B. LA PÊCHE ILLÉGALE ET LE TRAFIC DE DROGUES, DEUX FLÉAUX AUX CONSÉQUENCES MAJEURES

1. La pêche illégale, une atteinte grave à l'auto-suffisance alimentaire de l'Afrique de l'Ouest

Dans le golfe de Guinée, 40 % du poisson pêché le serait de façon illégale , ce qui représente plus de 1,2 milliard d'euros de manque à gagner annuel pour les pays de la région. La pêche illégale est menée par des bateaux souvent chinois ou russes, qui prélèvent des quantités dépassant les capacités de reconstitution des stocks. Or la pêche fait vivre plus de 7 millions de personnes dans la région et le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé au cours des deux dernières années.

En 2016, l'Union africaine a adopté une charte sur la sécurité maritime en mettant particulièrement l'accent sur la pêche illégale. Les trente et un États signataires, dont les pays du golfe de Guinée, se sont en effet engagés à mener les réformes nécessaires pour améliorer la gouvernance dans le secteur de la pêche et à prendre les mesures appropriées pour lutter efficacement contre la pêche illégale. Cette prise de conscience ne semble toutefois pas avoir débouché sur des actions suffisantes pour mettre un coup d'arrêt au phénomène .

Des actions sont déjà menées par la marine française contre la pêche illégale dans le cadre de Corymbe , sous la forme de patrouilles de surveillance des pêches permettant de détecter et de dissuader ces activités, en coordination étroite avec les centres d'opérations maritimes des partenaires régionaux africains. Selon les rapporteurs, il faut aller plus loin et faire la lutte contre la pêche illégale une véritable priorité, d'autant que la baisse de la piraterie donne des marges pour agir. Plus globalement, il est nécessaire d'aller au-delà de la seule approche sécuritaire immédiate pour créer les conditions d'une « économie bleue » prospère dans le golfe de Guinée, dont toute l'Afrique de l'Ouest bénéficiera.

2. Le trafic de drogue, une menace grave pour l'Europe

Le trafic international de drogue, essentiellement à destination de l'Europe, constitue une menace croissante , comme en témoignent le développement des mafias liées à ce trafic aux Pays-Bas et en Belgique, où des mesures de protection policière contre les trafiquants sont devenues nécessaires pour assurer la sécurité de certains membres du Gouvernement. Or une grande partie de la cocaïne qui alimente l'Europe transite désormais par les pays du golfe de Guinée . Ainsi, en décembre 2022, plus de 4,6 tonnes de cette drogue, représentant une valeur d'environ 150 millions d'euros, ont été saisies par la Marine française dans le golfe. Il existe un véritable « écosystème » de la drogue sur la côte du golfe de Guinée, qui s'appuie sur des aéroports internationaux, des ports maritimes avec terminal à conteneurs et des réseaux routiers régionaux, permettant de redistribuer la drogue en Afrique et surtout en Europe.

Si une partie de la solution réside dans la classique coopération policière et judiciaire entre l'ensemble des pays par lesquels transitent les flux, une réponse régionale commune a aussi été ébauchée avec la Commission ouest-africaine sur les drogues (WACd), dirigée par Kofi Annan. Toutefois, davantage de volonté politique est nécessaire pour faire passer ce problème au premier plan et lui consacrer les financements qu'il mérite . Ces efforts sont cependant entravés par les problèmes de corruption.

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