CHAPITRE I - PORTRAIT DES PÊCHES MARITIMES FRANÇAISES

1. La flottille de pêche

La flotte de pêche française se situe au 4 ème rang européen, derrière l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni, et au 23 ème rang mondial. Elle représente 7 % de la flotte européenne (9 % de la jauge et 12 % de la puissance). En 1997, la flotte française compte 6 509 unités pour une capacité de 176 356 tjb (tonneau de jauge brute) et une puissance de 991 561 kW. Elle emploie 17 500 marins-pêcheurs.

La structure de la flotte française fait apparaître une prédominance des petites unités de moins de 12 m : 4 783 bateaux, soit 73 % du total de la flotte, contre 167 navires industriels et semi-industriels (plus de 25 mètres) et 1 159 navires de pêche artisanale hauturière. Les plus de 38 mètres ne comptent que 79 unités, soit 1,2 % de la flotte française.

La flottille de pêche a été fortement réduite depuis 1988, suite aux effets des différents POP (Programmes d'orientation pluriannuels), du contingentement des permis de mise en exploitation et du plan Mellick. En 1983, la France comptait 11 660 navires armés à la pêche. Entre 1988 et 1994, la flotte a diminué de 40 % en nombre, de 15 % en puissance et de 16 % en tonnage. La puissance et le tonnage n'ont commencé de décroître qu'à partir de 1989.

Évolution de la flotte de pêche française en nombre de navires .

Navires

1983

1990

1995

1990

moins de 12 m

9454

6557

4847

4783

de 12 à 16 m

928

850

652

643

de 16 à 38 m

1166

1144

1019

1006

plus de 38 m

112

100

75

77

TOTAL

11660

8651

6593

6509

(Source DMPCM, ministère de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation.)

Ce sont les petites unités de moins de 12 m qui ont massivement disparu. Le nombre de ces petites embarcations a chuté de 44 % entre 1988 et 1994. Parallèlement, elles ont connu une augmentation de plus de 30 % de leur puissance unitaire. La flotte industrielle a connu un déclin régulier durant les années 1980 : elle débarquait 60 % du tonnage en 1980 et seulement 40 % en 1993. Il y a donc eu modification de la structure de l'offre : régression de la pêche industrielle et croissance de la pêche artisanale. Le nombre des 16-25 m est resté stable dans certaines régions et a même augmenté dans d'autres. Les unités de 16-38 mètres sont particulièrement bien équipées et efficaces en terme de capacités de production : il s'agit d'une flottille jeune et moderne.

Mais ce sous-secteur a connu d'importantes difficultés financières. Les patrons-pêcheurs ont beaucoup investi avant la crise, pour s'équiper et se moderniser. La crise des années 1992-93, provoquée par la baisse des prix du poisson et la diminution de la ressource, a révélé la fragilité latente des entreprises de pêche. Avec la chute des cours, les situations de surendettement se sont multipliées. Cependant, d'après les données du Centre de gestion de la pêche artisanale (CGPA) sur cette partie de la flotte, la baisse du chiffre d'affaires et de l'excédent brut d'exploitation (représentatif de la performance économique du navire), intervenue dès 1990 et qui a atteint son plus bas niveau en 1993, a été enrayée en 1994-1995, sauf pour les fileyeurs. L'EBE 4 ( * ) moyen est passé de 260 000 francs en 1993 à 467 000 francs en 1995 pour les hauturiers de plus de 15 m, soit une amélioration de près de 80 %. Pour les fileyeurs, il a légèrement baissé, de 359 000 francs en 1993 à 349 000 francs en 1995, soit une baisse de 0,03%.

Pour les armements industriels, la situation est plus critique : les résultats d'exploitation de certaines entreprises sont à peine supérieurs aux charges financières. Leurs charges fixes sont plus élevées, notamment le poste carburant (plus de 15 % du chiffre d'affaires pour un navire industriel de plus de 38 m) Il y a plus de marins à bord : le poste des rémunérations et des charges sociales est donc plus élevé.

En revanche, la situation est plus favorable pour les bateaux de moins de 12 mètres, car une grande partie du matériel est déjà amortie et les charges fixes sont moins élevées.

Une analyse géographique révèle que la Bretagne est la principale région de concentration des facteurs de production avec 41 % de la puissance totale, suivie par les Pays de Loire et le Languedoc-Roussillon, puis la région Nord dominée par le port industriel de Boulogne. Les plus fortes réductions de flotte ont eu lieu dans la région Provence-Alpes-Côte-D'azur, en Aquitaine et en Haute Normandie. La Basse Normandie et les Pays de la Loire ont été moins concernés. En Bretagne, certains quartiers maritimes 5 ( * ) comme Lorient. St-Malo, Camaret, Douamenez ont connu des diminutions spectaculaires, traduisant les difficultés de la pêche lointaine, chalutière ou langoustière. D'autres, comme Concarneau ou Audierne, profitent des atouts de la pêche thonière tropicale.

Depuis 1994, la flottille de pêche est stabilisée. Mais avec l'adoption du nouveau programme d'orientation pluriannuel (POP 4), le nombre et la puissance des unités de pêche devront diminuer à l'avenir.

Évolution de la flotte française de pêche .

* 4 Excédent brut d'exploitation

* 5 Il s'agit d'une subdivision administrative la littoral français est divisé en 39 quartiers

maritimes

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