III. L'EMPLOI ET LES CHOCS ÉCONOMIQUES EN U.E.M.

L'entrée en vigueur de l'euro n'empêchera pas, par sa seule existence, que les pays de la zone restent exposés aux variations conjoncturelles mondiales ou confrontés à des chocs économiques. Les hypothèses sont multiples : il peut s'agir d'un événement temporaire ou d'une modification définitive de la donne internationale ; le choc peut résulter d'une variation de l'offre ou de la demande ; il peut toucher l'ensemble de la zone ou l'une de ses composantes seulement. La question essentielle est de savoir ce que l'instauration de l'union économique et monétaire modifiera -dans un sens positif ou négatif- dans une telle hypothèse.

Dans un régime d'union monétaire, les Etats ne disposent plus de certains instruments pour faire face à un choc affectant la compétitivité de leur économie : ils ne peuvent réagir ni par une dépréciation du taux de change, ni par des mesures de politique monétaire.

Cependant, la problématique est différente selon que le choc est « symétrique », c'est-à-dire frappant également, ou de manière comparable, l'ensemble des pays de la zone monétaire, ou « asymétrique », c'est-à-dire n'ayant de répercussion que sur un petit nombre de ces pays, voire un seul.

L'existence d'une union économique et monétaire ne permettra pas aux Etats membres de réagir comme par le passé dans ces deux hypothèses. Que pourront-ils faire pour pallier les risques qui peuvent se présenter ?

A. LES CHOCS SYMÉTRIQUES

1. L'hypothèse d'une récession européenne

En cas de chute simultanée de l'activité dans tous les pays européens, les entreprises ajustent à la baisse le niveau de l'emploi ; l'augmentation du chômage pèse sur les salaires. Suivant les caractéristiques nationales, les marchés du travail s'adapteront plus ou moins vite par une évolution des salaires ; il en résultera une modification du degré de compétitivité des différents pays.

Les estimations effectuées par le CEPII (12 ( * )) montrent toutefois que dans un tel cas, les conséquences restent assez limitées sur les parts de marchés relatives des différents partenaires, donc sur leur niveau de production et d'emploi : « en cas de chute de la demande de 1 % du PIB dans tous les pays de l'Union, les niveaux de production de ces pays ne s'écartent pas les uns des autres de plus de 0,15 point à un horizon de un an, de 0,25 et 0,30 point à des horizons plus éloignés (deux et cinq ans) ». Aucun pays n'améliore par conséquent sensiblement sa situation par rapport à ses partenaires.

Face à une récession généralisée en Europe, il semble qu'une réponse commune -budgétaire et monétaire- puisse agir efficacement dans l'ensemble des Etats membres, sous réserve qu'il n'y ait pas eu de divergence trop marquée au moment du choc.

2. L'hypothèse de hausses de salaires généralisées

Un événement tel qu'une augmentation du prix des matières premières ou une dépréciation de l'euro peut entraîner une baisse du pouvoir d'achat des salaires européens que les salariés vont chercher à compenser. On peut envisager que cette pression à la hausse se transmette à l'ensemble des salaires.

Face à ce type de choc symétrique, les effets ressentis dans les Etats membres apparaissent plus variables, mais les écarts de croissance qui en résultent restent, là également, relativement modérés (13 ( * )) . Certains pays, où l'indexation des salaires réels sur la productivité est plus rapide, gagnent des parts de marché ; au bout d'un an, l'effet sur le PIB va de + 0,2 % à - 0,6 % selon les pays, puis l'écart se creuse davantage avant de se stabiliser autour de + 0,3 % pour les pays bénéficiaires et - 0,8 % pour les pays où l'ajustement est plus difficile.

* (12) Voir l'étude en annexe, pp. 75-77.

* (13) Ibid, p. 78.

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