E. LES REPONSES APPORTEES AU QUESTIONNAIRE DU 18 AVRIL 1996

1. Certains ont évoqué la possibilité de créer des collèges de premier cycle à vocation professionnelle, notamment pour les bacheliers technologiques et professionnels ; seriez-vous favorable à cette création, et dans l'affirmative, conviendrait-il de rattacher ces collèges à l'université ?

- on rappelle que les bons bacheliers technologiques ont la possibilité d'intégrer les IUT et les STS et que la sélection qui est admise pour les grandes écoles doit également s'appliquer aux autres filières pour maintenir le niveau des formations tandis que la création de filières technologiques supplémentaires n'est pas souhaitée ;

- la structure universitaire est jugée lourde, peu dynamique, " pleine de personnalités peu motivées par leur travail " et les horaires de cours des universitaires sont brocardés ;

- on estime que des collèges universitaires risqueraient de faire double emploi avec les BTS sauf à présenter une réelle spécificité, fondée notamment sur des formations en alternance : doubler des formations technologiques et professionnelles conduirait à créer un afflux de diplômés sur un marché du travail déjà saturé ; le rattachement de ces collèges à l'université aurait pour conséquence de mettre en place des IUT moins sélectifs mais présentant peu d'intérêt pour les étudiants ;

- pour certains, les premiers cycles offrent un trop grand nombre de formations et leur libre accès sans information des étudiants conduit à de nombreuses défections en première année, une faible motivation des étudiants et des choix de filières non commandés par des perspectives d'emploi ;

- on souligne les difficultés actuelles des IUT et le détournement de leur vocation professionnelle puisque 80 % de leurs étudiants poursuivent des études : leur programme pédagogique apparaît de plus en plus généraliste, notamment en informatique ;

- certains s'interrogent sur le caractère opérationnel d'éventuels collèges universitaires qui concurrenceraient selon leur niveau, les IUT ou les IUP et préconisent plutôt une mise à plat et une simplification de l'ensemble des formations universitaires ainsi qu'une prise en compte de leur dimension professionnelle au sein de l'université, en s'inspirant de l'exemple des Etats-Unis où les activités de recherche sont importantes ;

- on considère également que ces collèges risqueraient de se substituer aux IUT qui organisent déjà un premier cycle professionnalisant ;

- d'autres sont au contraire favorables à la création de collèges et constatent que les DEUG ne sont pas adaptés aux bacheliers technologiques et professionnels même si ces derniers disposent du droit d'accéder à l'université et ne peuvent que rarement accéder aux IUT et aux STS qui sont investis par les bacheliers généraux : ils préconisent la création d'une formation diplômante nationale pour ceux qui échouent en DEUG, en proposant d'y associer l'industrie pour valoriser ces formations ;

- on s'interroge sur l'opportunité de rattacher ces collèges à l'université , du fait notamment de la méfiance manifestée par les universitaires à l'égard du monde du travail, cependant un tel rattachement permettrait de mettre en commun les moyens existants, d'accroître la crédibilité de ces collèges et de leur conférer une valeur, vis-à-vis de l'extérieur ;

- d'autres préféreraient promouvoir les IUP plutôt que de créer de nouvelles formations redondantes à vocation professionnelle ;

- certains considèrent au contraire qu'il est nécessaire de créer des premiers cycles technologiques spécifiques en les réservant aux bacheliers technologiques et professionnels, et en y dispensant une formation originale ;

- la création de collèges est jugée par d'autres inutile et aboutirait à " prolonger les études de tout le monde " alors que l'enveloppe financière du système éducatif reste limitée : pourquoi ne pas créer plutôt des sections supplémentaires d'IUT pour les bacheliers professionnels ? Les IUT sont là pour éventuellement permettre aux " titulaires de " bac pro " de devenir technicien supérieur ;

- le développement des passerelles et de l'apprentissage est plutôt préconisé et si des collèges devaient être créés, ceux-ci devraient être placés sous la tutelle de l'université ;

- la création de premiers cycles plus professionnalisants pour les bacheliers technologiques suppose pour certains une concertation entre les structures enseignantes et les entreprises, la définition de formations recherche-application de pointe, un encadrement renforcé des étudiants, des moyens financiers adaptés et une véritable motivation des étudiants ; ceci suppose aussi un recours à des enseignants non universitaires et à des praticiens, et une rémunération adéquate de ces formateurs ;

- compte tenu de l'hétérogénéité des étudiants de premier cycle, une différenciation des filières est jugée indispensable pour former professionnellement une population étudiante de plus en plus importante : ceci impliquerait la création de premiers cycles à vocation directement professionnelle qui devraient être, pour des problèmes de locaux et de personnels, rattachés à l'université, ce rattachement facilitant en autre l'existence de passerelles et éviterait des fractures telles que celles qui existent déjà entre écoles d'ingénieurs et universités ;

2. Seriez-vous favorable à la création d'une année post-DEUG professionnalisante pour les étudiants qui ne souhaitent pas suivre de deuxième cycle ?

- certains seraient favorables à une année de stage en entreprise à la condition que les étudiants soient au moins payés au SMIC sans aide de l'Etat, ce qui permettrait de s'assurer du sérieux et du caractère productif du travail qui leur est confié : les stages sans finalité professionnelle sont dénoncés ;

- d'autres acceptaient un DEUG plus professionnalisé afin de renforcer l'intérêt de ce diplôme sur le marché du travail et aussi de réduire le taux d'échec en deuxième cycle : on s'interroge cependant sur le contenu d'une formation professionnalisante en une seule année, en préconisant notamment le recours à l'alternance ;

- on observe cependant que les IUP organisent déjà des formations professionnalisantes ;

- certains soulignent l'intérêt d'une année post-DEUG, mais s'interrogent sur son efficacité dans le domaine des sciences humaines et des lettres ;

- d'autres préféreraient un enseignement professionnalisé plus long , de l'ordre de deux années, pour préparer convenablement les titulaires de DEUG à la vie active, et préconisent un détachement de cette formation de l'université ;

- il existe déjà des DEUST à finalité professionnelle qui sont reconnus par le monde professionnel et qui devraient être développés ;

- la création d'une année post-DEUG professionnalisante est aussi contestée car il existe déjà des années spéciales d'IUT et de BTS qui permettent d'acquérir une compétence professionnelle, des formations AFPA autorisant une excellente professionnalisation pour les scientifiques dans le secteur industriel et des formations complémentaires d'initiative locale : l'importance d'un partenariat entre les universités et les diverses structures d'enseignement est soulignée ;

- une année professionnalisante post-DEUG permettrait de former des techniciens moins spécialisés et plus adaptables aux besoins des entreprises que ceux issus des STS et des IUT, et d'adapter les DEUG, dont ce n'est pas la vocation, à la vie professionnelle.

3. Certains préconisent de différencier les filières générales des premiers cycles en créant d'une part un DEUG court non sélectif à contenu allégé et débouchant sur une formation terminale, et d'autre part, un DEUG renforcé et sélectif préparant à la poursuite d'études longues ; seriez-vous favorable à une telle différenciation du DEUG ?

- certains ironisent sur la perspective de mettre en place un DEUG en alternance " avec des séjours au club med ", considèrent que le DEUG actuel est suffisamment " généraliste " et n'a nul besoin d'être allégé et estiment que tout étudiant a déjà la possibilité de prendre une année sabbatique ;

- on estime que les étudiants ont une vision des études supérieures privilégiant les notes et les examens plutôt que l'acquisition des savoirs ;

- une sélection affichée est préférée à une dilution des formations : certains déplorent que l'université conserve sa conception égalitaire qui permet à des " parasites d'empêcher les autres de travailler " et suggèrent radicalement qu'elle puisse se débarrasser de ceux qui " viennent rarement aux cours ou gênent manifestement les autres " ;

- d'autres rappellent la fonction généraliste des DEUG et préconisent un système optionnel à l'entrée à l'université : une formation spécialisée à vocation terminale, qui n'existe pas pour l'instant, et un DEUG généraliste préparant à la poursuite d'études, assorti d'une formation professionnalisante complémentaire ;

- on estime que l'échec universitaire ne pourrait se réduire qu'avec une multiplication des filières et un développement de l'information des lycéens ; il conviendrait également d'augmenter le nombre des passerelles entre les filières et de créer des formations professionnalisantes courtes après le premier cycle : un décloisonnement des filières et la mise en place de formations " échappatoires " professionnalisantes sont jugés indispensable pour réduire cet échec et éviter de le déplacer vers des filières " poubelles " ou sans intérêt pour les étudiants ;

- certains suggèrent une sélection pour les études longues avec un système permettant à ceux qui auraient choisi des filières courtes non sélectives, de réintégrer le cursus long mais s'interrogent sur la finalité d'un DEUG allégé et spécialisé qui concurrencerait les IUT ;

- d'autres sont défavorables à une différenciation des DEUG qui conduirait à créer des diplômes différents et à empêcher tout changement d'orientation ou la poursuite d'études .

- on estime également qu'un DEUG différencié serait une " hérésie " et conduirait à introduire la sélection à l'université , qui risque de ne pas être acceptée par les étudiants : il est rappelé qu'un DEUG a vocation à mener à des études relativement longues, à la différence des IUT et des BTS, mais la mise en place d'une année supplémentaire serait de nature à revaloriser ces filières technologiques auprès des bacheliers généraux ;

- les filières actuelles du DEUG sont également jugées satisfaisantes et certains considèrent que des sous-diplômes n'auraient aucune valeur sur le marché de l'emploi : l'information post-bac et la valorisation des DEUST et des DUT apparaissent plus efficaces ;

- la sélection dans les STS et les IUT est considérée par certains comme trop sévère et ne permettrait pas d'optimiser le potentiel de ces filières ;

- une différenciation des DEUG apparaît peu applicable, introduirait une ségrégation entre les étudiants et s'opposerait à la poursuite d'études longues par des bacheliers moyens : certains préconisent plutôt un DEUG " à la carte " permettant aux élèves brillants de suivre des cours complémentaires sans exclure des options professionnalisantes ;

- d'autres préconisent une dissociation des étudiants à l'université selon qu'ils viennent d'une filière générale ou technique, au terme d'une orientation qui serait décidée par les professeurs et les services d'orientation des lycées, mais sont opposés à la création de deux cycles différents dans une même université ;

- les étudiants abandonnant l'université avant la licence devraient pouvoir s'intégrer à la vie active après avoir obtenu un DEUG : certaines universités ont ainsi développé des passerelles entre le DEUG et la deuxième année d'IUT ;

- il conviendrait de professionnaliser les DUT en les rendant plus accessibles et aussi de restreindre l'accès aux cursus universitaires dont les débouchés sont moindres , car le pays a davantage besoin de techniciens que de chercheurs : les étudiants mal informés se dirigent vers des études longues pour échapper au chômage alors que ces études longues en feront au contraire des chômeurs surdiplômés : on préconise ainsi une distinction entre un " DEUG professionnalisant non sélectif " et un " DEUG études longues " ;

- si les collèges universitaires étaient destinés à accueillir des étudiants mal formés ou peu motivés, dans des formations obsolètes, ils n'auraient pour résultat que de différer d'un an le chômage des jeunes ; le DEUG n'apparaît adapté que pour 30 % des étudiants et l'université essaie de " replâtrer une situation qui lui échappe " due à des dysfonctionnements qui se situent très en amont ;

- il ne saurait être question de fermer les filières longues à certains étudiants et l'idée d'un DEUG général sélectif est réfutée : la sélection et l'orientation des étudiants s'effectuent en fonction de leur motivation et il serait souhaitable d'ouvrir plus largement les portes des formations professionnalisantes et des filières courtes.

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