B. L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

· La viabilité du scénario monétaire décrit ci-dessus, suppose l'absence de dérapage inflationniste de la croissance américaine. La persistance de la croissance aux Etats-Unis jusqu'à la mi-98 ne pousserait pas à l'extrême les tensions sur les capacités, dans une économie qui a fortement accru son capital productif durant les années passées. Elle repose sur le caractère accommodant de la politique menée par les autorités monétaires américaines.

Mais les auteurs de la projection ont supposé que la politique monétaire prendrait un tournant suffisamment restrictif pour restreindre l'activité avant que des tensions fortes ne surgissent sur le marché du travail, et ne favorisent une inflation salariale. Cela impliquerait que l'activité américaine se replie au tournant de 1998-1999. L'épisode de récession envisagé ici est à la fois bref et d'ampleur réduite par rapport au passé, confortant l'idée que le pilotage de la politique monétaire instauré par la Banque centrale américaine ne devrait pas éloigner fortement la croissance américaine de son potentiel. Aucun déséquilibre structurel grave ne devrait par ailleurs handicaper une reprise normale de l'activité à partir de 2000-2001 (absence de surendettement privé ou public en particulier).



· Les perspectives sont par contre beaucoup moins favorables au Japon , la croissance étant durablement installée sur un sentier de moyen terme proche de 2 %.



· La croissance s'accélérerait en 1997 et en 1998 en Europe . Elle serait tirée en 1997 par l'extérieur, à la fois du fait du dynamisme de la demande en provenance du reste du monde, mais aussi grâce aux effets favorables de l' appréciation du dollar sur la compétitivité -prix des produits européens. La reprise de la demande entraînerait celle de l'investissement, qui serait ensuite relayée par la consommation des ménages, grâce à une certaine hausse de l'emploi et à une évolution légèrement plus dynamique des salaires. Ainsi, la croissance envisagée resterait relativement vigoureuse en 1998 et 1999. Elle faciliterait le maintien des déficits publics sous la barre des trois points de PIB. Toutefois, le dollar baisserait en 1999, ce qui freinerait la croissance. La demande interne serait ralentie, principalement du fait de l'investissement, tandis que la consommation des administrations et des ménages serait moins bridée qu'au cours des dernières années, grâce à l'amélioration des finances publiques. Les ménages bénéficieraient d'une progression des salaires un peu plus favorable, la plus forte croissance permettant une certaine reprise des embauches.

A l'horizon de la prévision, les prix continueraient d'évoluer à un rythme modéré. Ni le marché du travail, ni celui des biens ne connaîtraient de tensions importantes. L'évolution des taux de change contribuerait à la modération des prix de la consommation en Europe.

· Concernant les pays émergents , les pays d' Asie en développement connaîtraient une pause relative de leur croissance en 1997-1998. D'une part, les politiques monétaires devraient être moins accommodantes afin de freiner les tensions sur la demande interne et sur les prix. D'autre part, la plus forte croissance dans la zone OCDE conduirait à de moindres flux de capitaux vers les pays d'Asie en développement, qu'au cours des années passées. Après cette phase d'ajustement, ces derniers renoueraient avec des rythmes de croissance plus soutenus, qui conduiraient à une progression de leurs importations de produits manufacturés, à des rythmes voisins de 10 % par an 27( * ) . Les importations d' Amérique Latine suivraient en grande partie les inflexions de la croissance américaine, du fait de l'intégration commerciale croissante entre le nord et le sud de l'Amérique. L' Afrique noire resterait une zone de faible croissance. Enfin, les importations industrielles des pays d' Europe de l'Est croîtraient à des rythmes de 8 % par an.



· La demande mondiale de produits manufacturés adressée à la France croîtrait de plus de 7 % par an de 1997 à 1999, ralentirait en 2000-2001 (respectivement 5,4 % et 4,7 %) et redeviendrait plus dynamique en 2002 (6,3 %), du fait de la plus forte croissance chez nos principaux partenaires industriels.

PRINCIPALES HYPOTHÈSES D'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL

 

1997

1998

1999

2000-2002*

ÉVOLUTION DU PIB EN %

- Union Européenne (1)
- dont Allemagne

- OCDE (1)
- dont Etats-Unis

- Demande mondiale adressée à la France (2)

2,4
2,5

2,6
3,8

7,3

3,1
3,4

3,0
2,6

7,9

2,9
3,1

2,7
1,6

7,5

2,0
2,1

2,0
2,1

5,5

* Taux de croissance annuel moyen sur les années 2000, 2001 et 2002.


(1) Croissance des pays membres pondérée par la structure des exportations françaises.

(2) En produits manufacturés.

· Au total, le scénario qui vient d'être décrit paraît relativement prudent. Le schéma de reprise en Europe dépend à court terme d'une reprise de l'investissement dont l'ampleur est incertaine. Il est en effet possible qu'une plus forte reprise de la demande interne, en particulier de l'investissement des entreprises, ait lieu à l'horizon 1998. Cette reprise pourrait alors être freinée par une politique monétaire plus rigoureuse que celle envisagée en projection. En sens inverse, on pourrait assister à une baisse des taux d'intérêt longs en Europe, plus conforme aux évolutions habituelles de l'écart taux longs/taux courts. A l'horizon 2002, l'environnement européen est plus favorable que celui décrit par la projection réalisée pour le Sénat au printemps dernier à l'aide du modèle MIMOSA 28( * ) : l'hypothèse d'un dollar plus cher conduit en effet à envisager une croissance plus élevée à court terme, laquelle permet une détente des contraintes budgétaires.

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