EXAMEN EN COMMISSION

La commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées a entendu le présent compte rendu présenté par M. Xavier de Villepin, président, au cours de sa réunion du 27 mai 1998.

Après avoir indiqué les différents contacts établis par la délégation avec les autorités gouvernementales et parlementaires indonésiennes, ainsi qu'avec les personnalités de l'opposition, M. Xavier de Villepin, président, a rappelé les principales caractéristiques de l'Indonésie, archipel composé de 17.000 îles dont 6.000 habitées, s'étendant sur 5.000 km et qui constitue, avec 210 millions d'habitants, le quatrième pays du monde pour sa population. Il a souligné la grande diversité ethnique, religieuse et linguistique de l'Indonésie. Il a notamment précisé que 87 % des Indonésiens appartenaient à l'Islam et a mentionné le rôle de la minorité chinoise, qui représente 3 % de la population.

M. Xavier de Villepin, président , a ensuite présenté les traits dominants du régime politique fondé en 1965 par le général Soeharto, en soulignant le rôle central de l'armée dans le pays, l'imbrication entre les intérêts économiques et les dirigeants politiques, et la faiblesse de l'opposition, divisée entre les associations musulmanes et des personnalités comme Mme Megawati, fille de l'ancien président Soekarno.

Il a toutefois rappelé que, sous le régime du président Soeharto, l'Indonésie avait connu une longue période de fort développement économique, le revenu annuel moyen par habitant passant de quelque 70 dollars en 1969 à environ 1.000 dollars en 1996.

Abordant la crise économique déclenchée à l'été 1997, M. Xavier de Villepin, président, a rappelé qu'elle avait entraîné une chute vertigineuse de la roupie indonésienne et une forte inflation. Il a également souligné les difficultés des négociations engagées par l'Indonésie avec le Fonds monétaire international (FMI), notamment en ce qui concerne le démantèlement de certains monopoles et la suppression des subventions à certains produits de première nécessité, avant la conclusion d'un accord au mois d'avril.

M. Xavier de Villepin, président , a ensuite analysé l'enchaînement de la contestation politique qui a conduit, le 21 mai dernier, à la démission du général Soeharto, qui ne saurait cependant -a-t-il estimé- mettre un point final à la crise. Il a évoqué la personnalité du nouveau président, M. Habibie, ancien ministre de la recherche et de la technologie, très proche du général Soeharto, et envisagé deux hypothèses pour l'évolution politique du pays à savoir une période de transition conduisant à un processus électoral ou une poursuite de l'agitation qui pourrait favoriser l'émergence d'un islam politique.

M. Xavier de Villepin, président, a conclu en donnant des précisions sur les relations bilatérales franco-indonésiennes et sur la place de la France, qui détient 2 à 3 % des parts de marché en Indonésie. Il a souligné la forte diminution de la communauté française en raison des récents événements politiques, avec notamment pour conséquence une réduction des effectifs du lycée français qui entraînera une rentrée difficile.

M. André Boyer a évoqué l'incidence grave des phénomènes climatiques de sécheresse sur les mauvaises récoltes et l'appauvrissement de la population indonésienne et sur le développement des feux de forêt dans le pays.

M. André Dulait a souligné le rôle social important joué par les associations musulmanes et a relativisé les appréciations portées sur le contrôle de l'information en Indonésie, compte tenu de la relative liberté de ton de la presse locale.

Mme Danielle Bidard-Reydet a insisté sur la profonde volonté de réformes, tant politiques qu'économiques, des étudiants indonésiens, tout en soulignant les limites d'une alternative politique.

M. Michel Alloncle a observé que la contestation politique était surtout le fait des classes moyennes. Il a considéré que la sévérité du plan imposé par le FMI avait joué un rôle dans le développement de la contestation.

En réponse à M. Charles-Henri de Cossé-Brissac, M. Xavier de Villepin, président, a rappelé le rôle important joué par les Etats-Unis dans le départ du président Soeharto mais aussi toute l'attention qu'ils portent à une stabilisation politique dans un pays où leurs intérêts économiques sont particulièrement importants.

La commission a alors autorisé la publication du compte rendu de la mission sous la forme d'un rapport d'information.

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