2. Les difficultés administratives et juridiques

La structure de l'industrie pétrolière ainsi que le cadre fiscal et juridique de ce secteur d'activité pourraient être rationalisés et améliorés afin de doter le Kazakhstan des instruments nécessaires à la valorisation de son potentiel en hydrocarbures.

a) Une nécessaire réorganisation de l'industrie des hydrocarbures

Jusqu'en 1995, la société holding Munaygaz contrôlait l'ensemble des associations régionales qui géraient les opérations de production, de raffinage et de transport de l'huile, la société Kazakhgaz gérant, quant à elle, les aspects relatifs à la production et au transport. La distribution du gaz est assurée par des compagnies régionales.

Un fonds spécial, alimenté par une taxe perçue sur les revenus des compagnies pétrolières (8 % en principe, sauf exemption qui concerne, en pratique, la plupart des entreprises communes formées avec des partenaires étrangers), finance les activités des entités chargées, au sein du Ministère de la géologie, de gérer les opérations de prospection impliquant des technologies de géophysique et de forage.

En 1993, le Gouvernement du Kazakhstan a décidé une réorganisation du secteur fondée sur trois principes :

- le regroupement des entités existantes sous l'égide de sociétés holding ;

- la restructuration de ces nouvelles entités dans un objectif d'introduction de la concurrence ou de régulation de monopoles naturels ;

- la privatisation de ces entreprises. Ce dernier point semble avoir donné lieu à des résultats mitigés dans la mesure où l'actionnariat actuel n'a pas induit les effets attendus en termes d'objectifs et de mode de gestion.

La véritable privatisation du secteur pétrolier n'a en fait débuté que récemment, avec un succès limité . Des enchères se sont déroulées au printemps 1996 pour privatiser la raffinerie de Chimkent et une compagnie de production pétrolière opérant dans le bassin de Turgay (Yuzhmunaygaz). La raffinerie n'a intéressé qu'une seule compagnie occidentale (Vitol, société de trading des Pays-Bas), qui l'a emporté devant une compagnie locale d'investissement. Vitol s'est engagée à réaliser des investissements dans la raffinerie. Une compagnie américaine, Hurricane, a remporté les enchères concernant la privatisation de la compagnie de production. Enfin, les enchères pour la privatisation d'une troisième compagnie (Aktyubinskneft) ont dû être reportées. Un projet de fusion de cette compagnie avec le groupe pétrolier russe Onako paraît aujourd'hui abandonné.

Dans ce contexte, la structure définitive du secteur semble toujours en discussion, même si de multiples évolutions ont pu être notées :

- l'influence de Munaygaz sur les entreprises productrices a été réduite ;

- la société Munaionimderi, présente dans le stockage, le transport et la distribution de produits pétroliers, a été dissoute et les activités correspondantes ont été privatisées ou sont en cours de l'être ;

- de nouvelles dispositions ont été introduites dans l'organisation des associations de producteurs afin d'améliorer leur efficacité, aboutissant notamment à la formation de la compagnie pétrolière Uzenneft ;

- des entreprises communes établies avec des partenaires étrangers sont impliquées dans l'exploitation de 40 % environ des réserves d'hydrocarbures découvertes ;

- le statut de la société Uzenmunaygaz a été modifié, en vue de sa privatisation.

b) Un cadre juridique et fiscal à rationaliser

Une loi pétrolière a été approuvée en juin 1995 et est entrée en vigueur le 1er juillet 1995. Elle complète un ensemble législatif qui regroupe plusieurs dispositions visant à favoriser l'investisseur international tout en maintenant un certain contrôle de l'Etat :

- la loi sur le sous-sol de 1992, légèrement inspirée du code minier français, concerne la propriété de la sub-surface et les règles d'attribution des titres d'exploration et de production, ainsi que les aspects relatifs aux redevances tréfoncières associés. Ce texte a été par la suite remplacé par un décret-loi sur le sous-sol signé par le Président Nazarbaev le 29 janvier 1996, qui diffère peu de la loi de 1992, mais introduit sur certains points de meilleures garanties pour les investisseurs ;

- la loi sur les investissements étrangers précise les conditions de garantie de ces opérations ;

- le décret sur les taxes et versements obligatoires au budget, adopté au printemps 1995, décrit le cadre fiscal des opérations pétrolières. Ce cadre juridique prévoit notamment la possibilité de recourir à des contrats de partage de production, à des concessions ou à des contrats de services. Complété par des textes récents, il met également en place un environnement fiscal fondé, en premier lieu, sur l'application du régime fiscal de droit commun, en matière d'impôt sur les sociétés (30 % des profits) et de provisions, le taux de TVA étant de 20 % sur les ventes et sur les matériels importés. En second lieu, l'application de taxes spécifiques est prévue (bonus, redevances proportionnelles, prélèvements exceptionnels, etc.), les taux faisant l'objet d'une négociation individuelle par contrats. Il convient de signaler au passage que les entreprises étrangères sont exemptées du paiement des accises sur les quantités de pétrole exportées.

Cet environnement législatif rénové est une réelle avancée pour l'ensemble du secteur énergétique . Il doit maintenant se stabiliser afin d'encourager les différents acteurs économiques ainsi que les institutions internationales de crédit et d'assistance ou les entreprises internationales à prospecter du Kazakhstan.

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