EXAMEN DU RAPPORT

La Délégation a examiné le présent rapport au cours de sa réunion du 4 décembre 1996.

Au cours du débat qui a suivi l'exposé du rapporteur, M. Jacques Genton, président, a rappelé qu'à l'origine, les membres de l'Assemblée parlementaire européenne avaient pour vocation de représenter l'entité européenne et non chacun des Etats membres et que, pour cette raison, les Etats avaient tout fait pour limiter au maximum les compétences de cette Assemblée.

M. Pierre Fauchon a tout d'abord évoqué le cumul des mandats et des fonctions et a fait valoir qu'il paraissait impossible aujourd'hui d'exercer deux mandats parlementaires. Il a revanche estimé qu'un enracinement local était nécessaire, tant aux parlementaires nationaux qu'aux parlementaires européens, et en a conclu que le cumul d'un mandat parlementaire et d'un mandat ou d'une fonction locale devait être autorisé. A propos du mode de scrutin, M. Pierre Fauchon s'est déclaré en accord avec le rapporteur pour constater que les possibilités envisagées pour modifier le mode de scrutin actuel ne rapprocheraient pas l'élu des électeurs, à moins d'envisager un mode de scrutin uninominal majoritaire. Soulignant qu'il faudrait beaucoup de courage pour aller vers un tel système, il a souhaité que le rapport, sans demander la mise en oeuvre d'un tel mode de scrutin, souligne que seule cette réforme aurait une véritable signification. Il a estimé qu'à défaut d'une telle évolution, le mode de scrutin actuel était probablement le moins mauvais, permettant en particulier la mise en place de listes conduites par des personnalités politiques de premier plan. M. Pierre Fauchon a enfin déclaré approuver les propos du rapporteur relatifs à la mise en place d'une loi fondamentale. Il a fait valoir qu'il était de plus en plus indispensable de mettre en oeuvre une Constitution européenne et que ce problème ne pourrait être indéfiniment ignoré.

M. Paul Masson a rappelé que les signataires des traités fondateurs des Communautés européennes se méfiaient profondément des Parlements et souhaitaient avant tout construire un système efficace, tout en lui donnant une touche démocratique. Il a observé que cette manière de faire n'était plus possible aujourd'hui, la construction communautaire souffrant avant tout d'un déficit de légitimité. Approuvant les propos du rapporteur, il a observé qu'il n'existait aucun Parlement au monde, en dehors du Parlement européen, ne disposant d'aucune loi fondamentale pour définir l'étendue de ses compétences. Il a estimé qu'on ne pouvait attendre aucune amélioration d'une réforme du mode de scrutin et qu'une telle réforme serait très mal perçue par l'opinion à un moment où les difficultés de la France ne font pas de ce problème un sujet prioritaire.

M. Daniel Millaud a évoqué l'incohérence de la situation dans laquelle se trouvent actuellement les territoires d'Outre-mer au regard du droit communautaire. Les territoires d'Outre-mer n'appartiennent pas à la Communauté européenne en vertu du Traité de Rome, mais leurs populations votent néanmoins aux élections européennes en vertu du principe d'indivisibilité de la République inscrit dans la Constitution. De même, le statut de la Polynésie française confère au territoire la compétence d'autoriser ou non l'entrée des étrangers en Polynésie, mais cette compétence ne s'applique pas aux ressortissants communautaires en vertu du principe de non-discrimination qui sous-tend l'ensemble du droit communautaire. M. Daniel Millaud a estimé que la situation actuelle n'était plus acceptable, que certains partenaires de la France avaient trouvé des solutions originales pour leurs territoires respectifs, et qu'il convenait de redéfinir les relations entre la Communauté européenne et les territoires d'Outre-mer dans le respect de l'organisation particulière de ces territoires prévue par l'article 74 de la Constitution.

M. Pierre Lagourgue a fait valoir que le mode de scrutin actuel ne permettait que très rarement et de manière marginale la représentation des départements d'Outre-mer au Parlement européen. Rappelant que les départements d'Outre-mer comptent presque deux millions d'habitants, il a souhaité que, quelle que soit la solution retenue, on réfléchisse au moyen d'améliorer la représentation de ces départements au Parlement européen. Il a enfin observé que, dans cette perspective, le mode de scrutin uninominal majoritaire serait probablement le meilleur.

M. Emmanuel Hamel a estimé que le mode de scrutin actuel était le moins mauvais et qu'il n'était pas souhaitable de le modifier.

En réponse aux orateurs, M. Christian de La Malène a tout d'abord précisé qu'il ne plaidait pas pour le cumul de mandats parlementaires, mais qu'il estimait nécessaire que les parlementaires européens bénéficient d'un enracinement local. A propos du mode de scrutin, il a suggéré que la délégation, sans proposer un tel mode de scrutin, souligne les avantages du mode de scrutin uninominal majoritaire. Evoquant la question de la loi fondamentale définissant les compétences du Parlement européen, il a rappelé qu'il défendait cette idée depuis longtemps, mais qu'elle impliquait un débat difficile entre ceux qui souhaitent que le Parlement européen soit doté de compétences très étendues et ceux qui plaident pour des compétences plus limitées. Il a observé que le Parlement européen lui-même s'accommodait très bien de la situation actuelle, craignant que ses compétences ne soient figées dès lors qu'elles seraient inscrites dans une loi fondamentale.

M. Christian de La Malène a ensuite rappelé que les départements d'Outre-mer, du fait de leur statut de département et de leur ultra-périphicité, bénéficiaient d'avantages importants, mais subissaient également certaines contraintes et que des améliorations étaient sans doute possibles. Il a enfin estimé que les territoires d'Outre-mer bénéficiaient bel et bien d'une organisation particulière conformément à l'article 74 de la Constitution, même si leurs rapports avec la Communauté européenne pouvaient ne pas paraître satisfaisants.

La délégation a adopté à l'unanimité le rapport d'information ainsi que les conclusions résultant du débat.

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