b) L'équilibre à moyen terme des régimes sociaux

· L'ensemble des prestations sociales hors prestations-maladie évoluerait moins vite que le PIB, ce qui permettrait à l'horizon 2001 d' équilibrer les régimes sans recettes supplémentaires.

· Compte tenu des hypothèses décrites ci-dessus, les dépenses de santé en valeur progresseraient en moyenne de 3,9 % l'an, contre 2,9 % pour les cotisations assises sur les salaires. Le déficit de la branche maladie, qui s'élèverait à 40 milliards de francs en 1997, s'aggraverait ainsi tendanciellement par la suite. Une augmentation de la Contribution Sociale Généralisée de 1 point en 1998 permettrait de combler en grande partie l'écart entre l'évolution des dépenses et celles des recettes, et ramènerait le déficit à un niveau compris entre 10 et 20 milliards de francs au cours de la période.

Dans ces conditions, et pour l'ensemble des régimes sociaux, le rapport entre cotisations (y compris la CSG) et les prestations sociales passerait de 88,3 % en 1995 à 91,2 % en 2001, le déficit global des régimes sociaux passant de 60 à 20 milliards de francs.

· Les experts de l'OFCE auraient certes pu retenir dans la projection une hypothèse qui aurait privilégié une poursuite telle du freinage des dépenses de santé - dans le prolongement de ce qui est affiché dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 1997 - qu'il n'aurait pas été nécessaire de simuler une augmentation des prélèvements pour rééquilibrer l'assurance-maladie.

Mais, outre qu'une telle approche aurait nui au caractère illustratif de l'exercice, elle est de plus sans incidence sur les évolutions macroéconomiques : selon le modèle utilisé en effet, une hypothèse d'augmentation concomitante des prestations et des prélèvements est équivalente, à solde des finances sociales inchangé, à une hypothèse de moindres prestations et de moindres prélèvements : dans les deux hypothèses, le revenu des ménages est identique.

ENCADRÉ n° 1

QUELLE ASSIETTE POUR LES COTISATIONS
SOCIALES PATRONALES ?

Rétrospectivement, le fait d'avoir assis les cotisations employeurs sur les salaires peut être considéré comme rationnel du point de vue économique pour la période 1945-1965 : à cette époque, le facteur travail étant relativement rare, il était assez logique de le " surtaxer " pour favoriser les entreprises qui l'économisaient en substituant, par l'investissement, le capital au travail.

Le contexte actuel (surabondance du facteur travail) est évidemment très différent. La rationalité économique suggère qu'à tout le moins le système fiscal devrait être neutre.

Si, à prélèvement global inchangé , on incluait la totalité de la valeur ajoutée (et pas seulement sa composante salaires) dans l'assiette des cotisations sociales employeurs, deux types d'effets seraient à attendre :


· un transfert de charge des entreprises où la part des salaires dans la valeur ajoutée est supérieure à la moyenne vers les entreprises où cette part est inférieure à la moyenne (on peut parler ici d'impact microéconomique ou sectoriel) ;

· un allégement du coût relatif du travail par rapport au capital (on peut parler ici d'impact macroéconomique). Selon des enchaînements que l'économétrie a du mal à saisir en France, cette modification du coût relatif des facteurs tend à augmenter le contenu en emplois de la croissance. Mais il faut rappeler :

- que ce processus est long (il faut compter plus de cinq ans pour que l'essentiel des effets soit enregistré) ;

- que son incidence sur le niveau du chômage est de second ordre par rapport à l'effet que peut avoir, par exemple, une élévation de 1 point du taux de croissance du PIB.

On a supposé ci-dessus que l'extension de l'assiette des cotisations sociales à l'ensemble de la valeur ajoutée se faisait à niveau de prélèvement inchangé au moment où elle était décidée. Mais, cela fait, le produit des cotisations (à taux constant) n'évoluerait plus de la même manière au fil du temps :

- quand les salaires augmentent plus vite que la valeur ajoutée des entreprises (ce qui fut le cas, grosso modo, jusqu'au début des années quatre-vingt), le produit des cotisations assises sur la valeur ajoutée augmente spontanément moins vite que le produit des cotisations assises sur les seuls salaires ;

- le contraire se produit évidemment lorsque les salaires augmentent moins vite que la valeur ajoutée (autrement dit, lorsque le partage salaires-profit se modifie en faveur des entreprises) ; il est clair que, dans la première moitié des années 90, le produit des cotisations des employeurs aurait été accru si elles avaient été assises sur la totalité de la valeur ajoutée et non sur les seuls salaires.

En définitive, il semble que, comparée à l'assiette actuelle, l'assiette valeur ajoutée serait économiquement plus neutre du point de vue de la substitution capital/travail et qu'elle tendrait à amortir la déformation du partage de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits induite, soit par la dynamique salariale lorsque la situation du marché du travail est favorable aux salariés, soit par l'austérité salariale lorsque le niveau du chômage inhibe leurs revendications.

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