approfondissement d'une crise économique . L'enjeu de la préservation de ces tissus sur les territoires est essentiel.

La nécessité de renforcer ces tissus locaux de productions passe par une préservation des espaces cultivés, une lutte contre l'artificialisation des sols et un véritable engagement à assurer le renouvellement des générations.

Or les chiffres demeurent inquiétants à cet égard. D'une part, environ un tiers des exploitants ont 55 ans ou plus 107 ( * ) , ce qui posera rapidement l'enjeu du renouvellement des générations en agriculture, à l'heure où la profession rencontre des difficultés endogènes, liées à des problématiques économiques, et exogènes, compte tenu du phénomène d' agribashing . D'autre part, la surface agricole dédiée à l'agriculture a chuté en France de - 17 % depuis 1961 108 ( * ) , soit près de - 60 000 km², c'est-à-dire l'équivalent de la région Grand-Est.

Le maintien des implantations agricoles et agroalimentaires sur les territoires pourrait, en outre, être soutenu par une demande soutenue en matière de produits locaux. Les ménages ont privilégié, durant la crise, les approvisionnements locaux et de proximité, ce dont témoignent les chiffres de croissance des ventes des supermarchés ou des drives de producteurs.

Toutefois, si les approvisionnements locaux doivent se renforcer, les circuits courts ne sauraient s'entendre comme une accumulation d'approvisionnements locaux exclusifs les uns des autres. Les circuits courts doivent être développés à des échelles locales, afin de réduire le nombre d'intermédiaires et créer des prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs sur quelques produits. Toutefois, ils ne permettront pas, à eux-seuls, de répondre à la demande des consommateurs. Comment pourrait-on, dans ce cas, nourrir les villes ? Le taux d'autonomie de 2,1 % en moyenne pour les 100 premières aires urbaines 109 ( * ) . La résilience se crée dans la complémentarité des circuits de distribution et dans une approche stratégique plus globale.

Seule une réflexion au niveau national, avec une allocation optimale des productions en fonction de bassins spécialisés, semble être le modèle permettant d'être plus résilient et de répondre à la diversité de la demande.

De même, pour être plus résilients face aux chocs, l'échelle la plus appropriée semble s'entendre au niveau européen, qui passe par une harmonisation des normes de production pour éviter toute concurrence déloyale.

En réalité, la résilience doit s'appuyer sur trois axes : le local, le national, l'européen. Cela pourrait se résumer en une formule : « il faut être bon à domicile, pour pouvoir jouer l'Europe et être considéré comme un des meilleurs du monde ».


* 106 Insee, Éclairage, Pendant le confinement, la perte d'activité économique de chaque région dépendrait fortement de sa structure sectorielle, 7 mai 2020.

* 107 Source : Agreste - GraphAgri2018.

* 108 Source : Banque mondiale.

* 109 Source : APCA.

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