II. DES DÉFIS COMMUNS

A. L'IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SUR LE FONCTIONNEMENT DES OPÉRATEURS

L'impact de la pandémie sur les opérateurs doit être analysé sous deux angles :

- les incidences budgétaires et la balance entre économies réalisées et dépenses exceptionnelles destinées à adapter l'enseignement comme les locaux aux nouvelles contraintes sanitaires ;

- les conséquences sur la formation en tant que telle.

1. Des économies de fonctionnement toutes relatives

La fermeture des locaux pendant les périodes de confinement n'a eu qu'un impact relatif sur les budgets des établissements.

Si l'impact de la crise reste d'après lui positif, sur le compte de résultat, le Centre national des arts du cirque relève ainsi une fragilisation de ses ressources propres, liées à l'annulation des modules de formations et de ses recettes de co-production ou de billetterie. La gestion des contraintes sanitaires a, dans le même temps, entrainé un surcoût de charges spécifiques (achat de matériel et de consommables, renfort des dispositifs d'entretien et de contrôle d'accès ...).

Le CNSMD de Lyon relève également des pertes de recettes : il a enregistré un manque à gagner de plus de 60 000 euros issus de la résidence (absence de loyers de mi-mars à août 2020 et transformation de chambres doubles en chambres simples en septembre 2020) et de locations diverses ainsi que plus de 35 000 euros de recettes diverses (cessions de spectacle, billetterie, prestations accessoires, redevances machines denrées/boissons, régie de recettes médiathèque). A ces pertes s'ajoutent 92 000 euros de dépenses identifiées « Covid 19 », dont 24 000 euros liés au remplacement d'une partie du parc informatique utilisateurs et 68 000 euros affectés au financement des dépenses d'hygiène et de sécurité sanitaire au travail. Le Conservatoire a cependant enregistré une économie de 206 000 euros sur l'enveloppe des dépenses de personnel (jury, intervenants pédagogiques, report de remplacement/création de poste) et de 290 000 euros sur les dépenses de fonctionnement hors dépenses supplémentaires Covid 19.

Le CNSMD de Paris enregistre le même impact . Le montant des dépenses supplémentaires liées à la crise s'est élevé en 2020 à 512 000 euros :

- 152 000 euros de dépenses de fonctionnement dont 60 000 euros de fourniture ;

- 361 000 euros de dépenses d'investissement : 206 000 euros d'achat d'écrans et d'ordinateurs portables et 155 000 euros d'immobilisations d'échafaudages.

Les dépenses non engagées du fait de la crise s'élèvent, quant à elles, à environ 700 000 euros : heures de jurys non consommées (le taux de consommation atteignant 48 %), projets de recherche non effectuées (taux de consommation de 22 %) et moindre recours à des intermittents.

Le CNSAD a également enregistré en 2020 une baisse de ses ressources propres de l'ordre de 124 200 euros par rapport à 2019 : absence de recettes d'inscription au concours d'entrée en 1 er cycle suite à l'annulation du concours 2021 (- 114 200 euros) et réduction de l'activité de location des espaces du Conservatoire (- 10 000 euros).

Les dépenses exceptionnelles ont, quant à elles, atteint 154 000 euros :

- 60 000 euros au titre des achats de matériels informatiques en vue d'assurer la continuité de l'activité pédagogique ;

- 34 000 euros dévolus à l'achat de produits sanitaires ;

- 60 000 euros d'aides aux élèves afin de les soutenir face aux difficultés liées à la crise sanitaire et à l'allongement des cursus.

L'augmentation des locations extérieures et des opérations hors les murs en France ont, de leur côté, été compensés par la baisse des activités à l'international.

Les baisses observées sur certains postes sont liées à la fermeture du bâtiment durant le confinement et au report de plusieurs projets sur 2021.

Le CNSAD table désormais sur des répercussions budgétaires de la crise jusqu'en 2023. Celles-ci intègrent l'allongement du cursus des élèves (un à deux semestres) afin de prévoir des périodes pour « rattraper » les enseignements reportés en 2020 et 2021, le report des représentations publiques des ateliers des élèves de 3 ème année du 1 er cycle, des travaux de élèves du 2 ème cycle et des doctorantes et doctorants, la poursuite du travail en petits groupes, la poursuite du travail en « hors les murs » au sein de structures professionnelles partenaires et la nécessité de louer des espaces extérieurs au Conservatoire, et la poursuite de l'accompagnement des élèves compte tenu de l'aggravation de leur situation financière.

2. Les conséquences pédagogiques

La plupart des établissements ont décidé la neutralisation de certaines disciplines (22 disciplines au CNSMD de Lyon en 2019-2020 puis 7 en 2020-2021), le renfort d'enseignement et la prolongation des cursus dans les disciplines principales , le report (CNSMD Lyon), voire l'annulation des concours d'entrée (CNSAD).

Par ailleurs, comme l'a relevé le CNAC auprès des rapporteurs spéciaux, les limitations techniques dues à l'application des gestes barrières adaptés d'une part et les restrictions de présentations publiques qui sont au centre du dispositif pédagogique d'autre part, ont pu fortement affecter la dynamique pédagogique globale avec un impact sur la motivation des enseignants comme des étudiants.

En découle un manque de projection des étudiants alors que le secteur du spectacle vivant est soumis à une logique de stop and go en raison de l'évolution de la situation sanitaire. Les longues périodes de fermeture des lieux de production et de diffusion conduisent à renforcer une absence de visibilité sur l'avenir, les étudiants s'interrogeant sur une éventuelle reconversion professionnelle avant même de pouvoir réaliser leur insertion professionnelle.

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