B. MIEUX ACCOMPAGNER L'ENTRÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

1. Un taux d'insertion professionnelle satisfaisant...

Le défi de l'insertion professionnelle des étudiants issus de l'enseignement supérieur culture est régulièrement mis en avant par les rapporteurs spéciaux à l'occasion de l'examen des projets de lois de finances et de lois de règlement.

Selon les prévisions du ministère, 94 % des diplômés de l'enseignement supérieur dans le domaine du spectacle vivant et du cinéma devaient obtenir un emploi dans leur secteur de compétence en 2021 dans les trois ans suivant l'obtention de leur titre, contre 89 % en 2020.

Taux d'insertion professionnelle des diplômés
de l'enseignement supérieur Culture (ESC)

2018

Réalisation

2019

Réalisation

2020

Réalisation

2021

Prévision

2022

Prévision

2023

Cible

Architecture et patrimoine

87 %

90 %

88 %

91 %

91 %

91 %

Arts plastiques

58 %

61 %

73 %

75 %

75 %

66 %

Spectacle vivant et cinéma

90 %

93 %

89 %

94 %

94 %

94 %

Tous établissements ESC

80 %

82 %

84 %

85 %

85 %

84 %

Source : commission des finances du Sénat, d'après les documents budgétaires

Dans le détail, le taux d'insertion professionnelle varie d'une école à l'autre. Ainsi s'agissant du CNAC, le taux d'insertion professionnelle global atteint 89 % pour les promotions 2015/2016, 2016/2017 et 2017/2018. Le taux d'insertion professionnelle dans le domaine du cirque ou du spectacle vivant atteint plus précisément 87 %.

Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de ·Paris affiche, de son côté, s'agissant des diplômés de 2015, un taux d'insertion professionnelle dans le domaine musical de 88 % avec un délai d'accès à l'emploi relativement court : seuls 25 % des anciens élèves ont mis plus de six mois après la fin de leur cursus à trouver un emploi 6 ( * ) . Reste un revenu médian annuel peu élevé, qui se situe dans la tranche 16 000 - 20 000 euros. 38 % des anciens élèves employés en France disposent d'un revenu annuel situé en dessous de cette médiane. 56 % des anciens élèves estiment par ailleurs que leur premier emploi ne permet pas de subvenir totalement à leurs besoins.

Le CNSMD Lyon présente un taux d'insertion professionnelle variant entre 82 % et 100 % selon les diplômes. Les résultats de l'enquête fournis aux rapporteurs spéciaux ne précisent pas si cette intégration professionnelle est en lien avec la formation initiale. Ils notent par ailleurs un taux de réponse à l'enquête menée par le CNSMD sur l'insertion de ces étudiants inégal selon les promotions (65 % en 2019/2020, 81 % en 2018/2019 et 32 % en 2017/2018).

2. ...qui n'empêche pas la nécessité d'un suivi plus affiné

Le ralentissement de l'activité culturelle lié à la crise sanitaire fragilise bien évidemment l'entrée sur le marché du travail. Les incertitudes entourant une reprise pleine et entière de l'activité dans le domaine du spectacle vivant supposeraient un suivi renforcé de cette question. Les rapporteurs spéciaux relèvent qu'aucun dispositif particulier n'a été proposé au sein de la mission « Culture » . La mission Plan de relance n'a de son côté prévu qu'un dispositif de soutien aux artistes fragilisés par la crise, qui ne seraient pas couverts par les dispositifs transversaux mis en place, doté de 13 millions d'euros (AE = CP) en 2021. Ce fonds, dont les crédits étaient consommés à 92 % au 1 er octobre dernier, ne consiste pas spécifiquement en une aide à l'insertion professionnelle.

Recommandation n°3 : Rééquilibrer les crédits du Plan de relance dédiés à l'enseignement supérieur culture, principalement consacrés à l'investissement immobilier, en faveur du financement d'un mécanisme d'insertion professionnelle des jeunes diplômés , associant aides financières aux structures qui recrutent et suivi plus exigeant des étudiants.

Le taux global d'insertion doit par ailleurs être affiné et mieux documenté, s'agissant des revenus perçus notamment. Les rapporteurs spéciaux notent que les éléments fournis par la plupart des opérateurs auditionnés relèvent des enquêtes DESC, menées par le département des études et prospectives du ministère de la culture. Ces enquêtes portaient jusqu'en 2019 sur l'insertion professionnelle des diplômés 3 ans après l'obtention du diplôme. Un nouvel instrument a été mis en place en vue d'interroger les jeunes diplômés, six mois après leur sortie. Cette amélioration de la documentation va dans le bon sens, même si elle reste tributaire du taux de réponse. Elle pourrait être doublée d'un véritable accompagnement.

Le Jeune théâtre national (JTN), chargé du suivi de l'insertion professionnelle des élèves issus du 1 er cycle du CNSAD pourrait à ce titre constituer un exemple à suivre pour les autres enseignements. Créée en 1971 et financée, à hauteur de 1 million d'euros (AE = CP) en loi de finances pour 2022, par le programme 361 « Transmission des savoirs » de la mission « Culture », cette association loi 1901 suit également la sortie des élèves de l'école du Théâtre national de Strasbourg.

Son action se développe autour de quatre axes :

- Organisation de rencontres et d'auditions , permettant de développer les liens entre les professionnels et les jeunes artistes : il s'agit ainsi de favoriser les complicités artistiques afin de permettre aux jeunes artistes de trouver des engagements et d'entrer dans la vie professionnelle ;

- Soutien financier au spectacle vivant, via la prise en charge d'une partie des salaires des jeunes artistes suivis par le JTN engagés à la suite des auditions . Le salaire des artistes JTN est fixé par le comité directeur de l'association : il s'élève à 2 220 euros bruts mensuels, lorsque l'employeur est une compagnie, une scène nationale, un théâtre missionné ou un centre dramatique régional. Il atteint 2 400 euros bruts mensuels, lorsque l'employeur est un centre dramatique national ou un théâtre national . La participation financière du jeune théâtre national est fixée à 2 010 euros par artiste et par mois. La durée de prise en charge est de deux mois maximum, quel que soit le producteur. La prise en charge est limitée à la moitié de la distribution ;

- Programmation régulière de maquettes de premiers spectacles par les collectifs d'artistes du JTN et lectures de pièces contemporaines au sein des trois salles parisiennes gérées par le JTN ;

- Élaboration d'un annuaire de l'ensemble des artistes issus des onze écoles nationales d'art dramatique.

Le JTN réunit 130 artistes, comédiennes et comédiens, metteuses et metteurs en scène, dramaturges, scénographes, costumières et costumiers, créatrices et créateurs lumière et son.

Une enquête menée en 2018 sur son action permet de dresser les constats suivants :

- 90% des artistes ont une période d'activité dans le spectacle après le JTN ;

- 83% des artistes ont une activité dans le spectacle chaque année après le JTN ;

- le salaire annuel moyen des artistes dans le spectacle augmente avec les années et passe de 13 700 euros annuels à la fin du JTN à 19 900 euros annuels six ans après la fin du JTN ;

- 68 % des artistes travaillent essentiellement dans le spectacle vivant subventionné.

Recommandation n°4 : Favoriser et mieux documenter l'insertion professionnelle des élèves des Conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse et du Centre national des arts du cirque en y déclinant le modèle du Jeune théâtre national mis en oeuvre au sein du Conservatoire national supérieur d'art dramatique


* 6 Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris - Enquête DESC 11. Cette enquête couvrait initialement une population de 297 anciens élèves. Seuls 57 % d'entre eux ont cependant répondu au questionnaire.

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