D. L'UTILISATION DES PROGRAMMES EUROPÉENS ET DES ACTIONS COMMUNAUTAIRES DANS LE DOMAINE DES LANGUES VIVANTES

Les programmes linguistiques européens, qui tendent à promouvoir la connaissance des langues étrangères dans les États de l'Union européenne, apportent des crédits d'appui destinés à améliorer la formation initiale et continue des enseignants, à favoriser leur mobilité et tendent à participer à l'amélioration de l'apprentissage des langues dans l'enseignement spécialisé et supérieur, notamment dans le domaine de l'économie.

Plusieurs dispositifs se sont ainsi succédés au cours des dernières années.

1. Le programme Lingua

Le programme adopté par le Conseil des Ministres du 28 juillet 1989 institue notamment un soutien prioritaire pour la promotion de l'apprentissage des langues les moins enseignées.

a) Des échanges européens dans le cadre de projets éducatifs conjoints

L'action IV du programme Lingua tend à favoriser des échanges de groupes d'élèves et d'étudiants, notamment dans les filières de l'enseignement technique et professionnel. Depuis son lancement, en 1990, ce programme a favorisé la mobilité de 90 000 jeunes européens âgés de 16 à 25 ans, dont 18 000 français.

b) Son bilan pour l'année 1994

Pour l'année 1994, 6 700 jeunes accompagnés par 730 professeurs ont effectué un séjour d'une durée d'au moins deux semaines dans un pays communautaire. Les 335 projets éducatifs retenus ont bénéficié d'un soutien de 10,4 millions de francs, dont 870 000 francs accordés par l'éducation nationale, et ont visé 580 élèves et étudiants.

c) La répartition des échanges

Les échanges qui s'orientaient en 1991 à plus de 60 % en direction du Royaume-Uni enregistrent désormais une répartition des projets plus équilibrée :

- 35 % vers le Royaume-Uni ;

- 19 % vers l'Italie ;

- 11,5 % vers le Danemark ;

- 6 % vers l'Irlande.

Par niveau de formation, la proportion des élèves de lycées professionnels s'équilibre autour de 50 %, tandis que les élèves de sections de techniciens supérieurs dépassent désormais 15 %, soit une répartition similaire à celle des élèves de l'enseignement technologique et général.

d) Les conditions d'une réussite

Le succès de l'action IV Lingua est lié à la qualité des projets et à la définition de leurs objectifs linguistiques, pédagogiques, professionnels et culturels.

Les projets d'échanges de ce programme continuent à bénéficier d'un soutien financier européen dans le cadre du chapitre III du programme Socrates.

2. Le programme Socrates

Ce programme, proposé par la commission européenne le 4 janvier 1994, tend à prolonger et à actualiser les programmes Erasmus et Lingua et vise notamment à améliorer et à diversifier les compétences linguistiques des élèves, des étudiants et des enseignants dans toutes les langues de l'Union européenne, en donnant une traduction concrète aux nouvelles compétences en matière d'enseignement scolaire de l'Union européenne.

Ce programme comporte trois volets :

a) Le chapitre I

concerne l'enseignement supérieur et reprend pour l'essentiel, en les actualisant, les mesures du programme Erasmus de 1987.

b) Le chapitre II

concerne l'enseignement scolaire et définit trois actions :

- les partenariats scolaires multilatéraux ;

- les enfants de travailleurs migrants ;

- la formation initiale et continue des enseignants.

c) Le chapitre III

regroupe les mesures transversales :

- formation linguistique des enseignants (suite du programme Lingua) ;

- développement de l'éducation ouverte et à distance ;

- échanges d'informations et d'expériences.

3. Le programme Leonardo da Vinci

Adopté par le Conseil des ministres du 6 décembre 1994, il constitue pour la période 1995-1999 un programme d'action pour une politique européenne de formation professionnelle, afin de faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active et la formation des adultes.

a) Les objectifs du programme

- améliorer les dispositifs nationaux de formation professionnelle ;

- déboucher sur une qualification professionnelle reconnue à l'issue de la scolarité obligatoire ;

- encourager la formation professionnelle en faveur des adultes ;

- promouvoir l'égalité des chances ;

- développer les compétences linguistiques et les nouvelles technologies.

b) Les moyens prévus

- les projets pilotes transnationaux ;

- les placements et les échanges ;

- les enquêtes et analyses ;

- les mesures d'évaluation.

4. Les partenariats scolaires multilatéraux

Cette action a été mise en oeuvre sur la base des conclusions adoptées par les ministres de l'éducation en novembre 1991 et sur une résolution du Parlement européen de 1987, pour une durée prolongée jusqu'en 1994-1995.

a) Les modalités

Ce partenariat réunit des établissements d'au moins trois États membres et s'inscrit nécessairement dans le cadre d'un projet éducatif européen.

b) Les résultats

40 partenariats scolaires multilatéraux, impliquant 160 établissements d'enseignement primaire ou secondaire ont été mis en place dans les douze États membres. Cette action concerne près de 1 000 professeurs et environ 7 000 élèves âgés de 6 à 18 ans.

c) Les structures

Chaque partenariat comporte un établissement coordinateur et au moins deux établissements partenaires.

Actuellement, cinq établissements français sont coordinateurs et dix-neuf sont partenaires dans un autre État.

Les établissements sont financés à parité par la Commission et par le ministère de l'éducation nationale.

5. Les filières bilingues franco-allemandes

Les filières bilingues réservées à l'enseignement secondaire ont été créées par accords de coopération avec l'Allemagne et comportent deux modalités.

a) Les lycées franco-allemands

Trois lycées franco-allemands situés, l'un en France et les deux autres en Allemagne, dispensent un enseignement bilingue sanctionné par un baccalauréat franco-allemand.

b) La délivrance simultanée du baccalauréat et de l'Abitur

Cette formation a été mise en oeuvre à titre expérimental à la suite d'une décision prise au sommet franco-allemand de Francfort en octobre 1986.

Six établissements participent à cette expérience (Bonn, Francfort, Stuttgart, Bordeaux, Lyon et Rennes).

Huit nouveaux établissements devraient intégrer ce dispositif à la rentrée 1995.

6. Les échanges franco-allemands dans le domaine des enseignements et de la formation technologiques

Ces échanges concernent les jeunes et les adultes et sont organisés selon les modalités suivantes :

- un séjour d'au moins trois semaines en Allemagne dans le cadre d'un projet pédagogique ;

- un accord passé entre un établissement français (lycée professionnel, CFA...) et un établissement allemand ;

- une préparation linguistique des stagiaires, des élèves et des enseignants assurée avec le concours de l'office franco-allemand de la jeunesse. En 1993, 1 600 jeunes et adultes ont bénéficié, pour chaque pays, de ces échanges.

7. Les échanges d'assistants de langues vivantes

Ces échanges visent les étudiants français possédant au moins un DEUG de langue vivante et qui sont inscrits dans une université française.

En 1994-1995, environ 3 500 étudiants de 15 pays étaient concernés par cette formule.

Le développement de ces échanges est particulièrement souhaitable pour enrayer la chute des effectifs d'assistants dans les établissements français. Alors que chaque lycée était doté d'un assistant il y a quelques années, leur nombre va en réduisant, alors que de nombreux assistants, dans des langues rares par exemple, sont aujourd'hui inemployés.

8. Les échanges franco-allemands d'instituteurs

Ce programme a été mis en oeuvre dans le cadre du traité de coopération.

Son objectif est de familiariser les élèves du primaire avec la langue allemande et de perfectionner la formation des enseignants pour leur permettre d'enseigner l'allemand en cours moyen.

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En dépit de leur intérêt, de leur variété et de leurs perspectives, ces dispositifs communautaires, et ces actions communes mises en place principalement avec l'Allemagne ne touchent que des effectifs fort réduits d'élèves et d'enseignants.

Ces dispositions et accords ne semblent pour l'instant pas en mesure d'inverser une tendance lourde qui se traduit par une hégémonie de l'anglais, un effacement des langues « minoritaires » qui sont pourtant parfois des grandes langues européennes, et d'enrayer, en dépit de l'intensité des liens contractuels tissés avec l'Allemagne dans le domaine linguistique, le recul de l'enseignement de la langue allemande en France, tandis que l'apprentissag e du français tend à reculer outre-Rhin du fait notamment que notre partenaire ne respecte pas les dispositions du Traité de l'Élysée.

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