ANNEXE 1 - LES IDE CHINOIS EN AFRIQUE

On constate en Afrique une chute des investissements chinois en 2019 après un pic en 2018. Stables entre 2010 et 2016, les flux d'investissements chinois en Afrique ont augmenté de manière dynamique ces dernières années (+124,7% entre 2016 et 2018 à 5,4Md$ d'après les données du MOFCOM) avant de chuter en 2019 (-49,8% à 2,7Md$).

Source : MOFCOM : ministère de l'économie chinois

La part des investissements chinois en Afrique a atteint 3,8% en 2018. La Chine détenait, d'après l'UNCTAD, 46Md$ de stocks en Afrique en 2018 (contre 32Md$ en 2014) la classant 5 ème détentrice de stocks après les Pays-Bas (79Md$), la France (53Md$), le Royaume-Uni (49Md$) et les États-Unis (48Md$).

Au niveau sectoriel, les investissements (dont la plupart sont des financements de projets) restent concentrés sur des secteurs stratégiques, visant l'accès aux ressources et en utilisant les capacités excédentaires de la Chine en matière de construction et de transport.

ANNEXE 2 -
APERÇU DE LA POLITIQUE CHINOISE EN ARCTIQUE

La stratégie officielle chinoise en Arctique présente les intérêts chinois dans la région comme purement scientifiques, et insiste sur le respect des règles internationales et des pays arctiques 257 ( * ) .

Ainsi, en 2013, la Chine, qui se qualifie d'« État proche-arctique », a reconnu la souveraineté, les droits souverains et la juridiction des pays arctiques dans la région arctique et a adhéré au Conseil de l'Arctique 258 ( * ) , et obtenu le statut d'observateur permanent. La Chine ne peut pas participer à la prise de décision du conseil mais peut engager des discussions et prendre position. Cette adhésion de la Chine a une importance symbolique et diplomatique. La Chine ne cherche plus seulement à prendre part, et une part prédominante, dans le développement économique et infrastructurel de l'Arctique, elle cherche à peser sur les politiques de l'Arctique.

La Chine étant en mesure d'offrir un capital conséquent pour le développement technologique des pays arctiques, elle est parvenue en quelques années développer une forte influence. La question de ces partenariats économiques renvoie au problème de la dépendance des plus petites puissances Arctiques aux investissements chinois, notamment de l'Islande et du Groenland. Là encore, la Chine a pu profiter de la crise économique de 2008-2009. Suite à cette crise, les investissements chinois en Islande auraient atteint 500 millions de dollars. Certains observateurs y ont vu un lien avec un soutien islandais à la candidature chinoise au Conseil de l'Arctique. En 2012 la Banque chinoise a investi dans la construction du port de Dysnes, et un accord de libre-échange a été signé entre les deux pays. Dans le cas du Groenland posent questions la proposition chinoise de constituer un cartel des pays producteurs de terres rares en 2012 et l'instauration d'une loi autorisant l'exploitation de l'uranium en 2013, levant les obstacles aux investissements étrangers. La dépendance économique du Groenland à la Chine a ainsi crû, les investissements chinois représentant désormais 12% du PIB du Groenland. Le gouvernement danois a publiquement fait part de sa préoccupation concernant l'intérêt de la Chine pour le Groenland, qui comprenait des propositions visant à établir une station de recherche, une station satellite au sol, à rénover des aéroports et à développer l'exploitation minière.

En 2018, la Chine a publié un livre blanc présentant ses aspirations en Arctique. Elle y revendique un rôle actif dans la zone, notamment dans le développement de voies maritimes dégagées par la fonte des glaces, tout en garantissant qu'elle ne remettra pas en question la gouvernance actuelle de la région. Le réchauffement climatique et la fonte des glaces ouvrent l'accès à d'importantes ressources minérales et énergétiques, essentiellement situées dans les zones économiques exclusives des États membres du Conseil de l'Arctique. Là encore le Livre blanc chinois de 2018 se veut prudent, affirmant que la Chine poursuivra ses intérêts « [ en tenant] compte des intérêts des autres États ».

La concrétisation de sa volonté politique s'est traduite par la mise en place du Shanghai Arctic Forum. Le 10 mai 2019, deux jours après la traditionnelle rencontre ministérielle bisannuelle du Conseil de l'Arctique, au cours de laquelle la politique chinoise en Arctique a été vivement mise en cause par les Etats-Unis, Shanghai a ainsi accueilli le forum Arctic Circle 2019. Il a porté sur la route polaire de la soie et le rôle de l'Asie dans le développement économique et écologique de la région.

Cet événement symbolique a marqué une nouvelle étape pour la Chine dans le déploiement de son influence politique au coeur de l'Arctique. En quelques décennies, la Chine a réussi à s'imposer comme puissance nécessaire au développement des infrastructures arctiques, en nouant des liens avec les pays avoisinants et en renforçant son partenariat stratégique avec la Russie.

Selon le Center for Naval Analyses (CNA), institut de recherche de Virginie, entre 2005 à 2017, « la Chine a investi 89,2 milliards de dollars en infrastructures, capitaux, accords de coopération ou de financement et d'autres projets dans les économies des pays de l'Arctique », principalement dans le secteur de l'énergie et des minéraux. Depuis 2017, la Chine a encore intensifié ses efforts, en construisant premier brise-glace, appelé Xuelong, signifiant dragon des neiges. Il a franchi le passage Nord-Ouest en août 2017, inaugurant ainsi la voie maritime du grand Nord pour la Chine. En 2019, la Chine a renforcé son action en se dotant d'un deuxième Xuelong, avec l'aide de l'entreprise finlandaise Aker Arctic .

Ces voies navigables du grand Nord présentent de nombreux avantages en termes de temps de navigation et de sûreté :

- l'itinéraire entre Shanghai et New York via le passage du Nord-Ouest est plus court de 3.700 km que ne l'est le chemin reliant ces deux villes via le canal de Panama. De même, la voie maritime entre Shanghai et Rotterdam est plus courte de 5,5 jours par le Nord par rapport à la voie du Sud. Un navire de la compagnie Cosco shipping a emprunté la route du Nord depuis la Chine pour exporter des produits lourds vers l'Europe, et est arrivé à Rouen en septembre 2018. Cette route permettrait de gagner une dizaine de jours de navigation, correspondant à une économie comprise entre 600 et 800 tonnes de carburant.

- le passage Nord est moins dangereux. En effet, les passages de Malacca et Bab-el-Mandeb sont très vulnérables aux actes de piraterie.

Certains analystes soulignent toutefois que les passages arctiques présentent également de réels inconvénients :

- les trajets sont certes plus courts mais sont loin d'être plus faciles comme en témoigne l'incident subi par le brise-glace Xuelong en janvier. La rentabilité de ces passages Nord est limitée par des considérations techniques, la nécessité d'utiliser des navires de moindres charges, et les importants coûts relatifs à l'exploitation des ressources,

- ces routes de navigation ne sont praticables qu'à certaines saisons. Le passage Nord Est ne peut être exploité actuellement que durant les trois mois d'été.

Dans ce contexte, se noue un partenariat entre la Chine qui a besoin de renforcer son expertise des passages du Nord et la Russie qui bénéficie des investissements chinois pour ses projets gaziers et autres projets d'infrastructure 259 ( * ) . Suite aux sanctions prononcées contre la Russie en 2014 après l'annexion illégale de la Crimée, la Chine a ainsi accru sa participation au projet d'extraction de Sabetta. Les deux pays mènent d'ailleurs conjointement des programmes de recherches scientifiques pour perfectionner leurs technologies de transport d'énergie déployées en Arctique (gazoducs et oléoducs). Trois compagnies chinoises fournissent les capitaux nécessaires : la China National Offshore Oil Corporation , la China Petroleum & Chemical Corporation Limited et la China National Petroleum Corporation .

Enfin, le risque de militarisation de l'Arctique inquiète à mesure que l'on assiste à la réintroduction 260 ( * ) de dispositifs terrestres, navals et aériens, principalement russes, et plus récemment, chinois dans la zone. La Russie y concentrerait aujourd'hui deux tiers de son armement nucléaire et ses navires de lancement de missiles balistiques 261 ( * ) .

La Chine a annoncé en 2019 la construction d'un navire brise-glace à propulsion nucléaire de 30 000 tonnes, 152 mètres de long et 30 mètres de large. Les États-Unis s'inquiètent pour leur part du développement des forces sous-marines nucléaires chinoises qui pourraient opérer en Arctique.

Comme à Djibouti, la Chine développe ses appuis militaires en Arctique et y accroit sa position de contrôle des voies stratégiques et commerciales dont l'importance devrait s'accroître dans les prochaines années.


* 257 À la différence de ses positions en mer de Chine méridionale. Ainsi, en 2013, la Chine a demandé la permission de transit par le passage Nord-Ouest pour son brise-glace de recherche, respectant la souveraineté revendiquée du Canada dans la zone.

* 258 Ce Conseil de l'Arctique est un forum intergouvernemental de coopération. Il vise à traiter des problèmes rencontrés par les gouvernements des États ayant une partie de leur territoire dans l'espace arctique et par les peuples autochtones de la région. En sont membres: le Canada, le Danemark (représentant le Groenland et les îles Féroé), les États-Unis, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Suède et la Russie. Six associations autochtones de la région arctique ont le statut de participants permanents au Conseil. Enfin, les observateurs sont nombreux : l'Allemagne, la Chine, la Corée du Sud, l'Espagne, la France, l'Inde, l'Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, Singapour, la Suisse, l'Union européenne (observateur pour la réunion SAO de novembre 2009), notamment.

* 259 Voir notamment l'article « Quelle « reconquête » de l'Arctique russe ? Une stratégie de puissance dans une périphérie en déclin », par Arnaud MULLER, publié le 25 avril 2021 sur le site diploweb à l'adresse suivante : https://www.diploweb.com/Quelle-reconquete-de-l-Arctique-russe-Une-strategie-de-puissance-dans-une-peripherie-en-declin.html

* 260 L'Arctique était une zone de forte tension pendant la guerre froide et était pour cette raison militarisé.

* 261 La présence militaire russe s'est renforcée dans le cadre de l'exercice Vostok 2018, avec des opérations menées dans la Sibérie et l'Extrême-Orient russe.

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