1.3 L'exemple de la Filière du gaz

1.3.1 La France fut longtemps dominante sur le marché de la construction de méthaniers.

De 1965 à 1995, deux phases se distinguent :

- de 1965 à 1975, la France connaît un « âge d'or » En dix ans, 68 méthaniers sont construits dans le monde, dont 35 en France, 14 au Japon et en Corée du Sud, 7 dans le reste de l'Europe et 12 dans le reste du monde. Sur les 35 navires commandés en France, 15 le sont aux Chantiers de l'Atlantique ;

- de 1975 à 1995,1e Japon s'impose comme constructeur et transporteur en s'appuyant sur de grands groupes industriels (Mitsubishi par exemple) regroupant transporteurs, constructeurs et banquiers. Au 1 er janvier 1994, le Japon possède 123 méthaniers sur les 661 existants. On trouve ensuite la Norvège (93), le Royaume-Uni (31)... et la France au 15ème rang mondial, avec 13 navires transporteurs de gaz.

La tendance du marché est à la commande en séries, en général de quatre navires. La décision d'achat fait généralement suite à l'obtention d'un contrat d'affrètement de long terme. Elle s'effectue pour assurer la fonction transport de gaz dans le cadre de contrats de vente portant sur une durée minimum de 20 ans.

Un pays dont les armateurs sont actifs sur le marché du transport de gaz aura, par effet de filière, davantage de chance d'être présent sur le marché de la construction navale. Deux exemples illustrent cette idée. Le Japon, premier importateur de GNL du monde (65 % des achats de GNL), est aussi le premier constructeur de méthaniers (58 % du carnet de commandes pour 1991-1999). En août 1996, le contrat d'affrètement de Korea Gas Corporation (KGC) implique la construction de six méthaniers de 136 000 m 3 , livrables en 1999 par quatre chantiers coréens (Hyundai, Daewoo, Samsung et Hanjin). La Corée du Sud, deuxième acheteur de GNL dans le monde, compte associer les armateurs et les constructeurs nationaux (projet de 5 autres méthaniers pour 1997).

Au-delà de cette relation directe entre pays transporteurs et producteurs, la tendance est à l'apparition d'une nouvelle concurrence Elle se matérialise, en partie, par l'opposition de plus en plus forte entre techniques de fabrication.

Concernant les pays concurrentiels depuis le milieu des années 1990, on trouve : la France qui, avec la commande de cinq navires par Pétronas (Malaisie) aux Chantiers de l'Atlantique, redevient compétitive après dix ans d'absence ; la Finlande qui, s'appuyant sur la dévaluation du Mark Finlandais, mène une politique de forte pénétration du marché par les chantiers Masa Yard du groupe Kvaerner ; la Corée du Sud (Hanjin, Daewoo, Samsung), dont les chantiers ont assimilé la technique française de fabrication (type membrane) et disposent d'un savoir faire technologique leur permettant de répondre aux appels d'offres récents.

Les prix tendent dès lors à baisser. Pour un méthanier standard (130 000 -137 500 m 3 ), ils sont passés de 280 millions de $ en 1991 à 220 millions de $ en 1996. Ces navires généralement présentés comme des navires à haute technologie et à forte valeur ajoutée, tendent de plus en plus à devenir uniquement des navires à haute technologie. La construction d'un méthanier de taille standard demande 36 mois, alors qu'un pétrolier de taille équivalente requiert 18 mois pour sa construction.

La France dispose en la matière d'un avantage technologique important (maîtrise des types « membrane » Erreur ! Source du renvoi introuvable .).

Si la technologie norvégienne concurrente est dominante sur le marché, la technologie française est appelée à se développer encore.

1.3.2 Les effets indirects de filière

La maîtrise d'une technique de production, telle que la technique membrane, brevetée dans 29 pays, n'induit pas une production nationale. Mais elle assure des retombées indirectes sur l'ensemble de l'économie nationale, et maintient un pôle de compétence.

Grâce à la maîtrise de la technique membrane, la France renforce sa position. Ainsi, la construction d'un méthanier de 130 000 m 3 par les chantiers Hanjin Heavy Industries, livré en septembre 1995, a rapporté aux entreprises françaises près de 230 millions de francs, soit 20 % du prix du navire.

Répartition par grands postes des retombées financières françaises du choix

d'Hanjin d'un système de construction type membrane *

Opérations

KF

Support technique


• Ingénierie


• Matériaux primaires


• Pré-fabrication et installation

125.599

30.284

28.815

66.500

Montage du système (pompes, tuyauterie...)

38.075

Marchés dérivés Ingénierie

63.000

Total

226.674

* Navire livré en septembre 1995 pour un prix de 1,15 milliard de francs (1US$ =

5,10 F)

Source : Gaztransport & Technigaz.

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