II. ÉNERGIE NUCLÉAIRE ET HYDROGÈNE BAS-CARBONE : DES LEVIERS MASSIFS DE DÉCARBONATION

A. LA NEUTRALITÉ CARBONE : UN ENJEU COMPLEXE D'INTÉRÊT NATIONAL

L'atteinte de la neutralité carbone à l'horizon 2050 est un enjeu complexe, d'intérêt national.

Aussi énergies nucléaire et renouvelables ne doivent-elles pas être opposées . Comme l'a indiqué RTE, « la neutralité carbone [induit] une transformation énergétique profonde [nécessitant] de produire plus d'électricité décarbonée pour couvrir l'augmentation liée à l'électrification des usages. [...] Le contexte actuel de crise énergétique renforce l'intérêt d'une stratégie d'électrification rapide et de maximisation de la production décarbonée ».

Dans le même esprit, l'hydrogène issu de l'énergie nucléaire est celui issu des énergies renouvelables doivent être promus de concert . Ainsi que l'a rappelé la CRE, « il est essentiel de rappeler que l'hydrogène vert est produit à partir de l'électricité. Tout développement important de l'hydrogène nécessite donc une forte augmentation de la production d'électricité en France. La seule possibilité réaliste de le faire est de développer massivement à la fois le nucléaire et les énergies renouvelables ».

Au-delà de la production d'énergie , la sobriété énergétique est cruciale pour atteindre la neutralité carbone . Pour réduire concrètement la consommation d'énergie, l'enjeu est de l'évaluer, par des audits énergétiques, et de renforcer la performance énergétique des bâtiments, des équipements, des véhicules ou des procédés. Comme l'a souligné l'Ademe, « concernant le mix énergétique dans son ensemble, [...] la réduction de la demande est le facteur clé de l'atteinte de la neutralité carbone [...]. Le contexte actuel sur les prix de l'énergie peut venir forcer une sobriété qu'on avait [...] supposée mise en oeuvre via une contrainte de l'État ou collaborative ».

Enfin, la neutralité carbone suppose des investissements lourds, avec des temps longs de R&D, de construction ou de raccordement . Si les ERP2 sont des technologies matures, la construction de 3 nouvelles paires n'est pas prévue avant 2028, ni leur mise en service avant 2035. S'agissant des autres technologies, il faudra attendre environ 2025 pour le démonstrateur d'électrolyseur à haute température Genvia, 2030 pour le prototype de SMR Nuward, 2035 pour les premières fusions d'ITER ou le site de stockage géologique profond Cigéo, et 2040 pour le multi-recyclage des combustibles usés en REP. Quant aux réacteurs de 4 e génération ou à la fusion hydrogène, ils sont davantage attendus pour la seconde moitié du siècle. Ces horizons de temps éloignés ne doivent surtout pas conduire à l'inaction mais, bel et bien, à l'anticipation tant les enjeux sont fondamentaux pour le système électrique et, au-delà, notre activité économique et nos engagements climatiques. Dans ce contexte, le CEA a indiqué que « l'autre aspect important dans la constitution et la modification de ce mix réside dans le caractère fortement capitalistique du secteur énergétique, avec pour les aspects électriques des temps de construction des installations, de raccordement aux réseaux et de retours sur investissements qui s'expriment en dizaines d'années ; cela est particulièrement le cas dans le domaine du nucléaire ».

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