IV. LES CONCLUSIONS DU CONSEIL EUROPÉEN DE DUBLIN

Principalement consacré à la mise en place de l'euro, le Conseil européen de Dublin ne s'est guère penché sur le projet de traité. Il a considéré que le projet de traité irlandais constituera " une bonne base " pour la suite des travaux. Ses conclusions soulignent cependant quelques points :

- la priorité accordée au renforcement du troisième pilier,

- la nécessité d'aborder dans le futur traité toutes les questions institutionnelles, y compris la flexibilité, la taille de la Commission européenne et la pondération des voix au Conseil,

- la volonté de développer l'action extérieure de l'Union et d'en renforcer la " visibilité ".

A ce stade peu avancé des négociations, on ne peut tirer que des enseignements limités :

- le renforcement du troisième pilier est un objectif qui recueille un très large accord, même si un désaccord persiste sur les modalités de ce renforcement ;

- quelques progrès ont été accomplis dans le sens d'une PESC plus consistante ;

- sur les questions institutionnelles (y compris la mise en place des " coopérations renforcées "), tout ou presque reste à faire.

Il me semble que cet inégal avancement des travaux de la CIG traduit un certain déséquilibre dans la prise en compte des préoccupations en présence.

Les Etats qui avaient fait de la " communautarisation " du troisième pilier leur priorité paraissent les seuls à avoir été véritablement entendus, tant le bilan est modeste dans la plupart des autres domaines. Tout se passe comme si la Communauté européenne se dirigeait vers un nouvel accroissement de ses compétences et vers un élargissement à de nombreux autres pays, sans s'attacher effectivement à résoudre le problème de l'efficacité et de la légitimité de ses institutions.

La plupart des Etats membres persistent manifestement à ne pas souhaiter l'affirmation de l'Europe comme grande puissance, au moment même où les Etats-Unis s'efforcent de consolider leur prépondérance dans le cadre du processus d'élargissement de l'OTAN.

Il va de soi que le succès de la CIG suppose un effort de compromis de la part de tous. Mais, pour que le compromis obtenu soit équilibré, encore faut-il qu'il intégre l'ensemble des préoccupations légitimes en présence.

Quoi qu'il en soit, il paraît probable que " l'architecture " de l'Union européenne ressortira de la CIG encore plus compliquée qu'auparavant : des formules intermédiaires entre " méthode communautaire " et " méthode intergouvernementale " vont se développer, et la coexistence entre des actions engageant tous les Etats membres et d'autres n'engageant que certains d'entre eux deviendra vraisemblablement plus fréquente. La construction européenne apparaîtra sans doute plus que jamais évolutive et insaisissable.

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