CHAPITRE III

METTRE NOTRE SYSTÈME BANCAIRE EN SITUATION D'AFFRONTER LA CONCURRENCE INTERNATIONALE

Plus encore que le marché unique, la monnaie unique contraindra rapidement notre pays à adopter une législation et une réglementation permettant à notre secteur bancaire d'affronter dans de bonnes conditions la concurrence européenne et mondiale. Face aux règles internationales, certaines spécificités françaises, qui handicapent nos banques sans générer d'avantage véritable pour la clientèle, devront être réexaminées.

Il est urgent de le faire, dans la sérénité, pour ne pas avoir à se précipiter, comme ce fut le cas, pour partie, à la veille de l'ouverture du marché unique des capitaux le 1 er janvier 1990 82( * ) .

Le groupe de travail a défini trois axes de réforme : mettre fin aux rigidités normatives touchant l'ensemble du secteur ; harmoniser les conditions d'exercice du métier bancaire ; modifier en profondeur la politique bancaire de l'Etat.

METTRE FIN AUX BLOCAGES LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES

AUTORISER LA RÉMUNÉRATION DES DÉPÔTS À VUE ET LA TARIFICATION DE L'ENSEMBLE DES SERVICES BANCAIRES

L'interdiction de rémunérer les dépôts à vue, et corrélativement celle de tarifer les mises à disposition de chéquiers sont deux anomalies à corriger rapidement.

Cette situation est d'autant plus étonnante qu'elle est résiduelle, puisque la quasi-totalité des services bancaires peut être tarifée. Aussi, malgré son aspect symbolique assez fort, il ne faut pas surestimer l'impact d'une telle mesure sur les consommateurs, qui profiteraient in fine d'une gestion plus saine des moyens de paiement et des dépôts à vue. La concurrence permettra en effet aux clients de continuer à bénéficier d'un service exceptionnellement peu coûteux, par rapport aux pays étrangers.

Autoriser la tarification des chèquiers

L'interdiction de tarifer la délivrance des chéquiers, qui résulte du décret-loi de 1935, accorde à ce moyen de paiement plus coûteux que les autres (la monnaie fiduciaire ou les cartes de crédit notamment) une prime d'utilisation injustifiée 83( * ) . Pour l'usager, l'utilisation du chèque n'est en effet pas plus commode que celle de la carte bancaire ou du virement télématique. La possibilité de pouvoir tarifer le chèque à son juste prix réduira son utilisation au profit d'autres moyens de paiement, et en réduisant les charges des banques leur permettra de continuer à offrir à leur clientèle des services globalement peu onéreux.

Au demeurant, rien n'indique que les établissements profiteront très vite et pleinement de cette possibilité. Il leur est ainsi permis de facturer des frais de tenue de compte courant, ce qui peut pallier l'interdiction de tarification du chèque. Ainsi, la banque Barclays facture un prix fixe de 350 francs par trimestre aux titulaires de compte dont l'encours est en moyenne inférieur à 15.000 francs, et la Poste prélève une commission symbolique de 9 francs par an, y compris sur les comptes les plus modestes. Mais la plupart des établissements renoncent à cette possibilité pour des raisons de concurrence.

L'objet de cette proposition est donc de conduire les banques à moduler leur gamme de tarifs de façon conforme à la réalité des coûts , et non du fait d'une réglementation qui contraint artificiellement à la gratuité de services coûteux alors que des services pesant moins sur les comptes d'exploitation sont tarifés à un niveau élevé 84( * ) .

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page