N° 304

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 2021-2022

Enregistré à la Présidence du Sénat le 15 décembre 2021

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission des affaires sociales (1) sur les effets
de l'
épidémie de covid-19 sur la santé mentale ,

Par M. Jean SOL et Mme Victoire JASMIN,

Sénateur et Sénatrice

(1) Cette commission est composée de : Mme Catherine Deroche , présidente ; Mme Élisabeth Doineau , rapporteure générale ; M. Philippe Mouiller, Mme Chantal Deseyne, MM. Alain Milon, Bernard Jomier, Mme Monique Lubin, MM. Olivier Henno, Martin Lévrier, Mmes Laurence Cohen, Véronique Guillotin, M. Daniel Chasseing, Mme Raymonde Poncet Monge , vice-présidents ; Mmes Florence Lassarade, Frédérique Puissat, M. Jean Sol, Mmes Corinne Féret, Jocelyne Guidez , secrétaires ; Mme Cathy Apourceau-Poly, M. Stéphane Artano, Mme Christine Bonfanti-Dossat, MM. Bernard Bonne, Laurent Burgoa, Jean-Noël Cardoux, Mmes Catherine Conconne, Annie Delmont-Koropoulis, Brigitte Devésa, MM. Alain Duffourg, Jean-Luc Fichet, Mmes Laurence Garnier, Frédérique Gerbaud, Pascale Gruny, M. Xavier Iacovelli, Mmes Corinne Imbert, Annick Jacquemet, Victoire Jasmin, Annie Le Houerou, M. Olivier Léonhardt, Mmes Viviane Malet, Colette Mélot, Michelle Meunier, Brigitte Micouleau, Annick Petrus, Émilienne Poumirol, Catherine Procaccia, Marie-Pierre Richer, Laurence Rossignol, M. René-Paul Savary, Mme Nadia Sollogoub, MM. Dominique Théophile, Jean-Marie Vanlerenberghe .

L'ESSENTIEL

Souvent tabous, les troubles psychiques concernent chaque année un Français sur cinq et leur prise en charge est le premier poste de dépenses de l'assurance maladie, devant la prise en charge des cancers.

Cet enjeu majeur de santé publique a pris une forte résonance dans la crise sanitaire : le climat anxiogène d'incertitude et les mesures de restrictions qui accompagnent cette crise affectent la santé mentale d'un grand nombre de nos concitoyens, dont la vie sociale et parfois la situation économique se trouvent par ailleurs bouleversées . Certains publics, notamment les jeunes, sont particulièrement concernés.

Les besoins de prise en charge en santé mentale qui émergent de cette crise sanitaire font peser une pression supplémentaire sur un système déjà en forte tension. Mais ce contexte se révèle également propice à des initiatives et des innovations.

Cette crise sanitaire a une fois de plus mis en lumière les carences bien connues de notre système de suivi, de prévention et de prise en charge de premier niveau des troubles psychiques.

La tenue des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie les 27 et 28 septembre 2021, à l'initiative du Président de la République, marque à cet égard une prise de conscience, sans répondre toutefois à toutes les attentes des professionnels du secteur.

Pour les rapporteurs, si le « contrecoup psychologique » de la crise sanitaire devra être évalué dans le temps long, ce contexte doit également être saisi comme une opportunité pour engager des évolutions indispensables dans le champ de la santé mentale .

I. LA CRISE SANITAIRE, UN AMPLIFICATEUR DES BESOINS EN SANTÉ MENTALE

A. UN ÉVÈNEMENT COLLECTIF ANXIOGÈNE : UN IMPACT À SUIVRE ET ÉVALUER DANS LE TEMPS

1. La santé mentale, victime collatérale de la crise sanitaire

Ce que certains médecins annonçaient très tôt comme une « vague psychologique » qui suivrait la première vague de l'épidémie a en réalité démarré très tôt, sous l'effet de la menace de la maladie mais également des mesures prises pour lutter contre sa propagation.

L'état dégradé de la santé mentale, mesuré par différents indicateurs (anxiété, dépression, pensées suicidaires, problèmes de sommeil, consommation de psychotropes, etc .) par plusieurs études, dont l' enquête CoviPrev conduite par Santé publique France, s'avère durable en dépit des variations constatées au fil des confinements ou déconfinements successifs.

L'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des Français :
chiffres clés

• Le « choc » du premier confinement (mars-avril 2020)

soit quasiment le double du taux observé hors épidémie

• Un état de santé mentale dégradé qui s'installe dans la durée (octobre-novembre 2021)

• Une consommation de psychotropes qui confirme ces tendances

2. Des signaux de vigilance sur des publics particulièrement vulnérables

Certains publics appellent une vigilance particulière.

Parmi ces publics, on relève notamment les personnes souffrant déjà de troubles psychiques, avec une augmentation des facteurs d'angoisse et un abandon ou un mauvais suivi des traitements, même si chez certains patients des « syndromes de résilience » ont pu être observés, diminuant, au plus fort de la première vague, les symptômes de leur pathologie.

Les femmes et les jeunes sont également deux catégories identifiées comme plus fragilisées sur le plan psychologique par la crise sanitaire .

La réduction des interactions sociales, les violences domestiques et la précarité qui touche notamment les familles monoparentales et donc les femmes, ont renforcé l'impact de la pandémie en termes de santé mentale sur ces publics.

Les personnes âgées ont également souffert de leur isolement social, à domicile comme en Ehpad.

Enfin, un public professionnel a été identifié comme particulièrement vulnérable : les soignants. Très exposés au virus, ils sont aussi concernés par les conséquences en matière de santé mentale avec un fort stress et épuisement et une confrontation avec la mort.

Si de premières études sont déjà riches d'enseignements sur les conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale, ces enseignements ne sont que partiels : des études plus approfondies seront nécessaires pour évaluer ses effets dans le temps long.

À ce titre, les rapporteurs insistent sur la nécessité de renforcer les crédits attribués à la recherche en santé mentale en général, alors que le secteur souffre de financements insuffisants , mais également d'assurer la conduite de projets de recherches coordonnés aux niveaux national comme européen.

Cet effort de recherche devrait également concerner les cas de « covid long », alors que des médecins estiment entre 20 et 30 % la part des personnes infectées par ce virus présentant des signes dépressifs.

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