a) Une solution avancée par les concurrents financiers de La Poste

Les adeptes de la création d'une banque postale font valoir que cette solution serait seule de nature à s'assurer de la loyauté des conditions de la concurrence exercée par La Poste dans le secteur financier, notamment de l'absence de subventions croisées entre activités sous monopole et activités concurrentielles. Cette création pourrait être envisagée soit sous la forme d'un établissement, de droit public ou de droit privé, mais avec l'État pour actionnaire, soit sous la forme d'une société privée.

L'Association française des banques (AFB) 208( * ) estime quant à elle que, dans une telle hypothèse, il serait nécessaire que la banque postale soit privatisée immédiatement et qu'elle soit dotée de bureaux distincts de ceux de La Poste dans les zones urbaines, afin d'éviter notamment que la clientèle du service public du courrier se trouve drainée vers d'autres services relevant du marché.

Peut-on raisonnablement envisager une solution aussi radicale quand on connaît la profondeur des racines unissant à La Poste les métiers du courrier et ceux de la finance et quand on sait la force de l'attachement des postiers à l'unité de leur entreprise ? Pour votre rapporteur, la réponse est sans hésitation : non !

b) Des exemples étrangers assez peu probants ou inadaptés à la situation française

Chez nos voisins européens 209( * ) , certains services financiers sont dotés du statut de personne morale de droit public, comme en Allemagne . C'est en 1995 que cette dernière a décidé de transformer la Deutsche Postbank en société anonyme de droit commun, soumise à la loi bancaire, ayant l'État pour unique actionnaire. Cependant, la séparation des activités postales et financières de l'ancienne poste allemande a posé des problèmes d'une telle ampleur, liés notamment aux conditions d'utilisation du réseau postal par la Deutsche Postbank, que nombreux sont ceux en Allemagne, y compris parmi les dirigeants, qui la regrettent.

Trois autres pays européens : l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont procédé à la privatisation des services financiers de leurs opérateurs postaux, qui ont été intégré, dans des groupes bancaires privés. Rappelons qu'aux Pays-Bas, la poste elle-même est privatisée.

Aujourd'hui, la création d'une banque postale n'est pas envisageable en France.

L'exemple de notre voisin allemand ne peut guère nous inciter à emprunter la voie qu'il a choisie.

Quant à une éventuelle privatisation des services financiers, non seulement votre rapporteur y est défavorable à titre personnel -il vient de le rappeler- mais elle ne lui paraît même pas envisageable. Il a suffisamment exposé les raisons justifiant le maintien du statut public de La Poste ci-dessus 210( * ) pour ne pas avancer ici des arguments qui pourraient apparaître redondants.

En réalité, les services financiers apparaissent indissociables de La Poste. Comment pourrait-on imaginer arracher le " coeur financier " de notre opérateur public ? Au demeurant, ne serait-ce pas la contraindre à renoncer à sa mission de guichet social pour les plus démunis ?

Dans tous les cas, inenvisageable aujourd'hui, la création d'une banque postale n'apparaît, en outre, guère justifiée par des arguments techniques.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page