INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

En 1986, l'introduction, dans le traité de Rome, d'un objectif de cohésion économique et sociale destiné à accompagner les pays les moins favorisés vers l'ouverture du marché unique européen s'est traduite par une profonde réforme des fonds structurels communautaires, rendue nécessaire par l'adhésion de la Grèce, puis de l'Espagne et du Portugal à la Communauté.

A partir du 1 er janvier 1989, il est résulté de cette volonté politique majeure une augmentation considérable des moyens financiers disponibles au travers des trois fonds instaurés au fur et à mesure du développement européen : le Fonds social européen (FSE), le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA) puis, en 1975, le Fonds européen de développement régional (FEDER), première expression de l'objectif de cohésion lié à l'élargissement de la Communauté.

Cette orientation s'est trouvée confortée, en 1993, par la ratification du traité de Maastricht : l'objectif initial de développement économique équilibré au sein de la Communauté européenne a été relayé, et amplifié, par l'ambition affichée de la création d'une Union économique et monétaire. La réussite de celle-ci supposant le respect par chaque Etat membre de critères de convergence économique, il était cohérent de prévoir le rattrapage économique des pays les moins favorisés en soutenant leurs propres politiques régionales. Une seconde réforme, négociée lors du sommet d'Edimbourg de décembre 1992, a prévu, en conséquence, une nouvelle augmentation massive des fonds structurels, accompagnée d'un aménagement des textes -de portée moindre qu'en 1988- afin d'en simplifier et d'en valoriser l'utilisation sur la base de l'expérience acquise au cours de la phase précédente.

La politique régionale européenne est désormais le deuxième poste de dépense après la politique agricole commune : elle porte, pour la période 1994-1999, sur 141, 471 milliards d'écus (valeur 1992). L'avant-projet de budget communautaire pour 1997 prévoit ainsi 41,8 milliards d'écus pour la politique agricole (47 %) et 31,4 milliards d'écus au titre des fonds structurels (35 %).

Cet accroissement considérable des moyens financiers avait déjà retenu l'attention de la délégation pour les Communautés européennes lors de l'élaboration de la seconde réforme de 1993 (1( * )) .

Il a semblé utile, à mi-parcours de la période de référence, de faire le point de l'utilisation de ces fonds afin d'éclairer les orientations à arrêter pour la poursuite de la politique européenne régionale jusqu'en 1999, année d'achèvement de la seconde phase de programmation structurelle, qui sera marquée par l'entrée dans la troisième phase de l'Union économique et monétaire, au moment même où se précisera la perspective de l'élargissement de la Communauté à de nouveaux adhérents.

I. LA POLITIQUE DE COHESION ECONOMIQUE ET SOCIALE : UNE MISE EN OEUVRE COMPLEXE

A. LA DIVERSITE DES INSTRUMENTS COMMUNAUTAIRES DE L'ACTION STRUCTURELLE

1. Des fonds structurels spécialisés

La majeure partie de l'action régionale de la Communauté est financée par quatre fonds structurels qui peuvent désormais intervenir seuls ou en synergie sur certains programmes communs.

a) Le FEDER, au service du développement local

Créé en 1975, le Fonds européen de développement régional (FEDER) a pour mission de corriger les déséquilibres régionaux dans la Communauté et de contribuer au développement des régions les moins favorisées auquel il doit consacrer 80 % de ses crédits.

Son intervention concerne trois types d'actions principales :

· les investissements productifs permettant la création ou le maintien d'emplois durables ;

· les investissements en infrastructures ;

· les mesures de soutien au développement local et aux activités des petites et moyennes entreprises.

En outre, le FEDER peut contribuer, dans la limite de 1 % de sa dotation annuelle, au financement communautaire d'études menées à l'initiative de la Commission et de projet pilotes.

b) Le FEOGA section orientation, affecté au développement agricole et rural

Le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole pour sa section "orientation " concourt, d'une part, à l'amélioration des structures agricoles et de l'industrie agro-alimentaire et, d'autre part, au développement des zones rurales (1( * )) .

Il intervient essentiellement par des aides consacrées à l'installation des jeunes agriculteurs, aux investissements et aux zones souffrant de handicaps naturels permanents.

Il contribue également aux opérations de reconversion, de diversification et de réorientation et finance les actions visant le développement durable du milieu rural, les investissements artisanaux et touristiques, ainsi que l'amélioration de l'habitat agricole et rural.

Enfin, le FEOGA-orientation peut, dans la limite de 1 % de sa dotation annuelle, financer la réalisation de projets pilotes concernant l'adaptation des structures agricoles et la promotion du développement rural, de projets de démonstration, de mesures d'informations et de diffusion des connaissances.

c) Le FSE, dévolu à l'emploi

Créé dès la signature du Traité de Rome, en 1957, le Fonds social européen (FSE) a pour vocation de compléter les politiques menées par les Etats membres en matière d'emploi, d'insertion dans le monde du travail et de formation professionnelle.

La réforme de 1993 a largement redéfini son champ d'intervention, en termes d'actions, de zones géographiques et de personnes bénéficiaires, et a assoupli ses règles de fonctionnement.

Le FSE intervient essentiellement pour le financement de programmes de lutte contre le chômage de longue durée, de formation professionnelle, notamment en fonction des besoins des PME, d'insertion des jeunes sur le marché du travail, d'égalité entre hommes et femmes en matière d'emploi et d'aide à l'intégration des personnes exposées à l'exclusion du marché du travail.

Au-delà de ces secteurs où il intervient seul, le FSE est tenu d'apporter son concours à la réalisation d'opérations de développement régional en complément du FEDER et du FEOGA-orientation.

Enfin, le FSE peut également contribuer, dans la limite de 1 % de sa dotation annuelle, au financement d'études menées à l'initiative de la Commission ou de projets pilotes concernant l'échange d'expériences ou le transfert de savoir-faire, le marché du travail au niveau communautaire ou la politique européenne de formation professionnelle.

d) L'IFOP, réservé au secteur de la pêche

Nouvellement créé en 1993, l'IFOP, instrument financier d'orientation de la pêche, regroupe et consolide les moyens affectés jusqu'alors aux secteurs de la pêche et de l'aquaculture, ainsi qu'à la transformation et la commercialisation de leurs produits.

Entre dans sa mission toute action favorisant la recherche d'un équilibre durable entre les ressources et leur exploitation, la compétitivité des structures d'exploitation et le développement d'entreprises économiquement viables dans ce secteur, l'approvisionnement et la valorisation des produits de la pêche et de l'aquaculture.

Au fur et à mesure de l'élaboration de la politique régionale européenne, les fonds structurels ont été affectés à des missions d'une grande diversité, allant du plus général -l'emploi communautaire- au plus particulier -le secteur de la pêche- au gré des difficultés rencontrées lors des élargissements successifs de l'Union.

A cette juxtaposition d'objectifs dont les frontières sont parfois difficilement cernables, correspond le fait que les différents fonds doivent désormais intervenir conjointement sur un même projet, sous la forme d'aides non remboursables. En application de sa vocation plus généraliste, le FSE peut être associé à tous les autres fonds structurels.

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