B. UNE RÉCESSION DIFFICILE À SURMONTER

Alors qu'elle était le troisième des pays considérés comme les plus riches du monde, avec un revenu de 29.200 dollars par habitants en 1992, la Suède a traversé une phase de récession difficile à surmonter. En fait, la Suède a connu la plus grave crise de son économie, après un siècle de croissance. Désormais, la Suède n'est plus que le dix-septième pays du monde pour le revenu par habitant.

1. Une politique plus volontariste pour retrouver la croissance

D'octobre 1991 à septembre 1994, le programme du Gouvernement BILDT avait visé à rompre avec le modèle social-démocrate en restaurant les valeurs du marché et la liberté de choix face aux principes égalitaires. Il comportait un plan de privatisations, un encouragement à l'épargne privée, une libéralisation des investissements étrangers et un abaissement de la pression fiscale sur les hauts revenus et des dépenses publiques. Mais ce programme n'a reçu qu'un commencement d'application. L'augmentation du déficit budgétaire avait contraint le Gouvernement à donner la priorité à l'assainissement des finances publiques, à la restauration de la croissance, sans négliger pour autant la politique de l'emploi, afin de combattre un chômage atteignant des proportions dramatiques inconnues jusqu'alors. Cette politique avait porté quelques fruits puisque, dès 1993, les industries avaient retrouvé une certaine compétitivité (6 % de gain de productivité), que l'absentéisme avait baissé et que l'inflation était passée de plus de 10 % en 1990 à 4,9 %.

En 1993, la Suède n'en a pas moins battu le triste record d'avoir connu la plus forte baisse du produit national brut des vingt quatre pays de l'OCDE. Le produit national brut n'atteignait que 185 milliards de dollars en 1993 contre 250 en 1992.

1994 a connu une légère croissance (+ 2,2 %), mais avec un taux de chômage de 9 % de la population active et un produit national brut par habitant légèrement inférieur à celui de la France.

La plupart des indicateurs économiques affichent, désormais, une évolution plus favorable. Pour 1995, le produit national brut pourrait atteindre 1.622 milliards de couronnes suédoises (+ 3,9 %), selon les estimations.

La consommation des ménages, négative pendant trois ans, a repris légèrement en 1994 (+0,4 %), mais devrait rester inchangée en 1995, le programme d'austérité annoncé réduisant d'autant les revenus disponibles. La baisse prévue des revenus des ménages est de l'ordre de 2,2 % pour 1995.

Le plan en cours d'application comporte une médication énergétique : retraite à 66 ans et réduction des pensions sur cinq ans ; réduction des remboursements de frais médicaux ; licenciements de fonctionnaires.

De ses entretiens à Stockholm, votre Mission tire l'impression d'ensemble que les pronostics des experts suédois sont plus optimistes.

2. L'inflation

Le flottement de la couronne suédoise a été décidé le novembre 1992. Il a abouti à une chute de 20 % de la valeur de la monnaie.

Le taux d'inflation qui était fort dans les années 1990-1991 a évolué comme suit :

Pour 1995, le taux attendu d'inflation ne devrait pas excéder 2,9 %.

3. L'emploi et les effets pervers de l'indemnisation du chômage

En dépit de la relance de l'économie suédoise, l'accroissement rapide chômage en 1994 est demeuré un facteur préoccupant.

La population active représente 4,3 millions de personnes, dont 2,1 millions de femmes. Le chômage indemnisé concerne 8,2 % de la population et frappait à hauteur de 16,9 % la tranche des 16-24 ans. Si l'on y intègre les stagiaires et employés en formation, le chômage touche 13 % de la population active.

Dans son récent rapport, déjà évoqué. l'OCDE a jugé que la conjonction d'un taux élevé de compensation de l'assurance chômage -ramené de 90 % à 80 % mi-1993, à l'époque du gouvernement BILDT- et d'un plafond tout aussi important des prestations « a fait que l'indemnisation des chômeurs, aussi bien pour les titulaires de bas salaire que pour les personnes rémunérées au salaire moyen, était la plus élevée de la zone OCDE ». « Même lorsqu `ils auront été ramenés à 75 %, comme l'annonce a été faite en avril 1995 » , les taux de compensation demeureront trop généreux, estime l'OCDE qui cite une étude selon laquelle les bénéficiaires d'une assurance chômage mettent plus de temps -12 % en moyenne- à trouver un emploi régulier que les travailleurs ne bénéficiant d'aucune compensation.

L'OCDE met, par ailleurs, en évidence que, si la durée d'indemnisation des chômeurs est, en théorie, relativement courte, sa durée effective n'incite pas les chômeurs à trouver un emploi durable. L'organisation internationale regrette ainsi que « les mesures prises en 1994 pour limiter la possibilité de renouveler les droits à prestation (aient) été abrogées le 1er janvier 1995 », par le nouveau gouvernement social-démocrate.

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