La concurrence doit bénéficier en priorité au consommateur : pour un droit de propriété sur les numéros de téléphone

Le nouveau plan de numérotation apparaissant également le permettre si on s'en donne les moyens, dès 1998 ou au plus tard dans les deux années suivantes, chaque abonné devrait pouvoir conserver son numéro de téléphone non seulement s'il change d'opérateur en restant au même endroit mais également s'il déménage, qu'il conserve ou non le même opérateur.

Dans un premier temps, un tel choix nécessitera une démarche préalable et ne sera pas gratuit. L'utilisateur aura à demander un type de numéro spécifique à son prestataire et à payer le prix du service offert, sous forme par exemple de supplément d'abonnement.

Cependant, à terme, cette option pourrait être ouverte à tous et pour un prix minime, voire gratuitement.

De fait, actuellement les numéros attribués couramment correspondent encore à une " adresse téléphonique ". Mais, demain -et ce sera le cas bientôt pour les numéros " géographiquement portables "-, avec les progrès des techniques de traitement informatique, on peut raisonnablement envisager que la composition d'un numéro envoie sur une base de données où figurera la dernière " adresse téléphonique " de la personne appelée. La communication sera alors automatiquement aiguillée vers le poste de cette personne, que celle-ci ait ou non changé " d'adresse téléphonique " depuis l'attribution du numéro composé.

Pour les experts qui réfléchissent à ces perspectives, en l'état actuel des techniques, la mise en oeuvre d'une telle solution pour tous les numéros conduirait à allonger, dans des proportions assez sensibles, le laps de temps qui s'écoule entre la composition d'un numéro et le déclenchement de la première sonnerie sur le poste appelé. Cependant, le formidable accroissement de puissance des microprocesseurs -les moteurs des ordinateurs- prévisible dans les années à venir semble de nature à aplanir rapidement l'obstacle.

La loi formulée de manière empirique, en 1965, par Gordon Moore (l'un des fondateurs d'Intel) s'est, en effet, constamment vérifiée depuis : à prix constant, la puissance des microprocesseurs (ou puces) double tous les dix-huit mois. Cela signifie que, pour le prix d'un micro-ordinateur acquis en 1980, on pouvait acheter un équipement 4 fois plus performant en 1983, ce rapport passant à 16 en 1986, à 64 en 1989, à 256 en 1992 et à ... 1.000 en 1995.

Selon les spécialistes, il est probable que la loi de Moore va continuer à jouer pendant encore une vingtaine d'années. Si c'est le cas, dans quinze ans, à prix constant, un micro-ordinateur sera 1.000 fois plus rapide qu'aujourd'hui -un million de fois plus qu'en 1980 !- et, en 2002, dans six ans, une opération qui réclame actuellement 6 secondes de traitement durera moins d'un dixième de seconde.

Dans une telle hypothèse, il sera possible à tout un chacun de disposer d'un numéro de téléphone valable quel que soit l'endroit du territoire où il s'installe (tout au moins pour les 8 derniers chiffres ne correspondant pas au préfixe régional dans le nouveau plan de numérotation). Avoir un numéro de téléphone pour la vie et en devenir propriétaire sera alors possible.

Il en résultera une liberté de choix qui n'existe pas aujourd'hui. Les numéros les plus attractifs pourront en effet pour partie être mis aux enchères et, pour partie, attribués par un système de loterie (pour éviter que seuls les entreprises ou les particuliers les plus aisés puissent en bénéficier). Surtout pourra se développer une sorte de " bourse d'échange " des numéros : ceux étant peu attrayants pour les uns pouvant l'être pour les autres, par exemple s'ils correspondent à une date et un lieu de naissance.

Ainsi, le (01) 29.10.72.61 présente beaucoup moins d'intérêt objectif que (01) 02.03.04.05, sauf ... pour celui né un 29 octobre 1972 dans l'Orne. Dès lors, on pourrait au début du 21e siècle voir apparaître en France un nouveau type de cadeau d'anniversaire : le numéro de téléphone personnalisé.

Si, en outre, on réintroduisait des lettres sur les claviers de téléphone, rien n'interdirait dans un tel système de proposer des " numéros " de téléphone sous forme de noms, de prénoms, d'acronymes ou de substantifs expressifs. Les ordinateurs des centraux de commutation se chargeront des conversions en chiffres. Fini les problèmes de mémorisation que pourraient poser des numéros à 10 chiffres !

Dans ces conditions, ceux se satisfaisant de combinaisons banales pourraient avoir des numéros portables entièrement gratuits, le marché des numéros attractifs pouvant être suffisamment dynamique pour financer l'ensemble.

Si la vente des numéros séduisants (ou d'option sur ces numéros) était engagée dès la mise en place du nouveau plan de numérotation, les ressources dégagées pourraient être immédiatement affectées à la modernisation des réseaux indispensable à la généralisation et à la démocratisation de cette nouvelle liberté.


Outre le fait qu'elle constituera une puissante incitation à la modernisation des réseaux, la concurrence devrait logiquement contribuer à la mise en oeuvre d'un tel système car il favorisera une moindre dépendance des abonnés envers les opérateurs.

Encore s'agit-il qu'elle y soit incitée. Telle pourrait être l'une des préoccupations de la loi de démonopolisation !

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