CONCLUSION

Au terme de ces réflexions, votre rapporteur a conscience du caractère inachevé de son travail. Autant il paraît facile d'établir un diagnostic sérieux sur la diversité des marchés du travail dans l'Union européenne, autant il paraît difficile de formuler des prévisions sur leur évolution dans le cadre de l'Union économique et monétaire. Et pourtant la dimension de l'emploi va prendre une importance accrue dans les politiques nationales et donc dans la construction européenne, tellement la concurrence de la zone euro avec les Etats-Unis et le Japon aujourd'hui, la Chine et l'Inde demain, va créer de nouvelles difficultés aux entreprises et aux travailleurs européens.

Quatre éléments paraissent devoir être mis en relief pour permettre d'engager de nouvelles analyses prospectives.

D'abord, l'importance du taux d'emploi dans les économies européennes. Si l'on souhaite à la fois lutter contre le chômage et faciliter l'adaptation de nos régimes de retraites, il convient plutôt de se rapprocher des taux d'emploi des Etats-Unis et du Japon que continuer à réduire le volume de la population active. Cette inversion des priorités débouche sur la multiplication des emplois de services et sur un très fort assouplissement des réglementations du travail.

Ensuite, la réduction progressive des emplois publics et du travail clandestin constituent l'un des aspects importants de l'harmonisation des marchés du travail dans l'Europe de demain. Trop de divergences risquent d'aboutir à des résultats peu satisfaisants pour l'ensemble des pays de l'Union européenne et ce d'autant plus que les travaux actuels des économistes n'en tiennent pas suffisamment compte.

Le troisième élément, c'est précisément la bonne orientation des propositions formulées par la Commission pour mettre en oeuvre une coordination efficace des politiques de l'emploi. De Vienne à Cologne, le renforcement du processus de coordination est bien engagé et les grands thèmes d'action sont inventoriés. Il restera à les mettre en oeuvre et surtout à bien évaluer leurs résultats annuels.

Enfin, ce qui apparaît préoccupant est la singularité de la position française dans ce mouvement de coordination. Les choix en faveur de la réduction législative de la durée du travail et de l'augmentation des emplois publics ou subventionnés ne sont guère compatibles avec le processus engagé par la plupart de nos partenaires. Il paraît nécessaire, en conséquence, d'insister sur la réorientation des systèmes d'indemnisation du chômage, de formation des jeunes et de développement des formules souples de travail.

Quant à la résistance des pays de la zone euro aux chocs économiques qui peuvent intervenir, la seule certitude que nous pouvons avoir est qu'après le sommet de Cologne il faudra passer aux actes et accepter un processus de coordination pour préparer les véritables harmonisations fiscales et sociales qui devront nécessairement être adoptées au cours du siècle prochain.

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